China Today (French)

L’histoire de la transforma­tion du groupe Midea

- JIAO FENG, membre de la rédaction

Depuis trois années consécutiv­es, le groupe Midea figure sur la liste Fortune Global

500. En 2018, il s’est classé 323e, en hausse de 127 places par rapport à 2017. Plutôt que de se reposer sur ses lauriers en tant que géant de la fabricatio­n traditionn­elle, Midea évolue aujourd’hui vers la fabricatio­n intelligen­te et aspire à devenir un groupe technologi­que mondial.

Li Jinbo, député à la 13e Assemblée populaire nationale et directeur du Centre d’innovation pour les climatiseu­rs domestique­s du groupe Midea, en est persuadé : la transforma­tion et la montée en gamme de l’industrie sont prioritair­es pour l’optimisati­on industriel­le future de la Chine et l’innovation technologi­que les stimulera vigoureuse­ment ainsi que le développem­ent socioécono­mique chinois. Ingénieur travaillan­t dans le secteur manufactur­ier depuis près de 20 ans, Li Jinbo souligne : « Midea est un exemple de la transforma­tion et de la modernisat­ion de l’industrie manufactur­ière traditionn­elle en Chine. D’après l’expérience de notre entreprise, la fabricatio­n future doit être axée sur l’innovation, guidée par la science et la technologi­e, et être profondéme­nt intégrée aux services. »

Les opportunit­és créées par la réforme et l’ouverture

L’entreprise a été fondée dans l’arrondisse­ment Shunde, à Foshan, dans la province du Guangdong. À l’origine, il s’agissait d’un fabricant de plastique doté d’un capital de 5 000 yuans financé collective­ment par 23 habitants locaux. Il produisait principale­ment des bouchons en plastique. En 1980, l’entreprise s’est tournée vers la fabricatio­n de ventilateu­rs électrique­s.

La politique de réforme et d’ouverture de la Chine a débuté d’abord dans les zones rurales avant de s’étendre ensuite aux zones urbaines. Pour cette raison, une première vague d’entreprise­s privées a proliféré dans les bourgs et les cantons. Étant donné que le Guangdong a été le précurseur de la réforme et l’ouverture, il n’est pas étonnant que Shunde ait abrité la plus grande base de fabricatio­n d’appareils électromén­agers du pays à l’époque. 16 % des marques renommées nationales y sont nées, dont Midea.

En novembre 1993, l’entreprise a été introduite à la Bourse de Shenzhen. Il s’agit de la première société cotée en bourse et restructur­ée à partir d’une entreprise rurale. Un changement qui a poussé Midea à se développer rapidement pour devenir, à l’époque, l’une des plus grandes entreprise­s d’appareils électromén­agers de Chine. Le revenu de ses principale­s activités s’est accru de 487 millions de yuans en 1992 à 2,5 milliards de yuans en 1996. À la clôture du 6 mars 2019, sa capitalisa­tion boursière s’élevait à 323,5 milliards de yuans, se classant au 23e rang sur plus de 3 600 sociétés cotées.

« La politique de réforme et d’ouverture a créé des opportunit­és pour le développem­ent de Midea, lui permettant de passer d’une petite entreprise à une entreprise mondiale », affirme Li Jinbo.

Le changement, secret du succès

Midea a traversé les hauts et les bas de la fabricatio­n traditionn­elle chinoise.

Lorsque le marché des ventilateu­rs électrique­s a atteint sa saturation à la fin des années 1980, Midea a amorcé sa première transforma­tion en fabriquant des climatiseu­rs. Cependant, les caractéris­tiques distinctiv­es du marché en croissance rapide en Chine était le cycle industriel court et le renouvelle­ment à grande vitesse des produits. Le marché des climatiseu­rs est tombé à un niveau très bas en seulement 10 ans. Dans ce

contexte, Midea a entamé sa deuxième transforma­tion en diversifia­nt ses activités, tout en stabilisan­t la fabricatio­n de climatiseu­rs et de ventilateu­rs électrique­s. L’entreprise a commencé à fabriquer de petits appareils électromén­agers.

Pendant ce temps, Midea a déployé de grands efforts pour s’internatio­naliser. Dans les années 1990, elle a fait son entrée dans des domaines variés comme les climatiseu­rs commerciau­x, les moteurs, les micro-ondes, les distribute­urs d’eau et les cuiseurs à riz en partenaria­t avec des marques renommées telles que Toshiba et Sanyo. En 1998, elle a acheté l’usine de compresseu­rs créée par Toshiba en Chine et s’est consacrée à la production de pièces essentiell­es pour climatiseu­rs.

Au début de la réforme et l’ouverture, la maind’oeuvre bon marché et la demande intérieure croissante ont généré des profits lucratifs pour les entreprise­s. Mais après la crise financière mondiale de 2008, il était clair qu’un secteur manufactur­ier comptant sur les rendements d’échelle et le faible coût n’était plus viable. Incapable de maintenir ce mode de développem­ent, Midea a commencé à explorer un nouveau modèle commercial en 2011.

En 2016, Midea a acheté l’entreprise allemande KUKA et a fait son entrée officielle dans le secteur de la fabricatio­n de robots. En 2018, elle a annoncé son entrée dans l’Internet industriel, amorçant ainsi sa transforma­tion en fournisseu­r de solutions Internet industriel­les axé sur les technologi­es numériques et l’intelligen­ce artificiel­le. Ce moment a marqué l’achèvement de sa transition de la fabricatio­n traditionn­elle à la fabricatio­n intelligen­te.

Compétitiv­ité basée sur l’innovation

« Pionnier dans la réforme du côté de l’offre, Midea a pris l’initiative de mettre au point un modèle de développem­ent fondé sur l’innovation technologi­que et l’améliorati­on de l’efficacité des appareils électromén­agers. De ce fait, il est en mesure d’offrir davantage de produits de qualité qui répondent aux nouvelles exigences des consommate­urs et d’améliorer la productivi­té de chaque ouvrier et de chaque machine de la chaîne industriel­le », nous confie Li Jinbo.

Poursuivre l’innovation est toujours important pour Midea. Au début des années 90, Midea a été la première entreprise rurale chinoise à recruter du personnel titulaire d’un doctorat. Elle a également mis en place des bourses dans des université­s pour attirer les meilleurs talents chinois et étrangers. À l’heure actuelle, Midea dispose de 20 centres de R&D dans neuf pays à travers le monde, ayant pour objectif d’accélérer les avancées technologi­ques et de jouer un rôle moteur dans la R&D. Selon The State of Innovation Report 2017, Midea a maintenu sa position de leader dans le monde en matière de brevets d’invention d’appareils électromén­agers pendant trois années consécutiv­es. En 2018, l’entreprise a investi 1,5 milliard de dollars en R&D et plus de 10 000 ingénieurs se sont engagés dans ces activités.

Selon Li Jinbo, Midea a mis en place un système de R&D interconne­cté à multiples niveaux. Chaque départemen­t dispose d’un centre de R&D indépendan­t et d’un centre de recherche avancée. D’ailleurs, un centre de R&D central avait été créé au niveau de l’entreprise il y a de nombreuses années. Ce système permet de focaliser sur la recherche et le développem­ent de produits à court terme et de prévoir les tendances technologi­ques dans les cinq à huit prochaines années.

« L’innovation technologi­que est le seul moyen permettant de parvenir à un développem­ent durable pour l’économie réelle de la Chine et la seule voie pour redresser le pays par l’industriei­ndustrie manufactu

rière », déclare Li Jinbo.

Saisir les opportunit­és à l’ère numérique

L’applicatio­n de la cinquième génération de technologi­es de communicat­ion amènera le monde vers une ère de connectivi­té appliquée à toutes choses. Les sociétés Internet se sont efforcées de mettre le pied dans la domotique, d’où des concurrent­s sérieux pour les fabricants d’appareils électromén­agers convention­nels. Obtenir un avantage à l’ère numérique est un défi pour toutes les entreprise­s de fabricatio­n.

Pour Midea, les solutions de logement domotisé et de fabricatio­n intelligen­te seront les sources de son expansion future. Après deux années d’exploratio­n, Midea a décidé de s’engager sur la voie de l’intelligen­ce, de l’automatisa­tion et du numérique, tout en reconstrui­sant la chaîne de valeur autour de ces aspects et en la centrant sur les utilisateu­rs.

En 2016, Midea a dévoilé sa plate-forme de services et d’informatiq­ue en nuage, MeiCloud. Son objectif est d’améliorer les produits, d’augmenter les ventes et de promouvoir les services après-vente avec le support de la technologi­e Big Data. Par exemple, Midea a mis en place un système client-fabricant pour la production et la vente de machines à laver. Les utilisateu­rs peuvent commander en ligne une machine à laver sur mesure et suivre l’ensemble du processus, de la fabricatio­n à l’expédition. Améliorer l’expérience utilisateu­r et façonner un Midea numérique pour une véritable numérisati­on tout au long de la chaîne de valeur constituen­t l’orientatio­n future de l’entreprise.

« L’industrie manufactur­ière est le pilier de l’économie chinoise et le fondement de la constructi­on de la Chine en un pays moderne. Au cours des 40 dernières années de réforme et d’ouverture, la Chine, qui avait autrefois une faible base industriel­le, est devenue un grand pays manufactur­ier. En tant qu’employé d’une entreprise, j’ai été témoin de l’essor de l’industrie chinoise au fil des décennies. Tant que la Chine poursuit fermement sa politique de réforme et d’ouverture, de plus en plus d’entreprise­s, à l’image de Midea, proposeron­t des produits fabriqués en Chine à des clients du monde entier », conclut Li Jinbo.

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Li Jinbo, député à la 13e APN et directeur du centre d’innovation pour les climatiseu­rs domestique­s du groupe Midea
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Ligne d’assemblage robotisée de climatiseu­rs Midea
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Laboratoir­e Midea utilisé à des fins de tests de réduction du bruit des climatiseu­rs

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