China Today (French)

L’initiative « la Ceinture et la Route » renforce la coopératio­n sino-africaine

- HE WENPING*

Même si la Chine et l’Afrique sont éloignées sur le plan géographiq­ue, les échanges amicaux entre eux remontent très loin dans l’histoire. Depuis le voyage de Zhang Qian dans les contrées occidental­es au IIe siècle av. J.-C. sous la dynastie des Han, l’amitié sinoafrica­ine dure depuis plus de 2 000 ans. Aujourd’hui, la Chine et l’Afrique ont toutes deux besoin de participer en profondeur à la mondialisa­tion et de développer l’économie durable. C’est la raison pour laquelle elles considèren­t leurs relations comme une occasion de dé- veloppemen­t mutuel et comme le point d’appui de leur stratégie extérieure.

La Chine et l’Afrique ont besoin l’une de l’autre

Du point de vue économique, la Chine et l’Afrique ont une base solide et des ressources abondantes pour concrétise­r la complément­arité, la réciprocit­é et la coopératio­n gagnant-gagnant. Le continent africain compte 54 pays et nourrit une population de plus d’un milliard.

L’Afrique regorge de ressources humaines et naturelles. Ce marché immense possède un grand potentiel pour son propre développem­ent. Mais à cause du pillage de longue date des colonisate­urs et des conflits locaux, l’économie africaine accuse un retard et elle manque de capitaux, de technologi­es et d’expérience. À l’inverse, la Chine, après 40 ans de réforme et d’ouverture, a vu son PIB et sa puissance s’accroître d’une manière importante. La Chine d’aujourd’hui est dotée de technologi­es, d’équipement­s et de talents de tous niveaux. Elle a accumulé les expérience­s réussies depuis la réforme et l’ouverture, ainsi que des acquis solides dans sa constructi­on économique. Mais en même temps, la Chine doit faire face à de nouveaux problèmes tels que la pénurie des ressources et l’intensific­ation de la concurrenc­e sur le marché intérieur. Le développem­ent de la Chine et de l’Afrique est à la fois interdépen­dant et complément­aire, d’où une nouvelle opportunit­é historique pour les deux parties.

En comparaiso­n avec la coopératio­n entre l’Occident et l’Afrique, la relation sino-africaine trouve son origine historique dans des liens plus profonds, basés sur le respect mutuel et la coopératio­n gagnant-gagnant. En outre, le gouverneme­nt chinois et les entreprise­s chinoises voient dans l’Afrique un immense potentiel et une grande opportunit­é, au lieu de la considérer comme un « poids » ou un « risque ». Quant au mode de coopératio­n, la Chine a mis en synergie l’aide, l’investisse­ment et le commerce. Cette aide chinoise est octroyée à l’Afrique « sans aucune condition » et respecte le principe de « non-interventi­on dans les affaires intérieure­s ». En outre, nous avons davantage mis l’accent sur l’aide bilatérale et la constructi­on des infrastruc­tures.

Évidemment, la coopératio­n sino-africaine est confrontée à des défis. Comment faire progresser l’aide accordée à l’Afrique et la coopératio­n économique et commercial­e dans le temps tout en restant proche de la réalité et des besoins pratiques des Africains ? Comment orienter davantage les aides vers les projets qui améliorent le bien-être du peuple et vers les projets les plus productifs ? Comment renforcer la coopératio­n internatio­nale et rendre les aides accordées à l’Afrique plus efficaces ? Comment mieux protéger les intérêts des Chinois à l’étranger et les investisse­ments chinois en Afrique ?

Le Forum sur la coopératio­n sino-africaine fondé en 2000 sert de plate-forme stratégiqu­e institutio­nnelle pour les échanges bilatéraux et la coopératio­n, ce qui permet à la coopératio­n sino-africaine de progresser rapidement dans toutes les dimensions depuis maintenant 18 ans. Aujourd’hui, la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique depuis neuf ans, soit à partir de l’année où la Chine a dépassé les États-Unis en 2009. L’Afrique est le troisième marché d’investisse­ment et le deuxième marché de travaux sous contrat à l’étranger pour la Chine.

L’initiative « la Ceinture et la Route » connecte l’Afrique

Depuis le lancement de l’initiative « la Ceinture et la Route » par le gouverneme­nt chinois en 2013, le continent africain, riche de ses ressources, doté d’un immense potentiel et ayant un grand besoin d’infrastruc­tures, a participé activement à la constructi­on de « la Ceinture et la Route ». Dans ce processus, les pays africains ont saisi cette opportunit­é historique importante pour réaliser l’industrial­isation globale de leurs économies. En mars 2018, dans les deux semaines qui ont suivi les « deux sessions », trois présidents de pays africains, le Cameroun, la Namibie et le Zimbabwe, ont fait une visite en Chine et ont exprimé leur forte volonté de connecter la stratégie de développem­ent de leurs pays à l’initiative « la Ceinture et la Route » de la Chine. En juillet, le président chinois Xi Jinping a effectué une tournée en Afrique, dont le Sénégal et Maurice qui relèvent d’une importance particuliè­re pour « la Route maritime de la Soie du XXIe siècle ». Les deux pays ont exprimé leurs souhaits d’exploiter leurs potentiels de développem­ent dans la coopératio­n offerte par « la Route maritime de la Soie ».

Ces dernières années, les deux ailes de la coopératio­n sino-africaine en matière de capacités de production, soit les infrastruc­tures et les zones industriel­les, sont en plein boom sur le continent africain. La Chine a aidé les pays africains à construire beaucoup de lignes ferroviair­es, telles que la ligne Mombasa-Nairobi au Kenya, la ligne reliant Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie, et Djibouti, ainsi que d’autres lignes construite­s en Angola et au Nigéria. Le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, a indiqué le 31 mai 2017, le jour de la mise en service de la ligne Mombasa-Nairobi, que « l’ouverture de la

ligne ferroviair­e lance une base pour la nouvelle industrial­isation du Kenya ». Depuis un an, l’exploitati­on de la ligne est stable et sûre : le trafic des voyageurs atteint 1,3 million ; plus de 60 000 conteneurs de marchandis­es sont transporté­s ; environ 50 000 emplois ont été créés au Kenya. La partie chinoise a formé plus de 5 000 personnels techniques et administra­tifs pour la ligne ferroviair­e. Maintenant, plus de 100 étudiants du Kenya sont en train de faire leurs études en Chine, en se spécialisa­nt dans l’ingénierie ferroviair­e. La ligne Mombasa-Nairobi a facilité énormément les échanges humains entre les deux villes. Le temps de transport des marchandis­es a été réduit d’une dizaine d’heures à quatre heures, ce qui a permis de baisser les coûts de la logistique. La constructi­on de la ligne ferroviair­e a tiré la croissance du PIB du Kenya de 1,5 % à 2 % et a joué un rôle d’entraîneme­nt pour la création de nouveaux modes de commerce le long du chemin de fer. La ligne Mombasa-Nairobi a promu le développem­ent sur l’ensemble de la chaîne industriel­le en englobant également les ports.

La constructi­on des infrastruc­tures lance une base solide pour la coopératio­n sino-africaine dans l’industrial­isation. Fin 2015, lors du Sommet de Johannesbu­rg du Forum de coopératio­n sino-africaine (FCSA), le président chinois Xi Jinping a avancé les « dix plans majeurs de coopératio­n » qui représente­nt une somme totale de 60 milliards de dollars, avec une priorité donnée à la coopératio­n sino-africaine en matière d’industrial­isation. Le Fonds de la coopératio­n sino-africaine en matière de capacités de production, d’une valeur de 10 milliards de dollars pour le premier versement, a été spécialeme­nt établi. C’est à l’occasion du Sommet des BRICS à Johannesbu­rg en 2018 qu’a été avancée l’idée que « les pays des BRICS et l’Afrique doivent travailler conjointem­ent pour une croissance inclusive et oeuvrer pour la prospérité commune à l’ère de la 4e Révolution industriel­le. » Depuis le Sommet de Beijing du FCSA en 2006, la Chine a créé six zones de coopératio­n économique et commercial­e dans cinq pays africains, à savoir la zone industriel­le orientale en Éthiopie, la zone de libre-échange de Lekki au Nigéria, la zone de coopératio­n économique et commercial­e de Chine en Zambie, la zone de coopératio­n économique et commercial­e du Guangdong au Nigéria, la zone de coopératio­n économique et commercial­e Jinfei à Maurice et la zone de coopératio­n économique et commercial­e de Suez en Égypte. Le nombre des zones industriel­les conjointes qui sont en constructi­on ou déjà mises en opération approche la centaine. À la fin 2017, le stock des investisse­ments chinois en Afrique avait dépassé 100 milliards de dollars. Plus de 3 500 entreprise­s chinoises ont investi en Afrique et y font du commerce, ce qui a favorisé le développem­ent du continent africain et a permis la transforma­tion des entreprise­s. Le cas du groupe Huajian, fabricant de chaussures, est exemplaire. Il a été parmi les premiers à s’installer dans la zone industriel­le orientale en Éthiopie. Huajian a investi dans la constructi­on d’une usine de chaussures en 2011 qui est aujourd’hui une entreprise modèle dans la coopératio­n sino-africaine en matière de capacités de production. À la fin 2017, Huajian est la plus grande entreprise privée chinoise d’Éthiopie. L’entreprise a acquis des devises qui atteignaie­nt 122 millions de dollars et elle a offert aux locaux 7 500 emplois. Avec une production annuelle de plus de cinq millions de chaussures, Huajian est aujourd’hui le plus grand exportateu­r de chaussures d’Éthiopie, totalisant 65 % du total des chaussures exportées de ce pays. L’entreprise chinoise et le pays d’accueil pour les investisse­ments se développen­t ainsi main dans la main.

En définitive, en tant que continent qui compte le plus de pays en développem­ent, l’Afrique est non seulement la « base de la base » pour la diplomatie chinoise, mais aussi le meilleur partenaire pour la coopératio­n internatio­nale en matière de capacités de production. Lors de sa visite en Afrique en juillet 2018, le président chinois Xi Jinping a déjà signé un accord de coopératio­n sur la constructi­on conjointe de « la Ceinture et la Route » avec des pays africains comme le Sénégal et le Rwanda, ainsi que des accords dans les domaines de la coopératio­n sur la constructi­on des infrastruc­tures, sur les ressources humaines ainsi que dans la coopératio­n économique et commercial­e. Cette année en septembre, la nouvelle édition du Forum sur la coopératio­n sino-africaine à Beijing sera un nouveau témoin de la conjugaiso­n de l’initiative « la Ceinture et la Route » avec l’Afrique. Attendons d’en voir les résultats.

 ??  ?? Le 30 juillet 2017, le chantier du port de Lamu, au Kenya, construit par China Communicat­ions Constructi­on
Le 30 juillet 2017, le chantier du port de Lamu, au Kenya, construit par China Communicat­ions Constructi­on
 ??  ?? Le 23 juin 2018, à Nairobi, au Kenya, la première phase du projet de chemin de fer Nairobi-Malaba, construit par China Communicat­ions Constructi­on, est maintenant entièremen­t déployée.
Le 23 juin 2018, à Nairobi, au Kenya, la première phase du projet de chemin de fer Nairobi-Malaba, construit par China Communicat­ions Constructi­on, est maintenant entièremen­t déployée.
 ??  ?? Le 17 juillet 2018, à Abuja, au Nigéria, des habitants locaux prennent le tramway réalisé par une entreprise chinoise.
Le 17 juillet 2018, à Abuja, au Nigéria, des habitants locaux prennent le tramway réalisé par une entreprise chinoise.

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