La Chine à l’heure du petit déjeuner
J’ai toujours pensé que le petit déjeuner, premier repas de la journée, avait quelque chose de grandiose. D’une part, les études scientifiques conviennent qu’il est préférable de manger copieusement le matin et manger léger le soir. D’autre part, le midi, la pausedéjeuner est souvent courte, et le soir, chaque membre de la famille finit le travail à une heure différente. C’est la raison pour laquelle le petit déjeuner est devenu le repas idéal pour partager ses émotions.
Un ami de Wuhan m’a confié un jour : « Je préfère acheter mon petit déjeuner à l’extérieur, où le choix est si varié, plutôt que d’attendre de ma famille qu’elle le préparer. » Je croyais qu’à Wuhan, au petit déjeuner, les habitants mangeaient surtout des reganmian (nouilles sèches), ce que bien entendu, je ne pouvais pas comprendre. Résultat : le lendemain de mon arrivée à Wuhan, je suis allé dans le restaurant Minsheng Tianshi, qui propose la plus vaste sélection de plats pour le petit déjeuner, au point qu’il mériterait le surnom de « musée du petit déjeuner ». L’endroit parfait donc pour avoir un aperçu du petit déjeuner à la sauce wuhanaise. Bien sûr, Wuhan n’est pas l’unique ville chinoise possédant une riche culture autour du petit déjeuner. J’ai choisi de mener mon enquête à ce sujet dans cinq villes : Xi’an, Yangzhou, Wuhan, Guiyang et Xiamen. J’y ai ajouté la petite ville de Xingyi, dans la province du Guizhou.
Un jour, j’avais pris connaissance d’une analyse statistique portant sur l’alimentation, qui en venait à la conclusion que la cuisine dans les villes chinoises est de moins en moins variée et équilibrée. Mais d’après moi, il existe des exceptions à cette règle. Le bout de notre langue arrive parfois à détecter des saveurs spécifiques à la ville d’où l’on vient et capables de guérir le mal du pays. Et ce, notamment avec des collations traditionnellement servies au petit déjeuner.