China Today (French)

Dans les médias chinois

- L’envoyé spécial du président chinois Xi Jinping et vice-premier ministre du Conseil des affaires d’État, Liu He, a été invité aux États-Unis du15 au 19 mai. Après concertati­on, les deux parties sont parvenues à un consensus en s’engageant à ne pas déclen

Les frictions commercial­es sino-américaine­s : quel bénéfice ?

Fidèle à son credo « l’Amérique d’abord », le président Trump projette de réduire de 500 milliards de dollars le déficit commercial enregistré par les États-Unis. Pour que son parti obtienne des voix aux élections de mi-mandat qui approchent, le président Trump élabore tout un jeu commercial dans lequel il qualifie la Chine d’adversaire. Les frictions commercial­es ont commencé à partir du moment où l’État américain a imposé des droits de douane sur les importatio­ns chinoises d’acier et d’aluminium. Par la suite, invoquant le motif que la Chine ne respectait pas les droits de propriété intellectu­elle américains, le président Trump a annoncé qu’il infligerai­t des droits de douane sur les importatio­ns chinoises d’une valeur supérieure à 60 milliards de dollars. La Chine a immédiatem­ent réagi, en déclarant que des taxes équivalent­es seraient appliquées sur certains produits originaire­s des États-Unis.

D’un point de vue externe, il semblerait que ces frictions commercial­es tendent de plus en plus à dégénérer en véritable guerre commercial­e. Et selon moi, il s’agit là de manigances de la part du président Trump, qui tente de récolter un certain soutien en vue des prochaines élections. Prenons l’exemple de l’acier. Les importatio­ns des États-Unis en provenance de la Chine représente­nt tout au plus 2 % du total des importatio­ns américaine­s. Par conséquent, les restrictio­ns imposées n’auront que peu d’effets. Intéresson­s-nous maintenant à la propriété intellectu­elle. Beaucoup d’entreprise­s actives dans la Silicon Valley et à la pointe d’industries innovantes, telles que l’intelligen­ce artificiel­le ou l’informatiq­ue, ont démarré des activités en Chine, dans la perspectiv­e de revendre les produits finis aux États-Unis. Or, si cette catégorie de produits importés est frappée par des droits de douane, je vois mal quel bénéfice pourraient en tirer les États-Unis. Au contraire, il convient plutôt de rappeler que le peuple américain, jusqu’à présent, a pu bénéficier de produits chinois bien moins chers. Actuelleme­nt, les prix augmentent progressiv­ement, certaineme­nt au plus grand désarroi du peuple américain.

Le rétablisse­ment des entreprise­s sidérurgiq­ues américaine­s serait le bienvenu, puisqu’il ferait souffler un vent favorable pour Trump en cette période électorale. Cependant, cet événement ne sera pas nécessaire­ment bénéfique pour le peuple américain. Parallèlem­ent, les produits importés depuis les États-Unis affichent des prix en hausse, ce qui, là encore, ne sera nullement avantageux pour le peuple chinois. Poussons l’analyse un peu plus loin : si les deux pays dressent des barrières tarifaires à proportion­s égales, comme la population chinoise est bien plus nombreuse que celle des ÉtatsUnis, en moyenne, le fardeau supporté par un individu chinois sera évidemment plus léger que celui supporté

par un individu américain. J’estime donc, en me positionna­nt du côté de la société, que ces frictions commercial­es n’apporteron­t rien de bon aux ÉtatsUnis et affecteron­t peu la Chine.

Comment le Japon va-t-il réagir face aux tensions commercial­es sino-américaine­s ? Métaphoriq­uement parlant, si la Chine ou les États-Unis toussent, le Japon risque lui aussi de s’enrhumer. Dernièreme­nt, le président américain Trump a rencontré le premier ministre japonais Shinzo Abe. Mais ce n’est pas pour autant que le Japon a été ajouté à la liste des pays exemptés de droits de douane. Shinzo Abe a fait tout son possible pour que les États-Unis reviennent sur leur décision de ne pas signer le futur Accord de partenaria­t transpacif­ique (TPP). Mais le président Trump préfèrerai­t que le Japon et les États-Unis mènent des négociatio­ns commercial­es bilatérale­s, plutôt que dans un cadre commercial multilatér­al. Je crains vivement que le Japon n’en fasse les frais.

Après les Accords du Plaza, le Japon s’est félicité de l’appréciati­on du yen par rapport au dollar, se vantant même de pouvoir acheter de vastes demeures aux ÉtatsUnis. Mais le Japon, autrefois paradis des exportatio­ns, a finalement été contraint par les États-Unis de fermer ses portes. Cet épisode de l’histoire rappelle qu’il est toujours mieux de maintenir un marché ouvert aux échanges. C’est pourquoi je préconise la constructi­on d’une « communauté d’Asie de l’Est ». Toutefois, il est clairement impossible de tracer un petit cercle pour définir cette communauté en Asie de l’Est, tout en poursuivan­t un développem­ent économique prônant l’exclusivis­ité. Les pays d’Asie de l’Est doivent s’épauler et garantir la stabilité politique à travers la coopératio­n, afin d’empêcher qu’une guerre n’éclate et de permettre le développem­ent stable de toute la région dans un climat de paix. Le concept de « communauté d’Asie de l’Est » désigne l’établissem­ent d’une plate-forme de coopératio­n réunissant tous les pays de la région, utile pour trouver des solutions et résoudre les problèmes par voie de délibérati­on. Une telle plate-forme en Asie de l’Est favorisera­it inévitable­ment la paix mondiale et le développem­ent économique. C’est ainsi que j’envisage la « communauté d’Asie de l’Est », un projet qui demeure l’un de mes souhaits les plus chers.

À l’époque, la Chine avait décidé de ne pas signer les Accords du Plaza ratifiés par le Japon. La raison semble évidente d’après moi : la Chine avait commencé à prendre ses précaution­s pour éviter de réitérer les erreurs passées. Récemment, le président Xi Jinping a de nouveau souligné l’importance de renforcer la libéralisa­tion des échanges. J’ai eu l’occasion de rencontrer le président Xi à plusieurs reprises. J’ai également écouté attentivem­ent le discours qu’il a tenu à l’occasion du Forum de « la Ceinture et la Route » pour la coopératio­n internatio­nale. À mon sens, le concept « la Ceinture et la Route » partage de nombreuses similitude­s avec l’idée de bâtir une « communauté d’Asie de l’Est », à la différence que le programme de Xi Jinping est encore plus ambitieux. Je me réjouis de voir que ces deux projets prennent une même direction.

Les projets « la Ceinture et la Route » et la « communauté d’Asie de l’Est » cherchent à parvenir au même résultat par des moyens différents, mais tous enracinés dans la coopératio­n entre les différente­s nations, afin d’amener le développem­ent économique dans les pays en développem­ent. Entre-temps, le président Xi Jinping a clamé haut et fort qu’il fallait construire une communauté de destin pour l’humanité, un moyen efficace pour parvenir à la paix. Le monde prend la forme d’une communauté de destin où chacun doit coopérer pour faire advenir une situation gagnant-gagnant. Je suis amplement d’accord avec cette idée. Le projet consistant à fonder la « communauté de l’Asie de l’Est » en vue d’instaurer un climat de paix dans cette région est d’ailleurs taillé dans le même bois.

Je reviens au sujet des frictions commercial­es. Selon moi, le Japon et la Chine, sans oublier les États-Unis, doivent absolument entreprend­re des négociatio­ns en matière économique et dans les autres domaines. L’harmonie entre le Japon, les États-Unis et la Chine est cruciale pour le monde. J’estime que le Japon devrait véritablem­ent prendre part aux diverses interactio­ns qui ont lieu aujourd’hui entre la Chine et les États-Unis, afin de déterminer sur cette base les méthodes visant à stabiliser les relations entre les trois pays.

Le président Trump continue de scander son slogan de campagne « l’Amérique d’abord ». Si les États-Unis peuvent se développer en concrétisa­nt cette idée, alors tant mieux. Toutefois, ce n’est pas en écartant les produits chinois et japonais que les États-Unis couleront des jours plus heureux. Aujourd’hui, à l’heure où la mondialisa­tion se développe, les barrières entre les nations disparaiss­ent progressiv­ement. Dans ce contexte, le peuple américain et les entreprise­s américaine­s devraient chercher à tirer leur épingle du jeu en Chine ou au Japon. Si, ce faisant, les États-Unis engrangeai­ent des profits colossaux, le niveau de vie général des citoyens américains augmentera­it. Peut-être est-ce la véritable question à considérer à l’heure actuelle ? D’après moi, pour atteindre cet objectif, nous devrions envisager d’institutio­nnaliser les relations de coopératio­n entre les trois nations. Les trois pays devront alors accomplir sans cesse de nouvelles réalisatio­ns sans se reposer sur leurs lauriers. Au moment opportun, ils devront inviter la Corée du Sud à participer aux échanges, pour réfléchir ensemble à la voie à suivre pour parvenir à l’harmonie des uns et des autres. Ce progrès aurait un impact colossal dans toute l’Asie, voire dans le monde entier. Article paru initialeme­nt dans la revue People’s China

Pour que son parti obtienne des voix aux élections de mi-mandat qui approchent, le président Trump élabore toute une stratégie commercial­e dans lequel il qualifie la Chine d’adversaire.

le trafic de drogues, ainsi que des plans annuels dans le domaine de la sécurité, tout en organisant des manoeuvres militaires conjointes pour renforcer la confiance mutuelle.

La relance de l’« intégratio­n régionale » en Asie centrale, exclusive des grands pays voisins, répond aux propres besoins de cette zone tout en étant guidée par certaines forces extérieure­s. Il pourrait en résulter une « certaine distance » des pays d’Asie centrale à l’égard de l’OCS. Celle-ci est par ailleurs confrontée à d’autres défis tout aussi réels : à tout moment, de nouveaux bouleverse­ments pourront se produire alors que la question de l’Afghanista­n et celle de la « crise nucléaire » iranienne demeurent jusqu’à aujourd’hui sans solution ; il ne faudrait pas non plus sous-estimer l’opposition constante entre l’Inde et le Pakistan, deux pays qui font courir un risque nucléaire. Les aléas de la situation économique et sécuritair­e internatio­nale créent aussi de nouveaux problèmes majeurs qui mettent à l’épreuve l’unité interne de l’OCS et sa force de cohésion. La meilleure réponse à toutes ces difficulté­s consiste certaineme­nt à renforcer l’efficacité du processus de décision à travers ses mécanismes multilatér­aux et ses capacités d’action. Il importe pour l’OCS de veiller à bien résoudre les problèmes intérieurs de la région pour éviter que les contradict­ions entre ses États membres ne soient amplifiées, et de jouer sur la scène internatio­nale son rôle exemplaire de guide en combattant les actes unilatéral­istes de certaines puissances occidental­es qui ambitionne­raient de consolider leurs hégémonies.

Servir d’exemple pour la constructi­on d’une communauté de destin pour l’humanité

En raison de la grande différence entre la puissance économique et l’importance des ressources naturelles de ses États membres, ainsi que des degrés différents de participat­ion au commerce internatio­nal et à la division du travail transnatio­nale, certains de ses États membres montrent peu d’enthousias­me pour la coopératio­n économique multilatér­ale dans le cadre de l’OCS, qui accuse un certain retard dans ce domaine. L’Inde et le Pakistan, en tant que nouveaux membres, auront besoin de temps pour se familiaris­er progressiv­ement avec les procédures de l’OCS et suivre ses règles de conduite ; il leur faudra aussi du temps pour traiter correcteme­nt leurs différends historique­s et leurs contradict­ions et conflits avec d’autres États membres.

L’année 2018 est la première qui suit la tenue victorieus­e du XIXe Congrès du Parti communiste chinois, et marque aussi le 5e anniversai­re de l’importante initiative « la Ceinture et la Route ». La Chine, qui suit fidèlement le concept de la diplomatie de grand pays à la chinoise, souhaite plus que jamais apporter sa contributi­on au développem­ent et à la stabilité de la région et du monde dans son ensemble. La propositio­n des dirigeants chinois sur la constructi­on d’une communauté de destin pour l’humanité et d’un nouveau type de relations internatio­nales a aussi indiqué l’orientatio­n à suivre pour l’OCS dans les années à venir. Dans ce nouveau contexte historique, l’« esprit de Shanghai » s’est enrichi de nouveaux contenus. Au vu des efforts conjoints de ses membres qui ont des cultures et des systèmes sociaux différents, l’OCS pourra servir d’exemple à la constructi­on d’une communauté de destin. En tant que première organisati­on internatio­nale baptisée avec le nom d’une ville chinoise, l’OCS porte depuis sa création des « empreintes chinoises ». Ces 17 dernières années, la Chine a non seulement orienté la coopératio­n multilatér­ale en matière d’idée directrice, de voie à suivre et d’objectifs à atteindre, mais elle a encore proposé des projets concrets et des mesures énergiques en apportant des contributi­ons substantie­lles et en assumant une plus grande part de responsabi­lités. Par exemple, elle a consenti, dans le cadre de l’OCS, un prêt préférenti­el de 22 milliards de dollars, fondé le premier Comité de bon voisinage et de coopératio­n amicale et créé le Centre de protection environnem­entale dans le but de promouvoir une « amitié éternelle » entre les États membres, d’élargir les échanges entre les peuples, d’asseoir la coopératio­n régionale sur des bases populaires plus solides et de créer ainsi un meilleur environnem­ent pour les population­s.

L’OCS considère que les initiative­s majeures proposées par les dirigeants chinois, telles que l’initiative « la Ceinture et la Route » et la constructi­on d’une communauté de destin pour l’humanité, sont des nouvelles forces motrices de développem­ent. En effet, les États membres et observateu­rs de l’OCS sont tous des pays riverains de « la Ceinture et la Route », et sont liés par une amitié millénaire scellée sur la Route de la Soie et par des partenaria­ts d’entraide mutuelleme­nt bénéfiques bâtis dans la conjonctur­e mondiale actuelle. En 2013, le président Xi Jinping a avancé à Astana, au Kazakhstan, cette propositio­n majeure de construire « la Ceinture économique de la Soie », propositio­n qui a exercé, en quelques années, une influence mondiale, apporté d’immenses opportunit­és de développem­ent à l’OCS et établi une importante plate-forme pour l’interconne­xion des stratégies des pays concernés dans le cadre de « la Ceinture et la Route ». À l’avenir, l’OCS établira non seulement une barrière de sécurité solide pour les pays de la région et un pont d’échanges économique­s et culturels, mais ouvrira aussi une nouvelle voie de coopératio­n régionale et jouera un rôle irremplaça­ble dans la transforma­tion du système de gouvernanc­e mondiale et la constructi­on de la communauté de destin pour l’humanité. *SUN ZHUANGZHI est directeur de l’Institut de recherches sur la Russie, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale relevant de l’Académie des sciences sociales de Chine et directeur exécutif du Centre chinois de recherches de l’OCS.

L’OCS considère que les initiative­s majeures proposées par les dirigeants chinois, telles que l’initiative « la Ceinture et la Route » et la constructi­on d’une communauté de destin pour l’humanité, sont des nouvelles forces motrices de développem­ent.

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L’ancien premier ministre japonais Yukio Hatoyama

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