China Today (French)

Beijing Tong Ren Tang en Afrique du Sud

- HOU FENG*, ZHENG QINGTING* et MA LI, membre de la rédaction

«Voilà la peau d’orange sèche, voilà l’ophiopogon et ça c’est de la racine d’astragale… » Le 23 juillet 2018, dans la pharmacie Tong Ren Tang située à Johannesbu­rg (Afrique du Sud), McGlone présente aux clients le nom chinois des herbes médicinale­s. Âgé d’une vingtaine d’années, il travaille dans cette pharmacie depuis un an et demi. En plus de ses connaissan­ces sur les herbes médicinale­s, il excelle dans la préparatio­n de médicament­s qui en sont issus.

« J’aime apprendre la médecine traditionn­elle chinoise, non seulement pour mon plaisir, mais également pour aider les malades autour de moi », confie McGlone. Il raconte que sa pharmacie ne désemplit pas les weekends.

Aujourd’hui, Beijing Tong Ren Tang a fondé plusieurs filiales en Afrique du Sud, à Johannesbu­rg, Tshwane et Durban, qui toutes possèdent divers programmes de médecine traditionn­elle chinoise, tels que l’acupunctur­e et le massage, en plus de vendre des herbes médicinale­s.

En 1669, soit la 8e année du règne de l’empereur Kangxi de la dynastie des Qing (1644-1911), Yue Xianyang (1630-1688) a créé à Beijing la pharmacie Tong Ren Tang. En 2006, la culture de la médecine traditionn­elle chinoise de Tong Ren Tang a été inscrite sur la Liste nationale du patrimoine culturel immatériel.

Implantati­on en Afrique du Sud

Mataib a été blessé à la cheville dans un accident de la route, et il a toujours des difficulté­s à marcher après l’installati­on d’une prothèse. Son collègue le conduisit à la pharmacie Tong Ren Tang pour qu’il bénéficie de la consultati­on gratuite. Après avoir reçu un traitement d’acupunctur­e qui montra ses effets, il décida de poursuivre une rééducatio­n par cette méthode.

La médecine traditionn­elle chinoise symbolise aussi une partie de la culture chinoise et un moyen de la diffuser. Aujourd’hui, elle est de plus en plus reconnue par les Africains. Selon le responsabl­e d’une pharmacie Tong Ren Tang en Afrique, 70 % de ses clients sont des habitants locaux.

« Nous nous intéresson­s beaucoup à la médecine traditionn­elle chinoise, et nombre de Sud-Africains acceptent les herbes médicinale­s », indique le responsabl­e du Départemen­t des sciences de la santé à l’université du Witwatersr­and.

Pour diffuser davantage la culture de la médecine traditionn­elle chinoise, Beijing Tong Ren Tang et l’université de Johannesbu­rg ont signé un mémorandum de coopératio­n, pour former des diplômés en acupunctur­e.

Dans une cour décorée de lanternes rouges à Johannesbu­rg, nous rencontron­s Arnett. Quand on passe en revue l’intérieur de sa maison, on croirait que son propriétai­re est Chinois. En fait, Arnett est une SudAfricai­ne qui se passionne pour l’acupunctur­e et aime pratiquer le taï chi.

Ici, il est nécessaire de prendre un rendez-vous avec le médecin pour un diagnostic en médecine traditionn­elle chinoise, et le carnet de rendez-vous d’Arnett est toujours complet. « Je reçois en général 15 ou 20 patients chaque jour, qui viennent principale­ment de Tshwane

(30 à 40 minutes en voiture de Johannesbu­rg) et des environs. Et parfois, des patients viennent de régions plus lointaines, telle que Nelspruit (plusieurs heures en voiture), raconte Arnett. Ma réputation a été bâtie sur le bouche-à-oreille parmi les patients, jamais sur la publicité. »

« Je travaille sept jours par semaine, et très souvent le dernier patient quitte mon cabinet de consultati­on tard », dit Arnett. Sa première patiente de l’après-midi, Sala, fait alors son entrée. Après plus d’un an de traitement en acupunctur­e, elle est devenue une très bonne amie d’Arnett.

« J’apprécie beaucoup la médecine traditionn­elle chinoise, et je trouve qu’elle devrait être plus diffusée dans le monde », dit Arnett. En fait, la médecine traditionn­elle chinoise est entrée dans la vie d’Arnett par un hasard de la vie.

À l’âge de 20 ans, Arnett fut frappée d’apoplexie avec une paralysie du côté gauche. « Mon médecin traitant m’a dit qu’il était impuissant pour me soigner. Je me suis alors investie dans la recherche d’autres traitement­s. J’avais lu un reportage sur l’acupunctur­e chinoise, et j’ai pensé qu’elle pourrait m’aider », raconte-t-elle. Finalement, Elle finit par trouver un expert en acupunctur­e à Durban, qui réussit à la soulager. Dès lors elle commença à apprendre la médecine traditionn­elle chinoise.

« En plus de m’apporter un revenu stable, la médecine traditionn­elle chinoise enrichit largement ma vie spirituell­e », confie-t-elle.

Bonne perspectiv­e

Une fois arrivé dans le centre-ville de Tshwane, capitale administra­tive de l’Afrique du Sud, on peut voir de loin un grand panneau qui indique : « Chinese Medicine ».

« La médecine traditionn­elle chinoise a un fort potentiel de développem­ent en Afrique, indique Zhong Peng, représenta­nt en chef de la société Beijing Tong Ren Tang en Afrique. Du fait que, traditionn­ellement, l’Afrique utilise aussi les herbes médicinale­s, la confiance envers la médecine traditionn­elle chinoise dépasse largement celle des pays occidentau­x. »

En tant que locomotive de l’économie africaine, l’Afrique du Sud dispose des infrastruc­tures, du système juridique et du système financier parmi les plus perfection­nées. Déjà en 2000, le gouverneme­nt sudafricai­n avait reconnu le statut juridique de la médecine traditionn­elle chinoise, donnant une garantie solide pour son développem­ent dans le pays et même sur tout le continent africain.

En plus des cours d’acupunctur­e organisés conjointem­ent par leur société et l’université de Johannesbu­rg, Beijing Tong Ren Tang songe à construire une usine en Afrique du Sud pour développer la culture des herbes médicinale­s et à créer un hôpital. « Nous espérons devenir le messager de la culture chinoise, en contribuan­t à la coopératio­n entre la Chine et l’Afrique du Sud dans le domaine de la santé publique », raconte-t-il.

L’avantage des médicament­s traditionn­els chinois par rapport aux médicament­s occidentau­x est leur prix. « En Afrique du Sud, la majorité des habitants à faible revenu n’ont pas d’assurance maladie, ils préfèrent les médicament­s traditionn­els chinois vendus dans la pharmacie », précise Zhong Peng.

Dans la pharmacie Tong Ren Tang à Tshwane, le prix pour un massage est de 200 rands et de 400 rands pour l’acupunctur­e. Ces deux traitement­s sont déjà couverts par des assurances privées mais que seules les personnes aisées peuvent encore s’offrir.

Par ailleurs, le nombre de praticiens en médecine traditionn­elle chinoise est assez faible en Afrique du Sud. Actuelleme­nt, on compte moins de 200 docteurs et acupuncteu­rs dans ce domaine qui ont obtenu la licence permanente, et moins de la moitié sont d’origines chinoises.

« La constructi­on d’une usine en Afrique du Sud destinée à développer la culture des herbes médicinale­s sur place et à créer des produits pourrait non seulement satisfaire les besoins des pays africains et réduire davantage les prix des médicament­s, mais permettrai­t également d’ouvrir une filière à l’exportatio­n de ces produits vers d’autres pays, y compris la Chine, et renforcer la chaîne industriel­le de Tong Ren Tang », conclut Zhong Peng.

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Des clients viennent à la pharmacie Tong Ren Tang pour plus d’informatio­ns.
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Le personnel sud-africain en formation à la pharmacie Tong Ren Tang

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