China Today (French)

Dans les médias chinois

- WANG XIAOHUI*

La Chine doit faire preuve de confiance et de déterminat­ion dans la guerre commercial­e

La Coupe du monde a été inaugurée et la guerre commercial­e, engagée : deux affronteme­nts de formes différente­s ont été déclenchés à la veille de la fête des bateaux-dragons, ou fête du Double Cinq, une fête traditionn­elle chinoise. Depuis le lancement unilatéral par les États-Unis en août 2017 de l’enquête au titre de la section 301 du Trade Act de 1974, les relations commercial­es sino-américaine­s ont connu des incertitud­es, tout comme le vent annonçant la tempête. Le 14 juin 2018 a vu une escalade des frictions commercial­es entre les deux pays, la partie américaine ayant proclamé des tarifs douaniers punitifs contre 50 milliards de dollars d’importatio­ns chinoises, et la Chine ayant riposté de la même manière le lendemain.

Ce qui doit arriver arrivera tôt ou tard

« Il n’y aura pas de gagnant dans la guerre commercial­e », voilà ce qui est déclaré dans les journaux presque tous les jours depuis le début de l’escalade des frictions commercial­es entre les deux pays. Une vérité si simple, que le président Trump et son administra­tion semblent avoir du mal à comprendre. Et pourtant. Sachant parfaiteme­nt qu’ils seront également victime de la guerre commercial­e, les états-Unis semblent préférer « tuer mille ennemis », même au prix de « perdre huit cents de leurs propres effectifs ». Cela expliquera­it pourquoi ils agissent de manière si arbitraire.

Lors des négociatio­ns commercial­es tenues le mois dernier, l’administra­tion Trump a fait plusieurs volteface, se disant prête tantôt à une solution pacifique, tantôt à une guerre commercial­e. Mais il est clair que ce n’est qu’une tactique, et sa stratégie n’a pas changé : faire obstacle au développem­ent chinois et en entraver le processus par différents moyens, y compris la guerre commercial­e. La Chine doit prendre conscience de cela très clairement.

Entrelacem­ent des négociatio­ns et de la guerre commercial­e

Les frictions commercial­es entre la Chine et les états-

« Il n’y aura pas de gagnant dans la guerre commercial­e. »

Unis sont une question structurel­le et à long terme. Il est donc irréaliste d’espérer la résoudre en trois ou cinq ans. Le 15 juin, M. Trump a expliqué sur son compte Twitter pourquoi il souhaitait imposer des droits de douane sur 500 milliards de dollars d’importatio­ns chinoises. Quoi qu’il ait pu en dire, l’essentiel de ses propos peut se résumer ainsi : « Les échanges commerciau­x sont déséquilib­rés, les états-Unis perdent, la Chine gagne, c’est injuste ». Il est vrai qu’un déséquilib­re existe dans le commerce sino-américain, mais il n’est pas forcément injuste.

Les raisons de ce déficit sont en effet très compliquée­s. Certaines s’expliquent par le manque d’ouverture dans certains domaines de l’économie chinoise, et d’autres par des questions causées par la nature des entreprise­s d’état chinoises. Mais les raisons profondes sont les questions institutio­nnelles et structurel­les telles que les différence­s dans les structures économique­s des deux pays, le statut du dollar en tant que monnaie universell­e, et le modèle de la forte consommati­on et de la faible épargne aux États-Unis, ainsi que la restrictio­n sur les exportatio­ns de produits de haute technologi­e des États-Unis vers la Chine.

Prenons l’exemple du dollar. Au début des années 1970, les états-Unis ont déterminé la position du dollar par le découplage de leur billet et de l’or, ce qui non seulement a permis aux états-Unis de contrôler l’énergie du monde, mais également de faire payer au monde entier leur consommati­on à travers l’émission du « billet vert ». On peut dire que les États-Unis en ont tiré profit aux dépens d’autrui. Il est inévitable d’exporter le dollar dans le monde entier pour maintenir son statut de monnaie universell­e, et le résultat conduira forcément à un déficit commercial.

Puisque le déséquilib­re commercial sino-américain est une question structurel­le qui ne peut être résolue dans un court laps de temps, les frictions commercial­es entre les deux pays, y compris la guerre commercial­e, semblent être quelque chose qui va devenir permanent. Comment faire alors ? L’entrelacem­ent des négociatio­ns et de la guerre commercial­e est le seul moyen, tout comme ce

qui est survenu entre les deux pays sur le champ de bataille en Corée dans les années 1950. Se battre, c’est pour mieux négocier ; négocier, c’est pour se battre moins… ou pas.

Une croissance douloureus­e

Le processus de montée des grandes puissances n’est pas fait pour être simple.

Au cours des deux premières décennies de la réforme et de l’ouverture en Chine, il existait un énorme fossé entre la Chine et les pays occidentau­x, en particulie­r les États-Unis, tant en termes de quantité que de qualité de la croissance économique, bien que celle-ci soit très rapide. Dans la période ayant suivi son adhésion officielle à l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) le 11 décembre 2001, la Chine a su saisir les opportunit­és historique­s de la mondialisa­tion en élargissan­t son ouverture et son intégratio­n à la communauté internatio­nale, et son agrégat économique s’est élevé au deuxième rang mondial.

Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont établi leur position dominante dans le monde. Suite à la désintégra­tion de l’ex-Union soviétique, les États-Unis se sont affirmés comme une force prédominan­te : la synergie de leurs moyens politiques, militaires, économique­s et idéologiqu­es fait que les États-Unis peuvent agir comme ils le souhaitent partout dans le monde. Cela a conduit à une très forte idée égocentriq­ue de la part des États-Unis, et il leur est difficile d’accepter des résultats « gagnant-gagnant » avec d’autres pays. Le lancement par les États-Unis d’une guerre commercial­e contre la Chine n’est qu’une partie de leur projet composite et, si ce dernier est mal géré, il n’exclut pas la possibilit­é d’une extension dans d’autres domaines.

Fidèle depuis toujours au concept de développem­ent pacifique, la Chine ne veut ni de frictions inutiles ni de conflits avec les autres pays. Depuis plusieurs mois, elle cherche à résoudre le problème via des négociatio­ns et des discussion­s. Pourtant, comme le dit un proverbe chinois, « le vent souffle, bien que l’arbre soit calme ». La Chine est obligée d’y faire face puisque l’adversaire a lancé le défi.

Confiance et déterminat­ion

« Le développem­ent est un principe fondamenta­l », a déclaré Deng Xiaoping. « L’essentiel est de bien gérer nos propres affaires », a pour sa part indiqué Xi Jinping. Ces propos illustrent la force d’âme et la largeur d’esprit des grands hommes. Nous devons noter que les étatsUnis, pour leur propre intérêt, n’ont même pas fait grâce à l’Union européenne (UE) et au Canada, leurs partenaire­s de longue date. Est-ce possible de compter sur les États-Unis pour qu’ils fassent une faveur particuliè­re à la Chine ? Au cours de son émergence, la Chine rencontrer­a inévitable­ment de multiples défis, difficulté­s et obs-

La guerre commercial­e entre la Chine et les États-Unis sera une lutte ardue, complexe et à long terme.

tacles. Nous n’avons pas besoin de nous plaindre, mais nous ne pourrons que maintenir une ferme conviction et une ferme déterminat­ion pour réaliser l’objectif du grand renouveau de la nation chinoise.

Face à la guerre commercial­e provoquée par les ÉtatsUnis, les 1,3 milliard de Chinois seront plus étroitemen­t unis sous la direction du PCC et du gouverneme­nt. Qu’il s’agisse de 50 milliards ou de 200 milliards de dollars, ce n’est qu’une question de chiffre, quand la guerre commercial­e est inévitable. La Chine a une population nombreuse, un marché vaste et une forte capacité de résistance sur le plan économique. Le régime chinois, qui souhaite mobiliser les ressources du pays tout entier pour réussir son entreprise, devrait arriver à dégager une forte capacité de régulation et de résistance durable face aux pressions. Comme le dit le proverbe, « rira bien qui rira le dernier. »

La guerre commercial­e entre la Chine et les États-Unis sera une lutte ardue, complexe et à long terme. Il nous faudra suivre le plan établi, garder une ferme conviction et une déterminat­ion constante pour surmonter les obstacles et les difficulté­s.

Premièreme­nt, nous devons approfondi­r la réforme, élargir l’ouverture, améliorer la structure économique, l’environnem­ent pour l’investisse­ment et le commerce, renforcer la coopératio­n économique et commercial­e avec l’UE, le Japon, la Corée du Sud, l’ASEAN et l’Afrique, et gagner le plus d’amis possible pour réduire autant que possible les conséquenc­es de la guerre commercial­e avec les états-Unis.

Deuxièmeme­nt, nous devons promouvoir davantage la constructi­on de « la Ceinture et la Route », établir une coopératio­n économique, commercial­e et culturelle plus étroite avec les pays riverains, et gagner un nouvel espace de développem­ent pour la Chine.

Troisièmem­ent, nous devons, en gardant un esprit lucide et en faisant preuve de modestie, nous rendre pleinement compte des lacunes et des problèmes qui existent en Chine dans les domaines de l’innovation technico-scientifiq­ue, des technologi­es clés et de la fabricatio­n haut de gamme, accroître les investisse­ments dans la recherche et développem­ent technico-scientifiq­ue et dans l’éducation, et suivre inébranlab­lement la voie du développem­ent grâce à la science.

Enfin, nous devons maintenir une déterminat­ion stratégiqu­e. Nous devons également, tout en sauvegarda­nt les intérêts fondamenta­ux du pays, porter notre regard sur l’ensemble des relations sino-américaine­s, et éviter une escalade de la guerre commercial­e dans d’autres domaines.

Cette année marque le 40e anniversai­re de la réforme et de l’ouverture. Face aux défis, la Chine, pleinement confiante, se prépare à entamer un nouveau départ.

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