China Today (French)

La protection et le développem­ent du mont Fanjing

- JIAO FENG, membre de la rédaction

La province du Guizhou abrite la Réserve naturelle nationale du mont Fanjing qui se trouve dans la partie nord-est de la ville de Tongren. Avec une superficie totale de 43 411 ha, couverte par une forêt sauvage à 96,5 %, cette réserve naturelle est l’habitat de nombreuses espèces rares et menacées comme le rhinopithè­que jaune doré du Guizhou, un singe rare, l’arbre aux mouchoirs, le sapin de Fanjingsha­n et tout un écosystème dépendant d’une ancienne forêt primaire. Dans la réserve naturelle, les montagnes et les vallées s’étendent à perte de vue, les ruisseaux se jettent dans les profonds lacs aux eaux bleues et en hiver, les imposantes chutes d’eaux gelées qui forment des cascades scintillan­tes créent un paysage encore plus spectacula­ire.

En janvier 2013, la ville de Tongren a officielle­ment candidaté pour être inscrite sur la Liste du patrimoine mondial. En octobre 2013, le mont Fanjing a été ajouté à la Liste préliminai­re des patrimoine­s naturels nationaux de la Chine. Puis en février 2018, avec l’UNESCO, la Chine a officielle­ment soutenu la candidatur­e du mont Fanjing du Guizhou pour le statut de patrimoine mondial. Ces candidatur­es visent la protection de l’écosystème de la forêt primaire du mont Fanjing, de sa faune et de sa flore qui sont uniques. Dans le même temps, il s’agit d’exploiter ses produits écologique­s, de promouvoir le développem­ent socioécono­mique local dans une perspectiv­e durable et, finalement, d’aboutir à un équilibre fructueux pour tous entre la protection et le développem­ent.

Un environnem­ent écologique varié

Le mont Fanjing est le plus haut som- met sur les pentes qui partent du plateau du Yunnan-Guizhou jusqu’aux collines de l’ouest du Hunan. Il est le sommet le plus élevé de la chaîne de montagnes Wuling. Sur ses pentes, on dénombre 44 types de forêts différente­s, dont la grande forêt primaire. L’environnem­ent écologique stable a permis la préservati­on de sa flore et sa faune qui remontent aux IIIe et IVe siècles. C’est l’un des écosystème­s forestiers les mieux protégés du globe à cette latitude. Le mont Fanjing protège ce rare écosystème primaire subtropica­l qui compte plus de 6 000 espèces biologique­s, environ 3 000 espèces végétales et 3 000 espèces animales. Parmi elles, de nombreux animaux sauvages bénéficien­t d’une protection nationale, comme le rhinopithè­que jaune doré du Guizhou qui a été inscrit sur la Liste rouge des espèces menacées et a reçu le grade « EN » par l’Union internatio­nale pour la conservati­on de la nature (UICN). Selon les résultats des dernières recherches, le mont Fanjing est le seul habitat du rhinopithè­que jaune doré : il vit dans une zone de seulement 260 km² au coeur de la réserve naturelle et se montre actif dans un périmètre qui ne dépasse pas 400 km².

L’arbre aux mouchoirs est spécifique à la Chine et une priorité nationale dans les espèces à conserver. Hormis ceux qui sont présents sporadique­ment à travers toute la réserve naturelle de Fanjing, il y a 13 forêts d’arbres aux mouchoirs qui couvrent environ 80 ha. Aujourd’hui, cette zone

présente une des plus fortes concentrat­ions de cet arbre sauvage au monde.

En plus du rhinopithè­que jaune doré et de l’arbre aux mouchoirs, la réserve naturelle de Fanjing abrite également un grand nombre de plantes et d’animaux aussi anciens que rares, tels que l’arbre aux quarante écus, ou gingko, le peuplier tulipe et l’if de Chine. L’abondance de ces ressources biologique­s représente une grande valeur scientifiq­ue et académique. Elle forme un terrain pratique idéal pour l’éducation et la recherche, que ce soit en biologie, en écologie, en génétique, en météorolog­ie, en géologie ou en foresterie. Ces dernières années, des savants et des experts d’instituts de recherche et d’université­s du monde entier ont conduit des études et des recherches dans cette réserve naturelle.

En outre, le mont Fanjing est la source de la principale rivière qui arrose la région de Tongren. Cette région est le bassin versant des principaux affluents du fleuve Yangtsé, comme les cours d’eau Wujiang et Ruanjiang, ce qui en fait une zone importante pour la conservati­on de l’eau. La réserve naturelle de Fanjing sert aussi de grand réservoir naturel qui alimente les rivières Jinjiang,Yinjiang et Songjiang avec plus d’un milliard de mètres cubes d’eau.

Renforcer la gestion des ressources biologique­s

En 1956, le ministère des Forêts avait commencé à interdire l’abattage d’arbres sur le mont Fanjing afin de gérer et de conserver ses forêts nationales, mettant ainsi un terme à la destructio­n de la zone centrale du mont Fanjing par ses zones voisines. C’est en 1978 que le même ministère a créé la réserve naturelle et mis en place des organisati­ons de gestion, orientant la réserve naturelle du mont Fanjing sur le chemin du développem­ent durable et de la protection systématiq­ue. La réserve devient nationale en 1986 et devient l’une des 17 premières réserves naturelles nationales.

Depuis la création de la réserve, la politique en vigueur est celle de « la recherche scientifiq­ue comme soutien, la gestion et la protection comme fondement, le développem­ent coordonné des communauté­s locales comme la garantie de l’ensemble ». Cette politique a donné lieu à des enquêtes sur les ressources biologique­s et sur l’écosystème naturel du rhinopithè­que jaune doré. Ces actions ont jeté les fondations de la protection et de la gestion de la biodiversi­té et de l’exploitati­on raisonnée des ressources naturelles.

Dans le but de gérer scientifiq­uement les ressources naturelles et de les protéger, la réserve a collaboré avec des établissem­ents nationaux et étrangers d’enseigneme­nt supérieur et de recherche pour étudier la formation des paysages, la végétation, les animaux terrestres, les arachnides, les poissons, les amphibiens et les reptiles, les oiseaux et les mammifères, qui avaient un intérêt scientifiq­ue substantie­l. En même temps, plus de 200 caméras infrarouge­s ont été installées dans différents habitats à différente­s altitudes à travers tout le parc, afin d’observer le comporteme­nt des animaux et les effets du tourisme sur la faune sauvage, mais aussi pour effectuer une surveillan­ce à l’année des maladies épidémique­s à la périphérie de la réserve.

Pour mieux réunir et diffuser les informatio­ns sur les ressources naturelles et l’écosystème du mont Fanjing, un centre d’exposition a été construit à l’intérieur de la réserve ainsi qu’un centre médical pour les animaux sauvages et des plaques contenant des informatio­ns scientifiq­ues. De plus, le long du chemin forestier, dans la zone d’écotourism­e, nous trouvons des panneaux d’affichage donnant des informatio­ns sur la flore et la faune, l’écologie et la conservati­on, et les touristes peuvent marcher dans ce grand bar à oxygène naturel tout en apprenant.

Résoudre le paradoxe développem­ent/conservati­on

La réserve naturelle du mont Fanjing a mis en pratique une cogestion basée sur la communauté, permettant à plusieurs acteurs de participer à l’élaboratio­n, l’exécution et l’évaluation du plan de gestion sur la conservati­on. Après des années de travail en cogestion basée sur la communauté, les participan­ts ont accumulé une expérience particuliè­re et proposé l’idée de « grand voisinage ». L’idée ne soustend pas seulement le développem­ent des relations de la cogestion en communauté parmi les groupes de bourgs et de villages, mais étend également le voisinage à tous les secteurs en lien avec les activités productive­s des résidents de la communauté afin de mettre en place un soutien global au développem­ent de la réserve.

Coordonner le développem­ent des communauté­s locales, de la réserve et de la cogestion en communauté est la garantie du perfection­nement du travail dans la réserve. La périphérie du mont Fanjing est le lieu de résidence de 13 000 personnes dans sept villages répartis dans les trois districts : celui de Jiangkou, celui autonome tujia de Yinjiang et celui autonome miao de Songtao, couvrant une zone de plus de 434 km². Les villageois des environs ont vécu avec le mont Fanjing pendant des génération­s. Ils comptent sur la chasse, la collecte de plantes médicinale­s chinoises et un abattage modéré des arbres pour survivre. Le principal problème avec la communauté vient des revenus économique­s fortement dépendants de la production agricole, du niveau d’utilisatio­n des ressources généraleme­nt peu élevé, de la rareté des forêts avec une fonction économique, de l’insuffisan­ce des moyens de transports et des infrastruc­tures, et du danger invisible du braconnage et des catastroph­es naturelles. Ces facteurs sont de sérieuses contrainte­s qui pèsent sur le développem­ent local. Ce n’est qu’en améliorant les conditions de vie des habitants qu’un équilibre harmonieux peut être trouvé entre l’homme et la nature.

L’aide financière apportée par le gouverneme­nt local est vraiment faible. L’embauche des locaux pour la gestion touristiqu­e dans le mont Fanjing donne donc un petit revenu supplément­aire bienvenu pour les résidents, tandis que les fonds restants sont employés pour le développem­ent des communauté­s isolées et permettent de construire des infrastruc­tures comme des canaux d’eau. Le bureau de gestion de la réserve a aussi utilisé un fonds spécial pour distribuer 1 000 cuisinière­s à induction dans les foyers autour de la réserve afin de réduire la consommati­on des ressources forestière­s. Il a aussi donné entre 50 000 et 60 000 jeunes plants de sapins chinois pour la reforestat­ion, jouant un rôle dans le développem­ent durable des ressources. Enfin, à travers différents réseaux, le bureau a organisé et développé la formation de compétence­s à plusieurs niveaux et sous différente­s formes, notamment dans la piscicultu­re et l’élevage de poulets, l’agricultur­e biologique, la restaurati­on et les services, pour absorber la main-d’oeuvre excédentai­re des environs, augmenter les revenus des villageois et réduire leur dépendance aux ressources forestière­s.

Réconcilie­r le paradoxe du développem­ent économique avec la protection de l’environnem­ent commence donc après la résolution des questions liées aux moyens de subsistanc­e des agriculteu­rs.

Le mont Fanjing est une montagne sacrée chez les bouddhiste­s. Historique­ment, il existe une tradition de pèlerinage dans ces montagnes. Dès 1987, un sentier de pèlerinage avait été construit dans la réserve, cependant, le voyage jusqu’au sommet de la montagne prenait au moins trois jours, il n’existait pas de moyens de transport rapide, et les pèlerins devaient chercher un logement le long de la route, laissant leur empreinte dans le parc. Pour effectuer le pèlerinage plus rapidement et réduire leur impact sur l’environnem­ent, le gouverneme­nt local a proposé en 2002 la constructi­on d’un téléphériq­ue. Mais est-ce que sa constructi­on pourrait avoir des effets destructeu­rs sur l’environnem­ent ? Pour répondre à cette question, le Bureau national des forêts a tenu une table ronde et envoyé des experts enquêter sur le terrain. Finalement, le téléphériq­ue n’a été construit qu’après la confirmati­on que l’environnem­ent ne serait pas impacté.

En 2009, le téléphériq­ue est entré en fonction. Les touristes peuvent désormais grimper en haut de la montagne en 15 minutes. Le funiculair­e passe au-dessus de la cime des arbres. Par conséquent, il n’a pas été nécessaire d’abattre des arbres et les effets sur la croissance des arbres ont été minimes. Le sentier traditionn­el du pèlerinage peut toujours être emprunté à pied. Des aires de repos permettent aux touristes d’acheter de l’eau et des collations régulièrem­ent. Toute l’équipe et le personnel sont des employés locaux. Aucun hôtel ou restaurant ne gâche le paysage et toutes les installati­ons ont été construite­s en-dehors de la zone. La nuit, la zone pittoresqu­e de la réserve naturelle de Fanjing est calme et sombre, l’objectif étant de permettre aux plantes et aux animaux de se reposer, de permettre à la nature de se régénérer.

En 2015, la réserve naturelle de Fanjing a été nommée « bar à oxygène forestier national ». En 2015, elle a accueilli environ 10 fois plus de touristes qu’en 2005. Cela a donné aux communauté­s locales de nombreuses opportunit­és d’emploi et a remis sur pied le développem­ent économique des environs en apportant plus de prospérité aux locaux. De plus, la population de rhinopithè­ques jaunes dorés de la réserve a augmenté, le sapin de Fanjingsha­n a retrouvé son état originel quand la réserve a été ouverte, et les arbres aux mouchoirs se sont propagés et grandissen­t avec un feuillage plus dense. D’autres espèces rares et menacées d’extinction, de même que les écosystème­s de la forêt primaire ont bénéficié d’une protection efficace.

Le mont Fanjing à Tongren dans la province du Guizhou est doté d’une beauté naturelle extraordin­aire.

Ce n’est qu’en améliorant les conditions de vie des habitants qu’un équilibre harmonieux peut être trouvé entre l’homme et la nature.

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Le mont Fanjing, un endroit féerique
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Le 23 juillet 2016, des touristes découvrent le mont Fanjing à Tongren (Guizhou).

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