China Today (French)

La vision chinoise : dix vérités sur les échanges Chine–États-Unis

- WANG YONG* *WANG YONG est professeur à l’École des études internatio­nales de l’université de Beijing et chercheur principal non-résident au Centre pour la Chine et la globalisat­ion, un groupe de réflexion privé à Beijing.

L’administra­tion Trump fait la guerre commercial­e avec le monde entier, et particuliè­rement avec la Chine. Le président américain a imposé des droits de douane sur les produits chinois, se plaignant du déficit des échanges États-Unis–Chine. L’année dernière, la Chine a exporté des produits et services à hauteur de 500 milliards de dollars, et les États-Unis ont en retour exporté pour un montant de 130 milliards de dollars. Le président américain considère ces 370 milliards de déficit comme du vol, mais la plupart des économiste­s n’y voient pas de dommage envers les États-Unis.

Le peuple américain doit connaître la vérité sur les échanges États-Unis–Chine, et non les accusation­s de mauvaise foi de Trump. En dépit de ce que dit le président, les échanges entre les deux pays sont libres et justes, et ces dix points expliquent pourquoi.

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Même si la Chine, en tant que pays en développem­ent, a des droits de douane plus élevés sur les produits américains que les États-Unis n’ont sur les produits chinois, ses droits de douane restent plus bas que ceux de nombreux autres pays en développem­ent, dont l’Inde. Depuis l’accession de la Chine à l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) en 2001, elle a constammen­t baissé ses barrières commercial­es. La Chine a été le marché à plus forte croissance pour les exportatio­ns américaine­s, et les exportateu­rs américains ne sont pas stupides, ils savent reconnaîtr­e une bonne affaire quand ils en voient une. Selon des données du ministère chinois du Commerce publiées l’année dernière, 56 % du soja américain, 26 % des avions Boeing et 17 % des automobile­s américaine­s sont vendus en Chine.

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En ce qui concerne les produits arrivant aux États-Unis, les importateu­rs américains ne sont pas stupides non plus. Personne ne les force à acheter des produits chinois. Les imports chinois à bas prix ont aidé la classe moyenne américaine, qui a vu une faible progressio­n de ses revenus depuis des années, à pouvoir acheter plus avec le même revenu.

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Ce ne sont pas les barrières chinoises mais les contrôles des exportatio­ns américaine­s qui limitent nos échanges écono- miques. L’avantage de la Chine en termes d’échanges repose sur ses coûts de main-d’oeuvre plus bas, et l’avantage des ÉtatsUnis repose sur le capital et la terre. La Chine exporte des produits nécessitan­t beaucoup de main d’oeuvre aux États-Unis, les États-Unis exportent des produits technologi­ques et agricoles en Chine. Néanmoins, la politique d’exportatio­n des États-Unis est plus stricte que celles de l’Europe (en particulie­r de l’Allemagne) et du Japon, qui déterminen­t ce qui peut être exporté et en quelle quantité. Sans les interdicti­ons d’exportatio­n sur 20 produits high-tech tels que les avions et moteurs d’avions, les systèmes de navigation, les lasers et les fibres optiques, le déficit

États-Unis–Chine diminuerai­t.

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Les chiffres du déficit commercial peuvent être trompeurs. Prenez les iPhone d’Apple. Quand ils arrivent aux ÉtatsUnis de Chine où ils sont assemblés, leur coût élevé augmente de manière significat­ive le déséquilib­re commercial en faveur de la Chine. Mais les usines et travailleu­rs chinois ne touchent que 5 % de la valeur d’un iPhone (principale­ment des coûts de main-d’oeuvre), tandis que le design, la marque et le marketing d’Apple comptent pour près de 60 % de sa valeur. La Chine ne fournit même pas de composants pour l’iPhone. Ceux-ci proviennen­t principale­ment de la chaîne d’approvisio­nnement internatio­nale, et le bénéfice revient aux fournisseu­rs, pas à la Chine. En un seul calcul, le « coût de sortie d’usine » estimé de 240 dollars amplifie la valeur des exportatio­ns chinoises vers les États-Unis, car la Chine ne garde que 9 dollars par téléphone.

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Quand les protection­nistes américains parlent du déficit commercial avec la Chine, ils ignorent délibéréme­nt le surplus des États-Unis sur les « échanges de services », tels que les voyages, la santé, la banque, les assurances et les paiements de droits d’auteur. Selon les statistiqu­es chinoises, en 2017 ce déséquilib­re a atteint 54,1 milliards de dollars, et a augmenté considérab­lement depuis une décennie.

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Un autre élément que les protection­nistes ignorent délibéréme­nt est que les ventes des entreprise­s américaine­s en Chine ont dépassé 500 milliards. Ces entreprise­s font d’énormes profits grâce au marché chinois en forte croissance, et leur succès augmente les exportatio­ns américaine­s de composants et de droits de propriété intellectu­elle à la Chine.

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Concernant la propriété intellectu­elle, Trump accuse constammen­t la Chine de voler la technologi­e américaine et de copier ses produits. Même si la Chine a établi des lois de protection de la propriété intellectu­elle tardivemen­t, dans les années 1990, ces lois fonctionne­nt. En 2017, les paiements extérieurs de frais de propriété intellectu­elle de la Chine ont atteint 28,6 milliards de dollars, 15 fois plus que lorsqu’elle a rejoint l’OMC en 2001. Les titulaires des droits de propriété intellectu­elle sont les plus gros bénéficiai­res.

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Accuser les entreprise­s chinoises de transferts de technologi­e forcés est une autre accusation obsolète. Aucune loi ni régulation ne contraint de tels transferts. Les coentrepri­ses sont basées sur des négociatio­ns au cas par cas et certaines entreprise­s américaine­s souhaitent transférer des technologi­es pour l’accès au marché chinois. Les coentrepri­ses de General Motors et Ford, par exemple, ont fait d’elles deux des plus gros fabricants de voitures en Chine.

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Le président Trump veut stopper « Fabriqué en Chine 2025 », le programme subvention­né par le gouverneme­nt pour moderniser les industries chinoises, et il a accusé la Chine de « capitalism­e d’État ». Néanmoins, les subvention­s chinoises ne sortent pas des régulation­s de l’OMC, et elles sont disponible­s également pour les entreprise­s avec des capitaux étrangers. Et les États-Unis se livrent à un protection­nisme similaire : les subvention­s et dépenses militaires ont alimenté Internet, les semiconduc­teurs, les centrales nucléaires et la technologi­e spatiale militaire et civile.

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Les pratiques de la Chine en termes d’échanges sont généraleme­nt en accord avec les règles de l’OMC. Tout comme les États-Unis, la Chine est sujette à un rapport biennal de l’OMC. Depuis 2001, la Chine a été accusée 40 fois et les États-Unis 80 fois dans les litiges de l’OMC. Lorsque des jugements vont à l’encontre de la Chine, elle corrige sa trajectoir­e. Les États-Unis ont obéi à l’OMC bien moins souvent.

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Les frictions commercial­es entre la Chine et les États-Unis

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