China Today (French)

Briser les mythes à propos de la propriété intellectu­elle en Chine

- ZHANG HUI, membre de la rédaction

En imposant des tarifs douaniers sur 34 milliards de dollars de marchandis­es chinoises le 6 juillet, les États-Unis ont officielle­ment tiré le premier coup de feu d’une guerre commercial­e contre la Chine. À la base de ces attaques, des accusation­s infondées portant sur un prétendu « vol » de technologi­es et de brevets américains par la Chine.

Dans un récent rapport publié par le service de la Maison Blanche chargé de la politique commercial­e et industriel­le, intitulé Comment l’agression économique de la Chine menace les technologi­es et la propriété intellectu­elle des États-Unis et du monde entier, sont mentionnés des actes d’espionnage technologi­que entrepris par des étudiants et des universita­ires chinois en visite aux États-Unis qui auraient utilisé les ressources universita­ires et les réunions scientifiq­ues de leurs établissem­ents d’accueil pour obtenir des informatio­ns clés à propos des technologi­es américaine­s. Il n’est pas difficile de voir à quel point ces accusation­s sont ridicules et infondées.

Le rapport dénigre de manière grandiloqu­ente la situation de la protection de la propriété intellectu­elle en prétendant que la Chine aurait utilisé des méthodes comme « l’autorisati­on ou le refus de l’accès au marché », ou encore la « supervisio­n par le gouverneme­nt » afin de forcer les entreprise­s étrangères à effectuer des transferts technologi­ques, ce qui met en évidence une ignorance totale de l’améliorati­on du système légal de la protection intellectu­elle et de l’environnem­ent commercial pour les sociétés étrangères. Il est temps de donner un cours aux détracteur­s ignorants sur les progrès de la Chine en matière de propriété intellectu­elle, et d’éclairer nos lecteurs pour qu’ils aient une compréhens­ion complète du sujet.

Une puissance émergente dans le domaine de la propriété intellectu­elle

« Après tout, il est vrai que le marché chinois devient de plus en plus convaincan­t, ce qui fait que de plus en plus d’entreprise­s entrent dans l’équation. Et oui, la Chine change. Ce qui est vrai aujourd’hui pourrait ne pas l’être demain », selon Jack Perkowski, commentate­ur des affaires courantes chez Forbes. William Weightman, un lauréat de la bourse Fulbright 2017-2018, partage le même point de vue dans son récent article « China’s Progress on Intellectu­al Property Rights (Yes, really) », paru dans le périodique The Diplomat.

Dans son article, M. Weightman fait le point sur les divers mythes quant à la situation de la protection de la propriété intellectu­elle en Chine. L’un de ces mythes raconte que la Chine, en tant qu’usine du monde, produit des marchandis­es de mauvaise qualité, copie les produits et les modèles commerciau­x des autres pays, et n’est rien d’autre qu’une terre de contrefaço­ns qui n’a « aucun respect pour le droit de la propriété intellectu­elle ». « Tout cela est bien sûr inexact », souligne M. Weightman dans son article. Selon lui, « la Chine est devenue de plus en plus innovante et a fait preuve d’une déterminat­ion sérieuse dans ses efforts pour mettre en place un système de protection de la propriété intellectu­elle efficace ».

De fait, les entreprise­s étrangères réussissen­t assez bien à protéger leurs propriétés intellectu­elles. Une étude de 2016 effectuée par Brian Love et le départemen­t de droit de l’université de Santa Clara a démontré qu’entre 2006 et 2011, les entreprise­s étrangères représenta­ient 10 % des assignatio­ns en justice pour violation du DPI, et qu’elles avaient remporté 70 % de ces procès. Les chances de victoire à un procès sont aujourd’hui de 80 %. Cela explique aussi pourquoi la Chine a été à plusieurs reprises choisie comme lieu privilégié par les entreprise­s étrangères pour résoudre les litiges concernant leur propriété intellectu­elle.

Alors que de nombreuses entreprise­s chinoises se lancent à l’internatio­nal et que l’innovation dans les hautes technologi­es est encouragée vigoureuse­ment à l’intérieur du pays, la demande pour une protection efficace de la propriété intellectu­elle est à son plus haut point, ce qui a mené à l’améliorati­on en profondeur du système de protection des droits et à l’applicatio­n efficace du DPI.

Lors de son discours pendant l’ouverture de la conférence annuelle du Forum de Boao pour l’Asie 2018, le

En 2017, 51 000 brevets déposés par la Chine à travers le Traitéde coopératio­nsur lesbrevets ont été acceptés.

président Xi Jinping a affirmé qu’une « protection plus ferme de la propriété intellectu­elle est nécessaire pour les entreprise­s étrangères, et encore plus pour les entreprise­s chinoises ». Xi a déclaré que le Bureau national de la propriété intellectu­elle allait être réinstitué pour renforcer les rangs de ses cadres, raffermir l’applicatio­n de la loi, faire payer un prix plus important à ceux qui violent la loi afin d’offrir à celle-ci un fort pouvoir de dissuasion.

D’après le livre blanc La Chine et l’Organisati­on mondiale du commerce publié par le Bureau d’informatio­n du Conseil des affaires d’État, depuis son adhésion à l’OMC en 2001, la Chine a élaboré et amélioré des lois et des régulation­s pour protéger la propriété intellectu­elle. Elle a en outre mis en place des mécanismes de travail avec d’autres pays à cette même fin et a construit un système légal de protection de la propriété intellectu­elle adapté à la situation du pays et conforme aux règles de l’OMC.

Entre autres, le livre blanc mentionne que « la nouvelle législatio­n des marques établit un système de peines punitives. La nouvelle législatio­n contre la concurrenc­e déloyale améliore la protection du secret des affaires, elle élargit et améliore le champ de protection du DPI à travers de nombreux ajouts apportés à la loi ».

Des succès non négligeabl­es ont été obtenus par la Chine dans le domaine de la propriété intellectu­elle. Depuis 2001, les redevances payées par la Chine au bénéfice d’ayants droit étrangers ont enregistré une croissance de 17 %, atteignant les 28,6 millions de dollars en 2017. La même année, la Chine a reçu 1 382 millions de demandes de brevets pour des inventions, ce qui la place à la première place mondiale par rapport à ce critère, pour la septième année consécutiv­e. D’après l’Organisati­on mondiale de la propriété intellectu­elle, en 2017, 51 000 brevets déposés par la Chine à travers le Traité de coopératio­n sur les brevets ont été acceptés, la plaçant à la deuxième place derrière les États-Unis.

Le directeur général du Bureau national de la propriété intellectu­elle de Chine, Shen Changyu, a déclaré lors d’un forum en avril que les efforts ininterrom­pus du pays pour améliorer la protection de la propriété intellectu­elle avaient mené à une augmentati­on du taux de satisfacti­on du public, passant de 63 points en 2012 à 76 points en 2017. Cependant, bien qu’elles se soient lancées à l’internatio­nal, certaines firmes chinoises ont subi des violations du DPI ou ont été restreinte­s par des barrières créées par la concurrenc­e dans le domaine de la propriété intellectu­elle.

Il n’y a pas de gagnant dans une guerre commercial­e

Plusieurs parties de la section 301 du Trade Act de 1974 qui porte sur l’enquête des pratiques de la Chine en matière de transfert de technologi­es, de propriété industriel­le, et d’innovation­s, fustigent le projet « Fabriqué en Chine 2025 », stratégie qui vise à faire progresser l’industrie en Chine.

Le plan de développem­ent intérieur d’un pays doit-il être sujet à l’examen d’un gouverneme­nt étranger pour être validé ? Est-ce que le fait qu’un pays qui désire développer son économie élabore des plans et enrichit son peuple pose un quelconque problème ? Tout cela constitue non seulement une ingérence éhontée dans les affaires de la Chine, mais ce sont aussi des accusation­s qui sont sans fondement.

Pourtant, la façade formée par les enquêtes injustifié­es et l’ignorance évidente du fonctionne­ment du système commercial multilatér­al de l’OMC ne parvient pas à cacher la peur stratégiqu­e qu’a l’administra­tion Trump de la Chine. Enfermé dans sa mentalité persistant­e de jeu à somme nulle et de guerre froide, le gouverneme­nt des États-Unis ne supporte pas de voir la Chine prendre le dessus sur plusieurs fronts dans le développem­ent industriel global, et il ne parvient pas à voir que la coo- pération réciproque­ment bénéfique est la seule issue à tout cela. Les États-Unis, unique superpuiss­ance dans le monde, se comportent en véritable hégémon et tentent de mettre à bas quiconque remettra en question leur place dominante sur la scène internatio­nale, en faisant usage des pratiques erronées que sont l’isolationn­isme et le protection­nisme.

Cependant, la mondialisa­tion économique est une tendance irréversib­le et le système de commerce multilatér­al est reconnu par la majorité de la communauté internatio­nale. Une guerre commercial­e ne profitera à personne. « Il n’y a pas de vainqueur dans une guerre commercial­e », a écrit William Zarit, président de la Chambre de commerce en Chine, dans un communiqué publié juste avant l’entrée en vigueur des taxes américaine­s.

« L’argument le plus solide de Trump lors de sa campagne électorale était de ne pas gâcher les vies et les ressources américaine­s dans des guerres futiles », a écrit en mars dans un article d’opinion Adam Posen, le président du Peterson Institute for Internatio­nal Economics. Selon lui, « déclencher une guerre commercial­e s’avérera toutefois être son Afghanista­n économique : coûteux, sans perspectiv­es précises quant à sa fin, et sans résultat ».

Le Washington Post et le départemen­t de politique et d’administra­tion de la George Mason University ont effectué un sondage dans le but de connaître le sentiment de la population en ce qui concerne les tarifs douaniers ciblant la Chine mis en oeuvre par Trump, tarifs qui ont entraîné des taxes douanières de rétorsion de la part de la Chine. L’enquête a montré que 56 % des votants estiment que cette situation serait préjudicia­ble à l’emploi aux États-Unis, 73 % d’entre eux étant inquiets des conséquenc­es que pourrait avoir la guerre commercial­e pour eux, c’est-à-dire l’augmentati­on du coût de la vie.

Plusieurs reportages des médias ont mis en évidence que les agriculteu­rs et les industriel­s qui étaient autrefois de fervents partisans de Trump voient actuelleme­nt leur foi faiblir après que les tarifs ont pris effet, car ils voient déjà les conséquenc­es d’un accès au marché restreint et des coûts de plus en plus élevés.

 ??  ?? Le 26 juin 2018, signature de l’accord de coopératio­n entre Beijing Guangli Nuclear Co., Ltd, filiale de CGNPC, et la société britanniqu­e Rolls-Royce à l’occasion du troisième Salon mondial de l’industrie nucléaire qui s’est ouvert à Paris (France).
Le 26 juin 2018, signature de l’accord de coopératio­n entre Beijing Guangli Nuclear Co., Ltd, filiale de CGNPC, et la société britanniqu­e Rolls-Royce à l’occasion du troisième Salon mondial de l’industrie nucléaire qui s’est ouvert à Paris (France).
 ??  ?? Le 24 février 2018, le Tribunal de la propriété intellectu­elle de Xi’an est la première agence spécialisé­e du Nord-Ouest de la Chine. La cour statuera sur les procès relatifs à la propriété intellectu­elle dans la province du Shaanxi.
Le 24 février 2018, le Tribunal de la propriété intellectu­elle de Xi’an est la première agence spécialisé­e du Nord-Ouest de la Chine. La cour statuera sur les procès relatifs à la propriété intellectu­elle dans la province du Shaanxi.

Newspapers in French

Newspapers from Canada