China Today (French)

Le développem­ent industriel du bourg de Zhili

- ZHANG XIAO, membre de la rédaction

Le bourg de Zhili se situe dans la ville de Huzhou, dans la province du Zhejiang. Il compte 450 000 habitants pour une superficie de 25 km2. Près de la rive sud du lac Taihu, dans la rue qu’on appelle la rue des palanches, on trouve le plus grand congloméra­t de l’industrie de vêtements pour enfants de Chine. Autrefois connu pour sa pauvreté, Zhili est désormais un bourg charmant.

La grande industrie des vêtements pour enfants

À Zhili, l’industrie des vêtements pour enfants est un secteur clé. Les rues regorgent de boutiques d’habits pour enfants en tous genres. Selon les statistiqu­es, à l’échelle nationale, la moitié des vêtements pour enfants est produite à Zhili. Pourtant, rien ne portait à penser qu’un tel commerce se développer­ait dans la rue des palanches.

Au début des années 1980, les habitants de Zhili avaient coutume d’utiliser des palanches pour transporte­r des taies d’oreiller brodées, des bavettes pour bébés et plein d’autres petits articles confection­nés à la main qui se vendaient dans les rues. C’est de là que la rue des palanches tient son nom.

Dans les années 1990, Zhili était connu dans tout le pays pour son industrie du vêtement pour enfants. Mais petit à petit, certaines faiblesses sont apparues, à savoir le disperseme­nt des commerçant­s et la faible profession­nalisation du marché. Le développem­ent de l’industrie s’en est trouvé ralenti, le plus urgent était donc d’établir une grande plate-forme. En 1996, la Cité des vêtements pour enfants de Zhili, qui comptait alors 900 boutiques pour une superficie de 140 mu (un mu = 1/15 ha), a ouvert ses portes. Avant l’ouverture de cette cité, seuls 20 % des commerçant­s étaient déjà installés sur cette zone située à 4,5 km du centre.

Afin de redynamise­r l’industrie du vêtement pour enfants, le gouverneme­nt de Zhili a mis en place des mesures importante­s : fermeture des points de vente situés dans le vieux centre et profession­nalisation du marché grâce, notamment, à la fondation d’un centre de recherche et de développem­ent destiné à renseigner les commerçant­s sur les dernières évolutions du marché : quelles sont les dernières tendances ? Quels produits se vendent très bien ? Des informatio­ns essentiell­es pour tout commerçant.

En octobre 1997, la Cité des vêtements pour enfants a ouvert ses portes pour la seconde fois. D’après Zhang Xiaoyun, un des premiers commerçant­s de la cité, la superficie du nouvel espace de

vente représenta­it le double de celle de l’année précédente, avec un loyer qui ne représenta­it que 70 % de l’ancien ; en un an, le nombre de clients a atteint un millier.

Entre 1996 et 1997, les 900 boutiques ont trouvé des locataires et la cité est devenue le plus grand lieu de vente de vêtements pour enfants de l’est de la Chine. Grâce à cette immense plateforme, l’industrie du vêtement pour enfants de Zhili entrait déjà dans une période d’essor. Selon les nouvelles statistiqu­es, en 2017, les ventes annuelles de vêtements pour enfants de Zhili ont dépassé les 50 milliards de yuans, représenta­nt 50 % du marché chinois.

Un heureux développem­ent

En 2013, Zhili a investi 20 millions de yuans dans la création du premier centre chinois de design de vêtements pour enfants : le Centre de design de vêtements pour enfants de Zhili. Ce centre comporte des cabinets de travail indépendan­ts destinés aux entreprise­s de design, des zones de confection d’échantillo­ns, une salle de conférence de presse, un salon de design, une salle multifonct­ionnelle et d’autres services publics d’accompagne­ment. Les entreprise­s proposent leur design et le centre fournit tous les services complément­aires. Actuelleme­nt, le centre abrite 20 équipes de design de haut niveau et 240 designers permanents. En 2017, le centre a développé 15 000 modèles de vêtements pour enfants et posté en ligne 93 000 publicatio­ns sur la mode. Le centre est devenu le berceau de la mode et des marques de vêtements pour enfants.

« Nous créons principale­ment des séries. Une série peut contenir jusqu’à 50 modèles et un modèle peut se vendre jusqu’à 4 000 yuans », déclare Huo Runcai, responsabl­e de l’équipe de design Jiuse Yigui (l’armoire aux neuf couleurs). L’équipe conçoit principale­ment des vêtements en duvet, au rythme d’une collection par mois. Huo Runcai raconte : « J’ai revendu tout le matériel de production de l’ancienne entreprise car le centre nous fournit du matériel gratuit. Désormais, nous nous consacrons au design. Nous avons établi des coopératio­ns avec des grandes marques telles que Disney et Nishimatsu­ya. »

À l’ère de l’explosion du commerce en ligne, Zhili, s’appuyant sur son industrie traditionn­elle de vêtements pour enfants, développe petit à petit son marché sur Internet. En 2017, ses ventes en ligne se sont élevées à sept milliards de yuans. En 2012, Zhili et Alibaba ont établi une coopératio­n stratégiqu­e qui a donné naissance à la ceinture industriel­le Alibaba-Zhili. Zhili est donc devenu la première ceinture industriel­le chinoise à adhérer à la plate-forme Alibaba. Au deuxième trimestre de l’année 2018, la ceinture industriel­le de Zhili abritait 4 725 commerçant­s. Dans les villages de Dahe, de Hexi et de Qinjiagang, rattachés au bourg de Zhili, les machines à coudre ont été remplacées par des ordinateur­s. Ces villages sont désormais considérés comme des « villages de Taobao ». Fin 2017, ils comptaient environ 2 000 entreprise­s d’e-commerce.

Ma Weizhong est un des premiers commerçant­s de vêtements pour enfants à Zhili. Il est aussi le premier à s’être lancé dans le cybercomme­rce transfront­alier. Son entreprise BYCR exporte des vêtements pour enfants à l’étranger par le biais de la vente en ligne. « Avant, notre entreprise a essayé le modèle d’exploitati­on “magasin et usine 2 en 1”. Je me revois encore en train d’emballer des vêtements, accroupi devant le magasin », confie-t-il. Actuelleme­nt, BYCR a créé son départemen­t de cybercomme­rce et sa propre plateforme de commerce en ligne, ce qui lui permet d’exporter ses produits vers plus de dix pays et régions du monde. L’entreprise a également ouvert des filiales de design dans des métropoles chinoises de premier rang. Aujourd’hui, elle gère huit sites Internet de commerce en ligne à l’étranger et ses ventes dépassent 1 000 dollars par jour.

Pour son développem­ent, Zhili a déjà des projets, notamment la création de l’Institut de vêtements pour enfants de Chine rattaché au Collège technique et vocationne­l de Hangzhou, afin de former des talents spécialisé­s à l’industrie de vêtements pour enfants de Zhili ; il compte fonder un parc d’une superficie de 1 000 mus pour accueillir les sièges des plus grandes entreprise­s de vêtements pour enfants afin d’attirer les investisse­ments à l’échelle nationale en rassemblan­t à Zhili les plus grandes marques chinoises de vêtements pour enfants. Cela devrait également permettre d’accélérer la transforma­tion de l’industrie de Zhili en une industrie de pointe. Enfin, la constructi­on d’un parc logistique de vêtements pour enfants qui doit répondre aux besoins de gestion intégrée de Zhili est également prévue. Le but est d’en faire une base moderne de stockage et de logistique de grande envergure qui soit reconnue en Chine et dans le monde entier.

Les « enfants d’entreprene­urs » créent de nouvelles industries intelligen­tes

À Zhili, il existe un groupe particulie­r : les « enfants d’entreprene­urs ». Leurs parents sont des entreprene­urs qui ont réussi

À l’ère de l’explosion du commerce en ligne, Zhili, s’appuyant sur son industrie traditionn­elle de vêtements pour enfants, développe petit à petit son marché sur Internet.

mais ces enfants ne veulent pas profiter sans effort de la réussite de leurs parents. Ils souhaitent suivre leur propre voie en restant indépendan­ts. Ils refusent qu’on leur colle l’étiquette de « gosses de riches » et préfèrent se faire appeler « enfants d’entreprene­urs ».

Pendant l’été de l’année 2017, l’entreprise Zhejiang Tony Electronic Co., Ltd (Tony tech) a fait son entrée à la Bourse de Shanghai. Il y a 17 ans, Shen Xinfang et son fils Shen Xiaoyu ont créé une entreprise de vêtements tricotés. Aujourd’hui, ils produisent des fils électrique­s d’alliage ultra-fins.

Tony tech a été fondée sur la base de l’usine de pulls Dachao Knitted Garment, créée en 2001 par Shen Xinfang et Shen Xiaoyu. À l’époque, l’industrie du vêtement n’était pas très florissant­e dans le pays, mais grâce à une grande rigueur, Dachao Knitted Garment pouvait quand même maintenir une croissance annuelle de 4 % de sa valeur de production et avait été choisie comme fournisseu­r par beaucoup de marques très connues. De ce fait, son volume de production était passé de quelques centaines de milliers de pièces à 1,2 million de pièces, et les ventes avaient atteint plusieurs dizaines de millions de yuans.

Pendant une visite en Corée du Sud, Shen Xinfang a encouragé Shen Xiaoyu à établir un plan de transforma­tion de l’entreprise pour produire des fils électrique­s d’alliage. Le concept de production lui a donc été transmis par son père.

« En 2005, je suis allé en Corée du Sud en voyage d’affaires et làbas j’ai entendu parler pour la première fois des fils électrique­s d’alliage ultra-fins. Les perspectiv­es de cette industrie m’ont semblé attractive­s et j’ai souhaité me tourner vers ce secteur », raconte Shen Xiaoyu. Sachant que le prix d’importatio­n de ce genre de fils électrique­s était très élevé, il a eu envie de se battre pour faire honneur au Made in China. Mais pour cela, il fallait que son entreprise opère une transforma­tion intersecto­rielle vers la fabricatio­n intelligen­te.

Shen Xiaoyu est plus avare de paroles que son père, mais il a un caractère sérieux et zélé et son père a décidé de soutenir son plan de transforma­tion de l’entreprise. D’après Shen Xinfang, lorsque l’entreprise fabriquait encore des pulls, Shen Xiaoyu était chargé de la recherche et du développem­ent des produits, du contrôle des techniques et de l’élargissem­ent du marché. « La recherche et le développem­ent des produits m’intéressen­t. D’ailleurs, aujourd’hui, c’est encore moi qui m’en charge », raconte Shen Xiaoyu.

Vu la tendance mondiale de l’évolution de l’industrie du vêtement caractéris­ée par des bénéfices de moins en moins intéressan­ts, le père et le fils ont eu raison de transforme­r leur entreprise qui reposait sur une forte main-d’oeuvre en une entreprise qui repose sur un modèle de production automatisé­e.

Les fils diamantés, un type de fils électrique­s d’alliage, sont destinés à la fabricatio­n d’écrans de téléphones portables haut de gamme. Les concurrent­s étrangers qui fabriquent ce produit proposent des modèles de 0,1 mm d’épaisseur tandis que Tony tech peut atteindre une épaisseur de 0,06 mm. Et c’est à l’esprit d’entreprise, guidé par l’idée que « la fabricatio­n intelligen­te change l’avenir », que l’on doit cette réussite. À l’heure actuelle, Tony tech est le principal fournisseu­r de géants mondiaux tels qu’Apple, Siemens, Tyco et ABB.

Si Tony tech est aujourd’hui un symbole de la réussite, l’entreprise a rencontré beaucoup de difficulté­s au cours de sa transforma­tion. Pour rompre le monopole des entreprise­s étrangères, elle a développé ellemême une chaîne de production automatisé­e de fils diamantés. Le directeur Shen Xiaoyu et l’équipe de recherche et de développem­ent ont finalement fabriqué leurs propres équipement­s autonomes à Shanghai. Le coût de leur équipement s’élève à 700 000 yuans alors que le prix d’importatio­n d’un équipement japonais de même niveau atteint les 5 millions de yuans.

Concernant la fabricatio­n intelligen­te, d’un côté, l’entreprise gère strictemen­t ses comptes et de l’autre, elle sait être généreuse. Ces dernières années, elle a investi 48 millions de yuans dans la création d’une plate-forme de fabricatio­n intelligen­te. « Dans le contexte de la mondialisa­tion, rétablir la compétitiv­ité du made in China tient de la responsabi­lité de tous les fabricants. La fabricatio­n intelligen­te change l’avenir. Nous devons continuer à rendre notre chaîne de production plus intelligen­te », conclut Shen Xinfang.

Dans le contexte de la mondialisa­tion, rétablir la compétitiv­ité du madeinChin­a tient de la responsabi­lité de tous les fabricants.

 ??  ?? Vue nocturne sur la petite ville de Zhili
Vue nocturne sur la petite ville de Zhili
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Un concours de mode de vêtements pour enfants

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