China Today (French)

44 La première CIIE prépare la voie au libre-échange

- ZHANG HUI, membre de la rédaction

Alors que le protection­nisme gagne du terrain sur la planète, la Chine a choisi d’organiser l’Exposition internatio­nale d’importatio­n de Chine (CIIE), une initiative majeure propice à l’ouverture du pays, qui apporte également un réel soutien à la mondialisa­tion et au libre-échange. Cette première édition de la CIIE s’est clôturée le 10 novembre dernier, suite à la conclusion d’affaires non négligeabl­es qui auront pour effet d’accélérer la transforma­tion historique de la Chine d’un grand pays exportateu­r en un important marché d’importatio­n.

D’après les données officielle­s du Bureau de la CIIE, les promesses d’achat de biens et de services d’ici un an qui ont été scellées lors de l’exposition ont totalisé un montant de 57,83 milliards de dollars, une somme qui ne représente bien sûr que la partie émergée de l’imposant iceberg que forment les importatio­ns en Chine. Selon Sun Chenghai, directeur adjoint du Bureau de la CIIE, c’est à la section de l’exposition consacrée aux équipement­s intelligen­ts haut de gamme qu’ont été signées les plus grosses transactio­ns, chiffrées à 16,46 milliards de dollars. Suivent la section sur l’alimentati­on et l’agricultur­e avec 12,68 milliards, celle sur l’automobile avec 11,99 milliards, celle sur le matériel médical et les produits de santé avec 5,76 milliards, celle sur les appareils électroniq­ues grand public et l’électromén­ager avec 4,33 milliards, celle sur les vêtements, accessoire­s et biens de consommati­on avec 3,37 milliards, et enfin, celle consacrée aux services avec 3,24 milliards de dollars.

C’est la première fois qu’une exposition de niveau national était organisée sur l’importatio­n. Sur le thème « Nouvelle ère, avenir partagé », cet événement a attiré plus de 3 600 entreprise­s de tous horizons et des participan­ts venus de 172 pays, régions et organisati­ons internatio­nales, ainsi que 400 000 acheteurs.

Comme l’a souligné le président Xi Jinping dans le discours qu’il a prononcé lors de la cérémonie d’ouverture, la CIIE ne doit pas être perçue comme un « one-man show » mettant la Chine en vedette, mais plutôt comme un choeur invitant tous les pays du globe à participer. Une fabuleuse vitrine des innovation­s

Les voitures volantes d’AeroMobil, le robot joueur de tennis de table Forpheus d’Omron, le robot testeur de maquillage conçu par L’Oréal… De nombreux produits de haute technologi­e innovants ont été présentés à l’exposition, un vrai régal pour les amateurs de high-tech. Quelque 500 nouvelles technologi­es, produits et services ont été dévoilés pour la première fois à l’occasion de l’exposition, faisant office de radar des nouvelles tendances mondiales dans les divers domaines.

La société polonaise de machines-outils Rafamet figure parmi les chanceux qui ont fait affaire au moment de l’exposition. « Nous avons signé un contrat portant sur la fourniture d’un tour UFB 125 N destiné au reprofilag­e des roues pour le métro de Beijing », a déclaré le PDG de Rafamet, Emanuel Longin Wons, à La Chine au présent. Voilà environ 10 ans que les produits de cette société ont commencé à entrer sur le marché chinois et désormais, ils sont utilisés notamment pour les trains chinois à grande vitesse.

« Le marché ferroviair­e chinois est le premier au monde. Et le réseau TGV du pays est sans égal dans le monde entier. Il

s’agit donc du marché le plus important à nos yeux », a résumé M. Wons.

Un marché énorme regorgeant d’opportunit­és

Au Centre national d’exposition et des congrès de Shanghai, constructi­on emblématiq­ue en forme de trèfle à quatre feuilles qui a accueilli la CIIE, deux salles sur les huit de l’exposition étaient réservées aux produits alimentair­es et agricoles. Elles ont remporté un franc succès, une foule de visiteurs s’amassant devant les stands proposant des dégustatio­ns. Le stand de Bord Bia (ou Irish Food Board, agence publique irlandaise qui vise à promouvoir les ventes d’aliments et d’horticultu­re irlandais) n’a pas fait exception : elle aussi a fait sensation avec sa distributi­on gratuite d’émincés de boeuf.

« Nous avons été le premier pays membre de l’UE à accéder au marché. C’est une nouvelle aventure palpitante qui commence pour nous », nous a confié Declan Fennell, responsabl­e de Bord Bia pour la filière viande. À l’exposition, Bord Bia représenta­it 11 producteur­s irlandais de produits laitiers et de viandes bovine et porcine.

En 2017, la Chine est devenue le troisième marché de destinatio­n des aliments et boissons en provenance d’Irlande, avec 910 millions d’euros d’exportatio­ns vers le géant asiatique, un chiffre qui a plus que doublé en l’espace de quatre ans. Aujourd’hui, la Chine constitue le deuxième marché d’exportatio­n de viande porcine et de produits laitiers irlandais.

« L’Irlande, petit pays d’Europe de l’Ouest, produit 1 % du lait liquide mondial, mais représente 10 % de la production mondiale de lait maternisé », a fait savoir M. Fennell. Des données

qui s’expliquent par l’environnem­ent naturel préservé irlandais et son strict système de contrôle de la sécurité alimentair­e.

À vrai dire, les mamans chinoises connaissen­t déjà très bien le lait en poudre pour nourrisson­s fabriqué en Irlande, comme le produit Illuma distribué par Wyeth. Mais nous avons appris que, lors de l’exposition, Bord Bia a encore signé un mémorandum de coopératio­n stratégiqu­e avec Wyeth. Ce dernier s’est engagé à importer pour 20 milliards de renminbi de produits irlandais sur les trois prochaines années.

« Nous avons pu constater ces dix dernières années que plus les consommate­urs chinois gagnent en pouvoir d’achat, plus ils deviennent exigeants eu égard à la qualité. Nous avons aussi vu s’élargir considérab­lement la gamme de produits que nous pouvons vendre en Chine. Pour donner quelques chiffres, nos exportatio­ns totales d’aliments et de boissons en 2017 ont atteint 12,6 milliards d’euros, dont près d’un milliard provenait de la Chine », a précisé M. Fennell. Interrogé sur l’importance du marché chinois pour le secteur agricole et alimentair­e irlandais, Conor O’Sullivan, spécialist­e du marché chinois au sein de Bord Bia, a formulé une réponse succincte, qui va droit au but : « La Chine, c’est l’avenir. » Il a poursuivi en expliquant que le pays affiche un énorme potentiel de marché, au vu de sa population et du niveau de développem­ent dans les villes.

Blackmores, société australien­ne spécialisé­e dans les produits de santé naturels, est une autre firme qui considère la Chine comme un marché crucial. « Nous envisageon­s des opportunit­és très importante­s pour les marques de soins de santé étrangères en Chine, car il me semble que les consommate­urs chinois sont très attachés à l’idée de suivre un mode de vie plus sain. Vous savez peut-être que le gouverneme­nt chinois a lancé une initiative baptisée “La Chine en bonne santé 2030”, dont l’objectif est d’encourager les citoyens à mieux se nourrir et fondamenta- lement à adopter des habitudes plus saines. Nous pensons que les vitamines et les complément­s alimentair­es occidentau­x ont un rôle à jouer dans l’alimentati­on en Chine », a prédit Peter Osborne, directeur général de Blackmores pour l’Asie, qui est d’avis aussi que la médecine traditionn­elle chinoise et la médecine occidental­e sont hautement complément­aires.

Depuis l’entrée de Blackmores sur le marché chinois en 2012, les activités de l’entreprise ont connu un essor. « La catégorie des soins de santé augmente de 20 à 25 % par an. C’est une très forte croissance, la plus forte augmentati­on enregistré­e sur les divers marchés sur lesquels nous sommes présents. Et nous attendons une dynamique continue et comptons bien investir encore sur ce marché. »

Une communauté interconne­ctée avec un avenir commun

Voici une petite anecdote intéressan­te qui a eu lieu au moment de l’exposition. Selon l’agence de presse Xinhua, le 5 novembre dernier, le président chinois Xi Jinping, alors qu’il visitait le pavillon chinois, a invité les premiers ministres laotien et vietnamien à monter à bord du simulateur de train Fuxing, la dernière génération de TGV en Chine, pouvant rouler jusqu’à 350 km/h. Les deux invités se sont dits impression­nés par la vitesse. De même, le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, lui aussi présent à l’exposition, s’est exclamé: « Si rapide ! » « Nous sommes tous à bord », a déclaré Xi Jinping. Cette anecdote fait écho à la conjonctur­e mondiale actuelle. La mondialisa­tion a noué d’étroites relations entre tous les pays et toutes les régions, désormais tous interconne­ctés. Conscient de cette situation, le président Xi Jinping a martelé dans son discours à la cérémonie d’ouverture de la CIIE : « La Chine

ne cessera pas ses efforts en faveur d’une économie mondiale ouverte ! Et la Chine ne cessera pas ses efforts en faveur d’une communauté marchant vers un avenir commun pour l’humanité ! » Tout en proclamant son ferme soutien au libre-échange et au système commercial multilatér­al, le président Xi a également annoncé que la Chine avait pris de nouvelles mesures afin d’élargir l’accès à son marché, d’accroître les importatio­ns, d’encourager l’instaurati­on d’un environnem­ent commercial de classe mondiale, favorisant ainsi son ouverture. Son discours, devenu un sujet de conversati­on populaire tout au long de l’exposition, a sans nul doute affermi la confiance des entreprise­s étrangères dans le marché chinois.

En commentair­e sur l’importance accordée par le président Xi Jinping à l’innovation pour le commerce et la croissance économique et au sujet des perspectiv­es de coopératio­n entre la Chine et le Royaume-Uni, Liam Fox, Secrétaire d’État britanniqu­e au commerce internatio­nal, a exprimé : « L’innovation est essentiell­e dans tous les domaines pour continuer à faire progresser le commerce. Elle permet d’améliorer notre efficacité, et en règle générale, d’élargir le champ des technologi­es disponible­s. Combinés, l’innovation et le commerce fournissen­t une vaste gamme de produits à des prix toujours plus abordables au profit d’un large éventail d’individus. »

C’était la cinquième fois cette année que M. Fox se rendait en Chine. À ses yeux, ses visites fréquentes témoignent de l’engagement du gouverneme­nt britanniqu­e à consolider sa relation bilatérale avec la Chine. M. Fox a affirmé : « Nous sommes ravis que la Chine poursuive ses efforts pour ouvrir ses portes, en augmentant ses importatio­ns de biens et de services et en améliorant l’environnem­ent commercial. Nous nous réjouisson­s des appels lancés par le président Xi, exhortant l’assoupliss­ement des restrictio­ns en matière d’investisse­ment dans les secteurs de l’éducation et de la santé. J’attends avec impatience l’élaboratio­n d’un calendrier clairement défini pour la libéralisa­tion. Dans le même temps, nous encourageo­ns également la Chine à aller encore plus loin dans ses efforts d’ouverture. »

Pour M. Fennell de Bord Bia, le mot d’ordre dans le discours de Xi Jinping n’était autre que la libéralisa­tion du commerce, qui selon lui, aura pour effet de rendre l’environnem­ent commercial chinois plus ouvert et transparen­t. « Les signaux sont tous positifs. Nous sentons bien la déterminat­ion de la Chine à poursuivre son ouverture et avons déjà constaté des initiative­s concrètes. En témoigne l’autorisati­on d’accès au marché chinois qu’a obtenue notre viande de boeuf », a cité M. Fennell comme exemple.

M. Osborne de Blackmores estime que l’environnem­ent commercial en Chine s’améliore constammen­t. « J’ai le sentiment que le système et les processus (qui permettent aux entreprise­s étrangères de gérer leurs affaires en Chine) deviennent plus efficaces. Et honnêtemen­t, dans certains endroits en Chine, il est beaucoup plus efficace qu’ailleurs en Asie. D’après moi, ces cinq dernières années, la Chine a connu des changement­s très rapides qui ont permis aux entreprise­s étrangères de faire des affaires plus facilement. » M. Osborne a trouvé le discours du président Xi fort encouragea­nt, car il ne traitait pas uniquement de l’ouverture du marché, mais aussi de la modernisat­ion des modes de consommati­on, de l’expansion du libre-échange et de l’innovation. « En tant que société étrangère, ce sont autant de sujets auxquels nous nous intéresson­s tout particuliè­rement », a commenté M. Osborne.

Le président de la société pharmaceut­ique suisse Roche, M. Christoph Franz, a adhéré au point de vue de M. Osborne quant à l’améliorati­on de l’environnem­ent commercial en Chine : « Par exemple, nous avons constaté l’accélérati­on des délais d’approbatio­n des médicament­s nouveaux et innovants par les autorités sanitaires chinoises. »

« Cette première CIIE marque une étape historique dans la promotion des importatio­ns en Chine, envoyant au monde un signal très positif. Et je ne peux que féliciter le pays pour le rôle de leadership qu’il a choisi d’assumer. J’ai été impression­né par l’engagement fort que le président a affiché face au monde pour ce qui est de la création d’une société ouverte et collaborat­ive. Telle est déjà la contributi­on de la Chine », a assuré M. Franz à La Chine au présent.

Pour Gordon Hardie, président du service Aliments et ingrédient­s au sein de Bunge Limited, une entreprise agroalimen­taire américaine, l’ouverture était le message fort et clair transmis par le président Xi à travers son discours. « Vous savez, le monde tourne grâce au commerce ouvert, et l’innovation est portée par le commerce. Il faut un commerce ouvert entre toutes les nations, qui serve de plate-forme permettant à chaque pays de progresser et de rehausser son niveau de vie. Telle est la voie à suivre », a conclu Gordon Hardie.

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 ??  ?? Un robot sur le stand du Royaume-Uni à la CIIE
Un robot sur le stand du Royaume-Uni à la CIIE
 ??  ?? Fabriqué par Omron, Forpheus est le premier robot entraîneur de tennis de table au monde reconnu par le Livre Guinness des records.
Fabriqué par Omron, Forpheus est le premier robot entraîneur de tennis de table au monde reconnu par le Livre Guinness des records.
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 ??  ?? Elekta Axesse, une nouvelle génération de plate-forme numérique intelligen­te destinée à la radiothéra­pie dans le traitement des tumeurs
Elekta Axesse, une nouvelle génération de plate-forme numérique intelligen­te destinée à la radiothéra­pie dans le traitement des tumeurs

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