Concepts institutionnels derrière la réduction de la pauvreté
Conformément aux objectifs qu’elle s’est fixés, la Chine parviendra en 2020 à faire sortir de la misère toutes les populations rurales démunies et tous les districts pauvres, définis selon les critères en vigueur dans notre pays. Cette année marque en Chine une année décisive pour la victoire contre la pauvreté, mais aussi l’évaluation des résultats obtenus dans ce domaine. Nous avons invité Tan Weiping, directeur général adjoint du Centre international de la réduction de la pauvreté de Chine, à nous faire part de la sagesse et de l’expérience du pays en matière de réduction de la pauvreté, et à présenter de manière exhaustive la coopération pragmatique qui est menée à cet égard entre la Chine et la communauté internationale.
Des mesures de secours aux plus démunis à la réduction ciblée de la pauvreté en passant par le soutien au développement, la Chine s’est engagée sur une voie spécifiquement dédiée à la lutte contre la pauvreté et pour le développement. Depuis 2013, la stratégie d’assistance ciblée aux démunis et d’éradication précise de la pauvreté a démontré son efficacité, de telle sorte que le pays atteindra très probablement son objectif d’éliminer complètement la pauvreté absolue d’ici la fin de 2020. Dans le même temps, la Chine participe activement à la coopération et aux échanges internationaux, afin de faire avancer le combat mondial contre la pauvreté.
Les différents stades
La lutte contre la pauvreté en Chine est passée par différents stades.
Au premier stade, le pays s’est efforcé de résoudre le problème de la pauvreté rurale générale par le biais d’une réforme institutionnelle (1949-1978). Grâce à la réforme du système foncier rural, les obstacles institutionnels provoquant une pénurie de terres pour les agriculteurs ont été levés. Parallèlement, les conditions de vie des ruraux se sont considérablement élevées grâce à l’amélioration des infrastructures rurales, au développement des services d’éducation et de santé, à la généralisation des technologies agricoles et à l’instauration d’un système de sécurité sociale. Au cours de ce stade, la production céréalière totale a été multipliée par 2,69 ; le taux de mortalité infantile a chuté de 75 % ; l’espérance de vie de la population a été prolongée de près de 30 ans ; et la part de la population rurale n’ayant pas de quoi se nourrir et se vêtir a diminué de moitié.
Au deuxième stade, la lutte
contre la pauvreté et pour le développement ont été étroitement intégrés aux stratégies nationales, et la gouvernance de la pauvreté globale à l’échelle régionale s’est révélée d’une efficacité remarquable (1978-2012). La Chine a promulgué et mis en oeuvre le Plan septennal visant à aider 80 millions de Chinois à sortir de la pauvreté et deux Programmes de réduction de la pauvreté et pour le développement en zones rurales. Le gouvernement a également établi une politique de lutte contre la pauvreté axée sur le développement, défini les districts pauvres et les zones contigües extrêmement pauvres, et élaboré un système à quatre niveaux (allant de l’autorité centrale au district). Un mécanisme de coordination a été mis en place entre les sphères liées au progrès social, englobant la construction d’infrastructures et d’installations de base ainsi que les technologies agricoles, l’hydraulique, le transport, l’électricité et les communications, sans oublier l’éducation, la santé et la culture. Une lutte planifiée et organisée à grande échelle a ainsi été promue pour contrer la pauvreté à un niveau stratégique national.
Au troisième stade, à compter du XVIIIe Congrès du Parti communiste chinois en 2012, la Chine est entrée dans une nouvelle ère caractérisée par l’assistance ciblée aux démunis et l’éradication précise de la pauvreté. Considérant la lutte décisive contre la pauvreté comme une tâche fondamentale et un indicateur phare pour la construction intégrale d’une société de moyenne aisance, le Comité central du PCC, avec le camarade Xi Jinping comme noyau dirigeant, a pris l’engagement solennel d’éliminer la pauvreté absolue dans son ensemble d’ici 2020. Pour ce faire, il met en oeuvre une assistance ciblée aux démunis et une éradication précise de la pauvreté, en s’orientant vers une lutte au cas par cas, finement organisée autour de mesures ciblées et tournée vers le développement durable, afin d’extirper la pauvreté à la racine. Grâce à cette politique, la Chine a obtenu des résultats inégalés dans toute l’histoire de la lutte contre la pauvreté à l’échelle nationale. Elle est même devenue le pays ayant fait sortir le plus grand nombre d’individus de la pauvreté.
Mise en pratique des politiques et mesures ciblées
En fonction des normes actuelles (à prix courants), le taux de pauvreté rurale en Chine a chuté, passant de 97,5 % en 1978 à 1,7 % en 2018. Le nombre de ruraux pauvres est tombé de 770 millions à 16,6 millions.
Après la mise en oeuvre de la stratégie d’assistance ciblée aux démunis et d’éradication précise de la pauvreté en 2012, la Chine a accompli des prouesses inédites depuis le début de la lutte contre la pauvreté. Elle a tiré 80 millions de personnes hors de la pauvreté en seulement six ans, soit en moyenne plus de 13 millions de personnes sortant de la misère chaque année. Le taux de pauvreté est passé de 10,2 % à 1,7 %. À la fin de 2018, sur les 832 districts pauvres à travers le pays, 436 ont dit adieu à la misère ; et le nombre de villages pauvres inscrits et fichés est passé de 128 000 à 26 000 à la fin de 2018.
Grâce aux mesures prises, les revenus des résidents ruraux ont grimpé en flèche. Selon les statistiques, le revenu disponible par résident rural dans les zones pauvres en 2018 atteignait 10 371 yuans, soit 1,7 fois celui de 2013. De 2013 à 2018, le revenu a suivi une croissance moyenne de 12,1 %. Après déduction du facteur prix, ce taux de croissance annuel moyen atteignait 10 %, soit un taux de croissance réel de 2,3 points de pourcentage supérieur à la moyenne nationale.
En 2018, le revenu disponible par habitant pour les ruraux vivant dans des zones défavorisées équivalait à 71 % de la moyenne enregistrée dans les zones rurales du pays, soit une hausse de 8,9 points de pourcentage par rapport à 2012. Ainsi l’écart de revenu constaté entre ces zones défavorisées et les autres zones rurales chinoises ne cesse de se réduire.
Le niveau des infrastructures et des services publics dans les zones pauvres s’est nettement amélioré. Dans les zones défavorisées, la lutte contre la pauvreté est intégrée dans la situation globale du développement socioéconomique, amorçant un nouveau cycle de développement. L’investissement dans les infrastructures et les services publics a fortement augmenté ; la capacité de développement s’est considérablement renforcée ; les secteurs caractéristiques et porteurs se sont rapidement développés ; l’environnement naturel s’est substantiellement amélioré ; et la qualité de vie des personnes pauvres s’est constamment élevée. En 2017, au niveau des télécommunications, la proportion de villages naturels (une sorte de « hameau ») reliés au réseau téléphonique dans les zones défavorisées était de 98,5 %, soit 5,2 points de pourcentage de plus qu’en 2013 ; la proportion de villages naturels ayant accès à la télévision par câble était de 86,5 %, soit 15,8 points de pourcentage de plus qu’en 2013 ; la proportion de
villages naturels bénéficiant d’une connexion à Internet à haut débit était de 71 %, soit 29,5 points de pourcentage de plus qu’en 2013. Toujours en 2017, au niveau des transports, la proportion de villages naturels connectés à des axes routiers goudronnés était de 81,1 %, soit 21,2 points de pourcentage de plus qu’en 2013 ; et la proportion de villages naturels desservis par des navettes était de 51,2 %, soit 12,4 points de pourcentage de plus qu’en 2013.
Le système de gouvernance de la pauvreté s’est considérablement amélioré. La stratégie d’assistance ciblée aux démunis et d’éradication précise de la pauvreté comprend un ensemble complet de concepts institutionnels, y compris la définition d’objectifs clairs, l’établissement de dossiers individuels pour chaque personne pauvre, la mise en oeuvre de mesures ciblées et la mise en place d’un système institutionnel autour de sept mots-clés : responsabilités, politique, investissement, assistance, mobilisation, supervision et évaluation.
Concernant le système de responsabilités, il requiert que le chef de chaque échelon au sein du Parti et du gouvernement maintienne la stabilité dans les districts pauvres pendant toute la période de lutte contre la pauvreté. Dans ce cadre, il convient de désigner des secrétaires des organisations du Parti aux cinq échelons (province, ville, district, canton et village) coordonnant leurs actions d’aide aux démunis, afin de mettre en oeuvre un système de responsabilités multi-niveaux pour la gouvernance de la pauvreté.
Concernant le système politique, le Conseil des affaires d’État a publié le XIIIe Plan quinquennal de lutte décisive contre la pauvreté. L’autorité centrale et les divers départements d’État ont publié des politiques ou programmes d’application. Toutes les autorités locales ont publié et révisé une série de documents pour lutter contre la pauvreté. Nombre de préoccupations de longue date ont pu être réglées par des mesures ciblées.
Concernant le système d’investissement, des fonds budgétaires spéciaux pour la lutte contre la pauvreté au niveau central et provincial ont été complétés par des soutiens financiers et d’autres sources d’investissement.
Concernant le système d’assistance, 775 000 cadres ont été sélectionnés à travers le pays pour se charger de l’assistance dans les villages durant leur mandat de 1 à 3 ans. Le Département de l’organisation du Comité central du PCC a organisé le travail visant à renforcer l’édification du Parti pour promouvoir la réduction de la pauvreté et a désigné 188 000 cadres talentueux comme premiers secrétaires de la cellule du Parti dans des villages défavorisés et des villages avec des organisations du Parti faibles, afin de jouer un rôle de bastion dans la lutte contre la pauvreté.
Concernant le système de mobilisation, la coopération entre les régions de l’Est et de l’Ouest en matière de réduction de la pauvreté concerne aujourd’hui les 30 départements autonomes ethniques que compte la Chine. Au total, 320 unités au niveau central ont été désignées pour aider 592 districts pauvres ; en outre, l’armée et la police armée du peuple ont été désignées pour assister plus de 2 000 villages défavorisés.
Concernant le système de supervision, les visites d’inspection entreprises par le gouvernement central ont souligné l’importance de la lutte contre la pauvreté. Afin d’effectuer une supervision démocratique, les comités centraux des huit partis non-communistes surveillent respectivement huit provinces et régions comptant un grand nombre de pauvres et affichant un taux de pauvreté élevé. Les autorités chargées de la lutte contre la pauvreté ont établi
12 317 numéros de téléphone réservés aux dénonciations. La coopération tous azimuts entre les services de contrôle disciplinaire et de supervision, les services d’audit et financiers, les médias et la société a également été renforcée.
Concernant le système d’évaluation, le gouvernement central a publié des mesures pour évaluer l’efficacité des comités du Parti et des gouvernements à l’échelon provincial en matière de lutte contre la pauvreté et de développement. Dès 2016, une évaluation annuelle a été réalisée, sous la houlette du Groupe dirigeant de la lutte contre la pauvreté et du développement du Conseil des affaires d’État. Ce document juge principalement des résultats atteints, de l’identification précise, de l’assistance ciblée et de l’utilisation des fonds pour garantir l’efficacité du travail mené face à la pauvreté.
Depuis la réforme et l’ouverture, la Chine a mis en oeuvre sa stratégie de lutte contre de la pauvreté et pour le développement de manière organisée, planifiée et à grande échelle. La Chine, le pays en développement ayant réalisé le plus rapidement son objectif de réduction de la pauvreté, l’un des Objectifs du Millénaire pour le Développement, a contribué à l’élimination de la pauvreté dans le monde à hauteur de plus de 70 %. En 2020, la Chine parviendra à faire sortir de la misère toutes les populations rurales démunies et tous les districts pauvres, définis selon les critères en vigueur dans notre pays. La Chine apportera donc une solution historique au problème de la pauvreté absolue, en atteignant avec dix ans d’avance l’objectif de lutte contre la pauvreté inscrit dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies. Ce faisant, elle insufflera un nouvel élan au processus mondial de lutte contre la pauvreté et apportera la sagesse et la solution chinoises pour combattre la misère.