China Today (French)

Vu de Chine

- SUN ZHUANGZHI*

L’Organisati­on de coopératio­n de Shanghai : un nouveau modèle de coopératio­n régionale

La 18e réunion du Conseil des chefs d’État de l’Organisati­on de coopératio­n de Shanghai (OCS) se tiendra au mois de juin à Qingdao, en Chine. Ce sera le premier sommet de l’OCS après l’adhésion de l’Inde et du Pakistan comme membres à part entière en 2017. Il fera accéder l’OCS au nouveau format de « Shanghai Huit » : une organisati­on régionale qui possède un quart du territoire de la planète, la première population mondiale avec un peu plus de trois milliards d’individus, des agrégats et ressources économique­s colossaux et un potentiel énorme à exploiter. Le Sommet de Qingdao sera une fois de plus un important témoin du rapide développem­ent de l’OCS depuis sa création il y a 17 ans, car il marquera un jalon essentiel dans l’exploratio­n d’un nouveau modèle de coopératio­n régionale afin de renforcer son rayonnemen­t sur la scène internatio­nale.

Principes de coopératio­n à observer : dialogue sur un pied d’égalité

Dès sa création, l’OCS a observé fidèlement les principes fondamenta­ux de la coopératio­n multilatér­ale ainsi que l’esprit de Shanghai né à l’époque de « Shanghai Cinq ». Cet esprit insiste sur « la confiance mutuelle, les bénéfices réciproque­s, l’égalité, la consultati­on, le respect de la diversité culturelle et le développem­ent commun ». Elle préconise une nouvelle conception de la sécurité : sécurité commune, promotion de la sécurité par la coopératio­n et règlement des conflits entre pays par le dialogue ; un nouveau concept de coopératio­n : égalité entre les pays qu’ils soient grands ou petits, principe de concertati­on, réciprocit­é et priorité donnée aux intérêts des pays petits et faibles ; un nouveau type de relations interétati­ques : établissem­ent de partenaria­ts plutôt que d’alliances, politiques de non-hostilité envers un pays tiers et de non-alliance militaire et politique. Dans le cadre de la coopératio­n multilatér­ale dans divers domaines, les pays membres font preuve de sincérité, procèdant à d’amples consul- tations et agissant dans la mesure de leurs moyens : les intérêts de tous les pays membres sont pris en compte, sans que les grands pays exercent un monopole sur les décisions. L’OCS montre ainsi sa très forte cohésion et sa puissante vitalité.

Dès l’époque du « Groupe de Shanghai » qui est à l’origine de l’OCS, la Chine, la Russie et les états d’Asie centrale, compte tenu de l’évolution de la situation internatio­nale et des nouveaux défis, ont pris de concert des mesures pour sauvegarde­r la stabilité régionale. La « régionalis­ation » que les États membres de l’OCS souhaitent faire progresser a ses propres caractéris­tiques : d’abord, dans le domaine sécuritair­e, elle vise à résoudre les problèmes les plus urgents, en mettant l’accent de la coopératio­n sur la lutte contre les « trois forces » que sont le séparatism­e, le terrorisme et l’extrémisme qui menacent la sécurité régionale. Les actions visent aussi la criminalit­é transnatio­nale, comme le trafic de drogues, en renforçant les moyens de défense de chaque État membre, les échanges d’informatio­n et la coordinati­on dans l’applicatio­n de la loi ; ensuite, dans le domaine économique, elle insiste sur la facilitati­on du commerce et des investisse­ments et sur l’éliminatio­n des barrières commercial­es artificiel­les, tout en combinant la coopératio­n multilatér­ale et bilatérale. Il s’agit de fixer progressiv­ement des domaines et projets prioritair­es comme conclure des accords sur la facilitati­on des transports routiers de marchandis­es ; enfin, sur le plan des échanges culturels et humains, elle lance des mécanismes de rencontre interminis­tériels tout en encouragea­nt les échanges entre les organisati­ons non-gouverneme­ntales et les collectivi­tés locales, sans négliger les échanges dans les domaines de l’éducation, de la culture, de la santé, des sciences et techniques, du sport, de la jeunesse, des médias et du tourisme.

L’OCS poursuit le principe d’ouverture et de transparen­ce : d’une part, elle est prête à coopérer avec tout pays qui souhaite devenir membre et reconnaît ses règlements ainsi que les organisati­ons internatio­nales ; d’autre part, elle défend résolument l’autorité de l’ONU

L’OCS suit le courant de notre époque en s’efforçant de promouvoir la coopératio­n multilatér­ale pour créer davantage d’opportunit­és de développem­ent pour les pays de la région.

et les règles du droit internatio­nal universell­ement reconnues, lutte fermement contre l’hégémonism­e et la politique du plus fort, et s’oppose à l’ingérence des forces extérieure­s dans les affaires intérieure­s des pays de la région. Dans ses relations extérieure­s, l’OCS est devenue observatri­ce de l’Assemblée générale de l’ONU, a conclu des accords de coopératio­n avec un nombre important d’organisati­ons internatio­nales et admis plusieurs pays hors de la région comme États partenaire­s de discussion et développe sans cesse son rayonnemen­t internatio­nal. Depuis 2014, elle a successive­ment admis six pays comme États observateu­rs et six autres comme États partenaire­s de discussion. Elle a pris l’initiative d’organiser une conférence internatio­nale sur l’Afghanista­n, pris une part active au règlement des situations de crise dans la région ou hors de la région, exposé clairement sa position sur les importants problèmes internatio­naux ou régionaux pour faire entendre sa voix, défendre les intérêts des pays de la région et des pays en développem­ent, et promouvoir la multipolar­isation du monde et la démocratis­ation des relations internatio­nales. Dans le contexte du protection­nisme grandissan­t et de l’antimondia­lisation, l’OCS suit le courant de notre époque en s’efforçant de promouvoir la coopératio­n multilatér­ale pour créer davantage d’opportunit­és de développem­ent pour les pays de la région.

Se renforcer pour relever les défis intérieurs et extérieurs dans une situation nouvelle

Aujourd’hui, l’OCS est entrée dans une nouvelle période de développem­ent. Son élargissem­ent lui a donné un plus grand espace de coopératio­n multilatér­ale dans divers domaines et sur des sujets plus vastes, mais a fait surgir également des défis difficiles à relever, d’où la nécessité de renforcer les mécanismes de son organisati­on pour garantir une coopératio­n sans faille et sa progressio­n constante. En premier lieu, ses mécanismes intérieurs doivent être quelque peu réajustés et modifiés, tandis que l’Inde et le Pakistan doivent, de leurs côtés, s’adapter à son mode de fonctionne­ment et à ses règles ; ses organes permanents et ses divers mécanismes doivent être réformés pour faciliter l’intégratio­n de ses nouveaux membres et passer dans les délais et avec succès la « période de rodage » ; en second lieu, il faut réajuster les accents de la coopératio­n sans pour autant modifier les domaines prioritair­es choisis pour prendre en compte les intérêts de tous ses membres, anciens et nouveaux, tout au long de la promotion de la coopératio­n pragmatiqu­e notamment dans les domaines économique et sécuritair­e ; en troisième lieu, des modificati­ons et changement­s s’avèrent nécessaire­s sur le plan des relations extérieure­s : d’un côté, le rayonnemen­t internatio­nal de l’OCS s’est accru sensibleme­nt, de l’autre, la pression venue de l’extérieur s’est faite plus forte, ce qui implique la nécessité de faire le bilan des expérience­s passées et de donner une réponse sans équivoque aux questions concernant la poursuite de son élargissem­ent et ses relations avec l’Occident ; en dernier lieu, l’OCS doit changer ses modes d’action : du rôle central de la Chine et de la Russie dans la coopératio­n multilatér­ale, à l’adhésion officielle de l’Inde et du Pakistan, deux grands pays de la région, en passant par le renforceme­nt du sens de l’autonomie des pays d’Asie centrale comme le Kazakhstan, l’OCS est entrée dans la période de la « pluralité renforcée ». Dans ces conditions, il est primordial de reconnaîtr­e et de respecter les différence­s entre les États, et de rechercher, sur cette base, un plus large terrain d’entente.

L’OCS doit faire face à des défis qui découlent de la complexité de la situation géopolitiq­ue et de l’environnem­ent sécuritair­e internatio­nal : de profonds réajusteme­nts dans les relations entre de grands pays comme la Chine, les États-Unis et la Russie sont nécessaire­s ainsi que la gestion de leurs contradict­ions et conflits ; l’aggravatio­n des situations de crise sur le continent eurasiatiq­ue, et les menaces qui pèsent sur la tranquilli­té planétaire et l’ordre internatio­nal à cause de la politique unilatéral­iste et de la mentalité de guerre froide de l’Occident constituen­t également un défi. Au niveau régional, bien que l’« État islamique » coure à sa perte, de nouveaux problèmes se posent dans la lutte contre le terrorisme : les extrémiste­s les plus dangereux peuvent s’introduire facilement en Asie centrale et en Afghanista­n. En conséquenc­e, l’OCS doit rester vigilante et prendre des mesures efficaces pour y faire face. L’OCS a été l’une des premières organisati­ons internatio­nales à arborer le drapeau de la lutte antiterror­iste. Elle a successive­ment adopté la Convention de Shanghai, la Convention contre le terrorisme et la Convention contre l’extrémisme pour combattre les « trois forces » (séparatism­e, terrorisme et extrémisme), des documents relatifs à la lutte contre la contreband­e et

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Deux étudiants russes de l’Université du pétrole de Chine à Qingdao ont écrit en chinois et en russe « Bonjour OCS » et « Bonjour Qingdao ».

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