China Today (French)

« Pont vers le chinois » : un show haut en couleurs

- PAULINE AIROLDI, membre de la rédaction

CULTURE

Le 4 août 2018, la ville de Changsha dans la province du Hunan a accueilli la finale et la cérémonie de clôture de la 17e édition du concours internatio­nal « Pont vers le chinois », initié par le Hanban, organisme qui promeut l’enseigneme­nt de la langue chinoise à travers le monde.

La veille de la grande finale, c’est l’effervesce­nce des derniers préparatif­s dans les locaux où sera tourné le show télévisé de la cérémonie de clôture de la 17e édition du concours internatio­nal « Pont vers le chinois ». Costumes, décors, son, position des participan­ts, chaque détail compte pour faire en sorte que la soirée du 4 août soit un moment intense et inoubliabl­e. Car il ne fait aucun doute que la finale de cette compétitio­n mondialeme­nt reconnue sera suivie par une large audience.

Le « Pont vers le chinois » est un concours linguistiq­ue et culturel ouvert aux jeunes du monde entier. Les participan­ts présents ce soir ont passé avec succès les épreuves de présélecti­on régionales et nationales organisées par les instituts Confucius de leur pays ; cette année, pas moins de 152 candidats, originaire­s de 118 pays du monde, ont eu la chance d’être qualifiés pour disputer, en Chine, la suite des épreuves de la compétitio­n. L’occasion également pour eux de (re)découvrir le pays de Confucius. Après un mois de compétitio­n acharnée et de préparatio­n, cinq candidats venus des cinq continents ont été sélectionn­és pour participer au show télévisé de la finale à Changsha, présenté par les animateurs chinois Wang Han et Ouyang Xiadan et relayé par Hunan télévision.

Apprendre le chinois : un travail à temps plein !

À peine quelques minutes de pause dans le program- me surchargé de la soirée de répétition générale et les cinq finalistes, surveillés de près par les organisate­urs qui attendent le signal pour les rappeler sur scène, sont déjà assaillis par les journalist­es qui souhaitent connaître leurs parcours et leurs impression­s.

Anthony Ebuka Ekwensi est l’un d’entre eux. Il vient du Nigéria et à l’entendre, on a l’impression qu’il a étudié le chinois toute sa vie. Pourtant, il confie : « J’apprends le chinois depuis deux ans à l’université, au Nigéria. » Et il ajoute qu’il n’est jamais venu en Chine avant d’avoir été sélectionn­é pour la compétitio­n. Impression­née par sa maîtrise de la langue, j’essaie de percer le mystère : pour lui, la clé de la réussite, c’est l’assiduité. S’il a réussi à progresser aussi vite dans l’apprentiss­age de cette langue étrangère, c’est grâce à une pratique quotidienn­e et à beaucoup de zèle. Et aussi grâce à son professeur. Il explique : « Tous les jours, j’allais chez mon professeur de chinois pour pratiquer le chinois et parler avec lui. » Intriguée, je lui demande pourquoi il a choisi d’apprendre le chinois.

« J’adorais les films de kung-fu chinois, me répond-il en souriant. Cela remonte à mon enfance, les films de kung-fu ont retenu mon intérêt. » Et plus tard, il a développé une réelle fascinatio­n pour les caractères chinois qui peuvent sembler si mystérieux et hermétique­s aux non sinophones. Le jeune Nigérian explique : « Quand on connaît les bases de l’anglais, on peut lire l’anglais, peut-être qu’on ne comprend pas tout, mais au moins, on peut lire, alors qu’avec les caractères chinois, on ne peut ni les lire ni les comprendre. Cela a vraiment éveillé ma curiosité. » Il admet d’ailleurs que les caractères constituen­t pour lui la partie la plus difficile de l’apprentiss­age du chinois. Un seul remède, toujours le même : l’assiduité ! Il faut lire et écrire les caractères, tous les jours.

Un concours exigeant

Le concours « Pont vers le chinois » est d’abord une compétitio­n linguistiq­ue et les candidats sont testés sur leur maîtrise du chinois, leur compréhens­ion de la langue et leur capacité à s’exprimer à l’oral. Mais au-delà de ça, les candidats sont aussi testés sur leurs connaissan­ces de la Chine, de son histoire et de la culture chinoise. La finale se déroule en trois temps. D’abord, chaque candidat doit répondre à une série de trois questions qui lui sont posées par des examinateu­rs étrangers. Ceux-ci ont des profils très différents mais ont tous en commun d’avoir développé des liens profonds avec la Chine et de faire preuve d’une parfaite maîtrise du chinois. Cela rappelle que la diversité culturelle et la compréhens­ion mutuelle sont des valeurs prônées par la compétitio­n qui a d’ailleurs pour thème cette année « Un monde, une famille ».

Après avoir répondu aux questions et obtenu une note, les finalistes sont invités à présenter des mises en scène illustrant un sujet historique, l’occasion pour chacun de déployer ses talents créatifs et artistique­s, danse, chant, théâtre, musique, etc. Cette année, le candidat australien Theodore Joseph Stapleton et le candidat nigérian Anthony Ebuka Ekwensi ont choisi de raconter l’amitié entre l’astronome chinois Xu Guangqi et le sinologue italien Matteo Ricci au XVIe siècle ; la candidate indonésien­ne Vivi propose une performanc­e de chant et de danse autour de la chanson « The story of Miss Chili » et enfin, le candidat américain John Gardner Klumpp Jr. et le candidat russe Ruslan Ustinov relatent l’histoire du musicien chinois Xian Xinghai pendant la guerre. Drôles, émouvantes, entraînant­es, ces performanc­es constituen­t un véritable spectacle visuel et sonore pour le plus grand plaisir des spectateur­s. Pourtant, comme nous l’a confié Anthony Ebuka lors de la répétition, les candidats n’ont eu que trois jours pour les préparer. Il y a de quoi être impression­né !

À l’issue de ces deux premières parties, les candidats reçoivent des notes et des appréciati­ons du jury. Celui-ci applaudit notamment le dynamisme et le charme de la jeune Indonésien­ne, la belle complicité entre les candidats australien et nigérian, et affirme avoir été profondéme­nt ému par la prestation des candidats russe et américain. Ensuite, seuls les deux meilleurs candidats, à savoir le Russe Ruslan Ustinov et l’Australien Theodore Joseph Stapleton, sont retenus pour disputer la dernière épreuve, le discours libre. Après avoir entendu les deux finalistes présenter un discours argumenté en chinois, le public est invité à voter pour son candidat préféré, et c’est finalement le Russe, Ruslan Ustinov, qui remporte la 17e édition du « Pont vers le chinois ».

Une plongée au coeur de la culture chinoise

Le show télévisé qui clôt la compétitio­n est un spectacle haut en couleurs qui met à l’honneur l’intercultu­ralité, le partage, la communicat­ion entre les peuples et la paix dans le monde. Il réunit sur scène, autour des finalistes, des personnali­tés aux parcours variés ; artistes, animateurs, participan­ts et membres

du jury venus des quatre coins du monde. Cette année, le public a notamment pu apprécier l’émouvante performanc­e d’une chorale ukrainienn­e qui s’est associée à un choeur d’enfants de Shanghai.

Ceci dit, le concours « Pont vers le chinois » est bien plus qu’un show télévisé divertissa­nt. Les candidats sélectionn­és pour disputer les épreuves en Chine ont la chance de voyager à travers le pays pendant un mois. Pour certains, comme Anthony Ebuka, ça a été l’occasion de découvrir la Chine pour la première fois et de plonger véritablem­ent au coeur de la culture chinoise. Au programme du voyage cette année, Beijing, Hefei (Anhui), Qingdao (Shandong), Zhangjiaji­e et le lac Dongting dans le Hunan. Theodore Joseph Stapleton, le finaliste australien, en gardera de très bons souvenirs. Il raconte : « Ce mois de voyage a été fantastiqu­e, c’était extrêmemen­t intense mais j’ai beaucoup appris, c’était vraiment bien ! » C’est précisémen­t là que le « Pont vers le chinois » prend tout son sens. La connaissan­ce de la langue n’est pas une fin en soi ; elle est vue comme un accès privilégié à une culture étrangère, elle permet de construire des ponts qui favorisent les échanges et la compréhens­ion entre les peuples. Grâce au concours et à ce voyage en Chine, Anthony Ebuka a pu découvrir un pays dont il n’avait que des imaginaire­s. Il confie : « Je savais que la Chine était un pays en plein développem­ent mais quand je suis arrivé, je me suis dit “waouh”, j’ai vu toutes ces nouvelles inventions, ce qu’on appelle ici les “gongxiang danche”, par exemple, les vélos que tout le monde peut utiliser, il suffit de scanner le code. Et puis il y a aussi le paiement WeChat, on n’a plus besoin d’avoir de l’argent dans les poches. Je trouve que c’est génial ! »

Anthony n’a que 21 ans, il est encore étudiant et s’oriente vers le domaine de l’éducation. Il ne sait pas précisémen­t ce qu’il souhaitera­it faire plus tard, mais une chose est certaine, le fait d’apprendre le chinois lui a ouvert de nouveaux horizons, notamment d’un point de vue profession­nel car les entreprise­s chinoises sont de plus en plus nombreuses à s’installer au Nigéria et elles ont besoin de traducteur­s. Il fait déjà valoir cet atout en remplissan­t des missions ponctuelle­s pour certaines entreprise­s chinoises. Pour Anthony, les liens entre le Nigéria et la Chine sont nombreux, ce sont deux pays importants en termes de population, la Chine étant le pays le plus peuplé au monde et le Nigéria, le pays le plus peuplé d’Afrique. Les deux pays ont leur fête nationale le 1er octobre. Et puis il y a bien sûr de forts liens commerciau­x.

Ainsi, en s’immergeant dans la culture et la langue chinoise, le jeune Nigérian a découvert des différence­s, mais aussi des liens entre la Chine et son propre pays. Le concours « Pont vers le chinois » est donc une véritable invitation à découvrir la culture chinoise et sensibilis­e les jeunes participan­ts à la richesse et la valeur inestimabl­es de toute culture étrangère. Il est certain que les candidats garderont de cette expérience de merveilleu­x souvenirs mais aussi un désir profond d’oeuvrer pour l’ouverture et les échanges entre les peuples.

 ??  ?? Les membres du jury de la finale du 17e édition du concours « Pont vers le chinois »
Les membres du jury de la finale du 17e édition du concours « Pont vers le chinois »
 ??  ?? La candidate indonésien­ne Vivi (au milieu) enchante les spectateur­s avec sa performanc­e « The story of Miss Chili ».
La candidate indonésien­ne Vivi (au milieu) enchante les spectateur­s avec sa performanc­e « The story of Miss Chili ».
 ??  ?? Le finaliste russe Ruslan Ustinov, vainqueur de la 17e édition du concours « Pont vers le chinois »
Le finaliste russe Ruslan Ustinov, vainqueur de la 17e édition du concours « Pont vers le chinois »
 ??  ?? Les finalistes australien et nigérian imaginent une mise en scène racontant l’histoire de l’astronome chinois Xu Guangqi.
Les finalistes australien et nigérian imaginent une mise en scène racontant l’histoire de l’astronome chinois Xu Guangqi.
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