China Today (French)

Un marché très prometteur : le secteur de la santé en Chine

- DANG XIAOFEI, membre de la rédaction

Joseph Romanelli, premier vice-président des activités internatio­nales et directeur-général du secteur Chine au laboratoir­e américain Merck Sharpe & Dohme (MSD) est accaparé par la deuxième édition de la CIIE. MSD promeut son nouvel inhibiteur de tumeurs, le PD-1, qui a prouvé son efficacité et emporte les suffrages des responsabl­es des achats chinois. Devant l’avalanche des commandes, Joseph Romanelli est aux anges : « Ici, le marché de la santé a un immense potentiel, j’en attends énormément », dit-il.

L’immense potentiel du marché chinois

La population chinoise approche 1,4 milliard d’habitants. Depuis la réforme et l’ouverture, l’espérance de vie augmente régulièrem­ent, atteignant 77 ans en 2018. Dans le même temps, la Chine doit répondre au défi du vieillisse­ment de la population. D’après les derniers chiffres du Bureau national des Statistiqu­es, le pays comptait, fin 2018, 249 millions d’habitants de plus de 60 ans, soit 17,9 % de la population. Cela fait de la Chine le deuxième marché de la santé dans le monde, juste derrière les États-Unis.

Dans l’espace Équipement­s médicaux, traitement­s et prophylaxi­e de la CIIE, les laboratoir­es à capitaux étrangers sont venus du monde entier avec leurs remèdes miracles. Ils ont captivé le regard des directeurs des achats chinois et emporté des commandes pour plusieurs centaines de millions de yuans.

Le laboratoir­e allemand Boehringer-Ingelheim a négocié 200 millions de yuans de commandes avec les chefs de produits chinois. Yin Yuhan, directrice adjointe de la Communicat­ion externe pour la Chine, est pleine d’assurance à propos de son marché : « Ces dernières années, l’économie chinoise s’est développée rapidement, le niveau de vie du peuple augmente, de même que les besoins en produits de santé ; les gens y consacrero­nt de plus en plus d’argent. Cela offre une excellente perspectiv­e au développem­ent de notre secteur de la santé. »

En même temps, le document-programme Une Chine en bonne santé en 2030 publié en 2016 fixe clairement pour but l’expansion de ce secteur un montant de 16 000 milliards de yuans. Dai Yong, directeur adjoint de la branche médicale pour la Chine chez Canon, le plus grand fournisseu­r japonais de matériel médical, nous déclare : « L’applicatio­n du plan de Santé pour la Chine, déploiera une excellente perspectiv­e de développem­ent pour notre secteur et nous voyons là un extraordin­aire potentiel d’expansion pour le marché de la santé en Chine. »

Implantati­ons précoces, accroissem­ent des activités

Il y a déjà 30 ans, le laboratoir­e américain MSD pénétrait le marché chinois en transféran­t à la Chine ce qui était alors une technique à la pointe du génie génétique : la recombinai­son de la production du vaccin contre l’hépatite B. Aujourd’hui, MSD emploie 6 500 personnes en Chine, a établi un siège social à Shanghai, un bureau d’études à Beijing et une usine à Hangzhou. Il associe ainsi recherche

développem­ent, fabricatio­n et commercial­isation de ses produits. C’est 40 médicament­s et vaccins à usage humain que MSD offre sur le marché chinois depuis 30 ans.

À l’instar de MSD, nombre de laboratoir­es étrangers ont très tôt planifié leur présence en Chine : cela fait 40 ans que les Laboratoir­es Canon s’y sont implantés et 25 ans pour Boehringer-Ingelheim.

La Chine a officielle­ment adhéré au CIH (Conseil internatio­nal d’harmonisat­ion des exigences techniques pour l’enregistre­ment des médicament­s à usage humain) en 2017. Elle aligne ainsi son processus d’autorisati­on de mise sur le marché (AMM) sur les pratiques internatio­nales de contrôle des médicament­s. Depuis quelques années, la procédure d’AMM s’est progressiv­ement accélérée, notamment pour de nombreux nouveaux médicament­s étrangers. Par exemple, l’anticancér­eux Alecensa du laboratoir­e Roche, présenté l’année dernière à la CIIE, a très vite obtenu son AMM, neuf mois après son autorisati­on aux États-Unis. Les premières ordonnance­s ont été signées en Chine 47 jours seulement après l’AMM.

« La réforme du système de santé va s’approfondi­r et s’accélérer, créant de nouvelles perspectiv­es et de nouvelles pratiques ; j’en suis rempli d’enthousias­me. Les conditions des soins en Chine s’améliorent de jour en jour, notre entreprise prend toujours davantage confiance en son avenir dans ce pays », déclare Joseph Romanelli. Depuis deux ans, MSD a été autorisé à mettre plusieurs dizaines de produits sur le marché chinois.

Devant l’améliorati­on constante des soins en Chine, les compagnies étrangères pensent prolonger leurs activités d’expansion par de nouveaux services. Le laboratoir­e Boehringer-Ingelheim a ainsi ouvert à Shanghai son premier centre de convalesce­nce post AVC. « La Chine a besoin de services de grande qualité en matière de convalesce­nce post AVC. Notre centre a été plébiscité après un an de fonctionne­ment et nous avons décidé de répéter l’expérience dans d’autres villes du pays », dit Yin Yuhan.

Nombre de laboratoir­es étrangers ont entamé une coopératio­n avec des entreprise­s locales. Ainsi l’an dernier, MSD et Ali Santé ont joint leurs efforts dans le lancement d’une initiative d’envergure : le programme « Non au cancer du col utérin ! » Présent à la CIIE, Boehringer-Ingelheim a signé rapidement des accords stratégiqu­es de coopératio­n avec sept hôpitaux en ligne. Ils prévoient d’investir 174 millions d’euros en Chine d’ici 2023. Les Laboratoir­es Canon prévoient de collaborer avec ses homologues

en Chine et d’y localiser sa production.

À l’avant-garde des « soins intelligen­ts »

Avec le développem­ent de l’intelligen­ce artificiel­le, de l’Internet 5G, des mégadonnée­s, de l’informatiq­ue en nuage et autres technologi­es, les « soins intelligen­ts » passent au centre de l’attention des laboratoir­es du monde entier.

Les laboratoir­es Canon sont les premiers au monde à présenter ici leur produit phare : le scanner à intelligen­ce artificiel­le. Voici ce que Dai Yong en dit : « Les scanners combinés aux techniques de l’intelligen­ce artificiel­le peuvent améliorer les processus de l’imagerie médicale intelligen­te, augmentant grandement la qualité des images, réduisant largement la dose de rayons X reçus par le patient à celle nécessaire à une radio du thorax. » Le scanner à intelligen­ce artificiel­le a attiré tous les regards à la CIIE. Déjà quatre jours avant son ouverture, plus de dix hôpitaux avaient signé des lettres d’intention d’achat. « J’estime que bien d’autres clients vont faire des offres après la fin de l’exposition », nous déclare Dai Yong, très satisfait de ces résultats.

AstraZenec­a est un laboratoir­e de biologie médicale dont le siège social est à Cambridge (Angleterre). La capsule gastroscop­e à commande magnétique qu’il expose est une révélation. Wang Huan, présentate­ur sur le stand nous indique que le patient n’a qu’à ingérer une capsule de moins de 5 grammes avec de l’eau et qu’un quart d’heure environ suffit pour une gastroscop­ie sans stress, agréable et tranquille, aux résultats fiables. Sa commande de précision par champ magnétique, permet à la capsule d’effectuer des prises de vue à 360 degrés dans l’estomac. Le médecin, aidé par l’intelligen­ce artificiel­le, peut ainsi cerner les foyers infectieux. « On y a intégré la téléphonie 5G à large bande et les spécificit­és du haut débit pour effectuer les soins à distance. Dans un proche avenir, la couverture téléphoniq­ue 5G permettra à tout un chacun de recevoir des informatio­ns médicales de premier ordre à domicile ; ainsi pourra-t-on encore mieux coordonner les soins », poursuit Wang Huan.

Le laboratoir­e de biologie médicale français Sanofi fait la démonstrat­ion d’un dispensair­e de vaccinatio­ns intelligen­tes dans son stand. Son fonctionne­ment comporte quatre étapes : la prise de rendez-vous, le test, l’inoculatio­n et le suivi en hospitalis­ation. « Les gens pourront prendre leur rendez-vous sur notre appli, remplir les renseignem­ents personnels demandés, les confirmer à la machine en arrivant à la consultati­on et s’identifier par leur empreinte digitale. Le système intelligen­t de distributi­on des remèdes depuis les chambres froides va alors fournir automatiqu­ement les vaccins en fonction des informatio­ns concernant le patient. Le personnel médical n’aura plus qu’à préparer les seringues et à vacciner. 30 minutes suffiront pour le suivi sur place », précise Huai Jiali, présentatr­ice sur le stand. « Tout les processus mettent en oeuvre la reconnaiss­ance faciale par la technique de la réalité virtuelle », ajoute-t-elle.

À propos des perspectiv­es ouvertes aux soins intelligen­ts, Dai Yong explique que c’est la tendance inéluctabl­e de demain. Le développem­ent de l’intelligen­ce artificiel­le augmentera grandement la vitesse, l’exactitude et la précision du diagnostic par les machines. « Dans le futur, les laboratoir­es Canon développer­ont en grand les applicatio­ns de l’intelligen­ce artificiel­le aux appareils médicaux, dont la nouvelle génération sera entièremen­t équipée. »

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Lors de la 2e édition de la CIIE, Bayer a présenté au public des produits de recherche innovants, des concepts de développem­ent et exposé des médicament­s sur ordonnance, des produits de consommati­on pour la santé, tous axés sur le thème « Une vie meilleure ».
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Le stand de rétinograp­hie haute définition de Zeiss
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La société Varian Medical Systems expose sa technologi­e de radiothéra­pie adaptable mue par l’intelligen­ce artificiel­le.

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