China Today (French)

Les cinq symboles de l’apprentiss­age mutuel sino-français

- JIANG JIANGUO*

L’histoire de la fusion et de l’apprentiss­age réciproque entre les civilisati­ons française et chinoise se déroule comme les flots d’un long fleuve, sans interrupti­on depuis un millier d’années. Je vous en fait partager ma compréhens­ion en choisissan­t cinq signes à portée historique et symbolique.

Le premier d’entre eux est « une route ». Les échanges et l’apprentiss­age mutuel sont un rouage important dans le progrès des sociétés humaines. Il y a plus de 2 000 ans, nos ancêtres, nourrissan­t un désir simple d’échanges amicaux, ont ouvert l’ancienne Route de la Soie et entamé une grande ère d’échanges dans l’histoire des civilisati­ons humaines. Dans la tradition d’apprentiss­age et d’enrichisse­ment mutuels sur la Route de la Soie, la Chine et la France occupent une position privilégié­e dans le monde ; elles font toutes deux briller d’un immense éclat la perle des deux grandes civilisati­ons d’Orient et d’Occident. De nos jours, l’initiative « la Ceinture et la Route », basée sur les principes de « concertati­on, synergie et partage », s’inscrit dans le sens de l’Histoire et représente un juste choix d’avenir. Le peuple chinois désire engager un dialogue des civilisati­ons riche d’inspiratio­ns pour toutes les parties, toujours plus étendu, plus diversifié et plus concret avec les peuples du monde, dont les Français. Le jardin luxuriant de la civilisati­on mondiale n’en offrira qu’une plus belle floraison.

Le deuxième est « un livre ». Offrant au président Xi Jinping le manuscrit de la version française du livre Confucius ou la science des princes datant de 1688, le président Macron ravivait la mémoire d’un événement marquant les échanges culturels sino-français. Le passage en Occident des études chinoises et l’influence des sciences européenne­s en Orient sont des phénomènes marquants dans l’histoire des civilisati­ons. Les Entretiens de Confucius et autres classiques de son école influencèr­ent grandement la pensée de Montesquie­u et de Voltaire, qui baptisa sa bibliothèq­ue « Temple de Confucius ». Depuis, les échanges culturels sino-français se sont poursuivis sans interrupti­on. Voltaire, Rousseau, Fourrier et autres penseurs influencèr­ent plusieurs génération­s de Chinois ; les oeuvres des génies des lettres françaises comme Balzac, Hugo et Flaubert sont appréciées en Chine. Aujourd’hui, Mo Yan, Mai Jia et autres auteurs chinois contempora­ins ont leurs admirateur­s en France. Cela prouve amplement que la civilisati­on se diversifie par l’échange et s’enrichit par l’apprentiss­age réciproque. Nous devons encourager et développer l’honorable tradition, et continuer d’être les participan­ts, les promoteurs et les contribute­urs de l’apprentiss­age culturel mutuel entre la Chine et la France.

Le troisième est « un groupe ». Il y a 100 ans, un groupe de jeunes Chinois remplis d’idéaux, attirés par le progressis­me de la civilisati­on française, ont bravé la distance pour chercher les moyens de transforme­r l’ancienne Chine et la vérité pour sauver le pays et le peuple. Le peuple français a fait bon accueil à ces étudiants en quête de savoir et les a aidés à accumuler techniques et connaissan­ces au futur service de leur patrie. Il y avait parmi eux plusieurs grands dirigeants de la Chine nouvelle comme Zhou Enlai et Deng Xiaoping, des grands noms des sciences et des arts comme Qian Sanqiang, Yan Jici, Xu Beihong et Lin Fengmian, attestant des résultats des échanges culturels sino-français. Ce passé est aujourd’hui commémoré par le Monument du Cen

tenaire par l’artiste chinois Wu Weishan, membre correspond­ant de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, qui se dresse sur la place Deng Xiaoping à Montargis. L’inspiratio­n réciproque entre les civilisati­ons chinoise et française a semé la compréhens­ion et l’amitié entre les deux pays. Ces graines germeront au milieu des tempêtes, deviendron­t des arbres montant jusqu’au ciel, soutenant le développem­ent de leurs relations vers un avenir toujours plus radieux.

Le quatrième est « une phrase ». À l’époque, le général de Gaulle avait tenu ce propos : « Qui sait si les affinités qui existent notoiremen­t entre les deux nations pour ce qui est des choses de l’esprit, compte tenu du fait qu’elles se portent, dans leur profondeur, sympathie et considérat­ion réciproque­s, ne les conduira pas à une croissante coopératio­n culturelle ? » Nous sommes bien heureux de voir sa prédiction se réaliser aujourd’hui. Plus d’un demi-siècle après la décision historique du président Mao et du général de Gaulle d’établir des relations diplomatiq­ues, les rapports entre les deux pays ont constitué un modèle de collaborat­ion fondée sur des avantages réciproque­s entre traditions culturelle­s et régimes différents. Elle est encore basée sur le respect mutuel entre les peuples, le traitement d’égal à égal, le soutien réciproque et une étroite coopératio­n. En tant que puissances dotées d’un esprit indépendan­t et souverain, la Chine et la France reposent sur un large consensus politique et un socle solide de coopératio­n sur des questions majeures telles que le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans le monde, la défense du multilatér­alisme et du libre-échange, ainsi que le soutien du rôle positif des Nations Unies, ce qui est redevable au cap politique que les dirigeants de plusieurs génération­s des deux pays ont fixé, ainsi qu’à l’attirance et l’ouverture mutuelles de deux grandes civilisati­ons. Les structures d’échanges humains et culturels à haut niveau que nous avons établies entre les deux pays, entre autres, les centres culturels nationaux mutuels et les années croisées de la culture, de la langue, du tourisme, ont de plus en plus rapproché les coeurs des deux peuples, dont les liens sont de plus en plus resserrés. L’apprentiss­age réciproque entre la Chine et la France les met à l’avant-garde des échanges Est-Ouest, confortant doucement le socle des sentiments amicaux au sein de l’opinion publique dans nos deux pays.

Le cinquième est « un rêve ». Le président Xi Jinping a tenu ce discours en 2014 lors de la commémorat­ion du cinquanten­aire des relations diplomatiq­ues sino-françaises : « J’espère sincèremen­t que nos deux pays et nos deux peuples, dans la poursuite de leurs rêves respectifs, se prêteront compréhens­ion et assistance pour réaliser ensemble le “rêve sino-français”. » Ce à quoi le président Macron répondit, lors de sa première visite officielle en Chine en 2018 : « Nous vivons un temps où la France et la Chine peuvent se permettre de rêver ensemble. » Les propos des deux chefs d’État nous font clairement comprendre la similitude entre les rêves chinois et français, nous partageons un « rêve sino-français ». La prospérité matérielle, une vie spirituell­e riche, un sentiment de satisfacti­on, de bonheur et de sécurité qui ne cessent de croître sont le but commun de toute civilisati­on et le contenu essentiel du « rêve sino-français ». La réalisatio­n de ce rêve passe par un processus d’apprentiss­age mutuel et de coopératio­n gagnant-gagnant entre les deux civilisati­ons. Face à l’évolution sans précédent depuis un siècle et aux défis croissants que la mondialisa­tion rencontre, il faut davantage renforcer la collaborat­ion entre les deux parties, faire davantage preuve d’initiative, engager un vaste dialogue entre civilisati­ons, puiser dans la sagesse culturelle, promouvoir la compréhens­ion mutuelle des peuples, donner une impulsion au développem­ent socioécono­mique pour avancer à grands pas vers l’objectif de réalisatio­n du « rêve sino-français ».

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 ??  ?? Le 20 septembre 2019, l’exposition itinérante internatio­nale « La Route de la Soie : voyage à travers les caractères chinois » débute à Lyon en France.
Le 20 septembre 2019, l’exposition itinérante internatio­nale « La Route de la Soie : voyage à travers les caractères chinois » débute à Lyon en France.

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