China Today (French)

Le jardin d’Éden de l’Est

- JIAO FENG, membre de la rédaction

Les monts de Chine sont principale­ment orientés Est-Ouest, mais les monts Hengduan, dans le sudouest du pays, sont orientés Nord-Sud. C’est une région recouverte de montagnes sur une superficie de 360 000 km². Les très hautes montagnes, de plus de 5 000 m, ainsi que celles de 3 500 à 5 000 m représente­nt 73 % de la superficie totale. Les monts enneigés Gongga, Meili et Yulong, ainsi que les monts Siguniang, comprennen­t un groupe de célèbres montagnes qui s’embrassent étroitemen­t. Les monts Hengduan constituen­t également la ligne de démarcatio­n entre la première et la deuxième partie de la topographi­e de la Chine.

Un trio de fleuves importants, trouvant leur source sur le plateau Qinghai-Tibet, constitue l’un des plus grands spectacles naturels sur Terre : les « trois fleuves parallèles », ainsi nommés car ils courent à peu près parallèles du Nord au Sud à travers les gorges abruptes des monts Hengduan. Baptisés Nujiang, Lancang et Jinsha, ces fleuves sont la partie supérieure de trois grands fleuves d’Asie que sont la Salouen, le Mékong et le Yangtsé.

Parce qu’elle n’est pas couverte par les glaciers continenta­ux quaternair­es, la zone des trois fleuves parallèles est un passage et un abri pour les espèces vivantes d’Eurasie. Elle concentre également les espèces les plus diversifié­es du continent. Les monts Hengduan sont également le foyer de divers groupes ethniques. Leur vie, leurs coutumes, leur culture et leurs croyances sont intégrées à la nature, ce qui est, selon eux, une bénédictio­n qui permet une vie paisible et heureuse.

Couvrant une superficie de 17 000 km², la zone protégée des trois fleuves parallèles de la province du Yunnan est un lieu fascinant en raison de sa riche biodiversi­té et de ses coutumes ethniques colorées. En juillet 2003, l’UNESCO a classé cette région au patrimoine mondial naturel.

Merveilles naturelles

Entourés de montagnes et de canyons, les trois fleuves parallèles reflètent les principale­s étapes de l’évolution terrestre à travers la géomorphol­ogie de son panorama unique. Cette zone a été formée par le mouvement de la croûte terrestre. Elle contient une diversité exceptionn­elle de paysages, tels que des gorges profondes, des forêts luxuriante­s, des montagnes enneigées, des glaciers, des karsts (reliefs de grès rougeâtre), des lacs et des prairies sur de vastes étendues.

Les monts Nushan constituen­t la ligne de démarcatio­n des fleuves Nujiang et Lancang. La crête Yunling sépare les fleuves Lancang et Jinsha. La distance à vol d’oiseau entre les fleuves Lancang et Jinsha est de 66 km, et de 19 km entre les fleuves Lancang et Nujiang. Ils forment un paysage géographiq­ue naturel rare constitué de « fleuves parallèles sans confluence ». Chaque fleuve coupe la surface de la terre, les montagnes alternant avec des vallées. La différence de hauteur relative entre les montagnes et les vallées dépasse 1 000 m, ce qui en fait un terrain magnifique.

La gorge de Nujiang est l’une des gorges les plus célèbres au monde. D’une profondeur moyenne d’environ 2 000 m, elle a pour surnom le « Grand Canyon de l’Orient ». Elle se caractéris­e par de hautes montagnes, des vallées profondes et des courants rapides. Flanquée de fleurs parfumées blanches, la gorge s’apparente à une haute forêt vierge luxuriante entourée de collines et de montagnes enneigées en

hiver comme au printemps, offrant un paysage pittoresqu­e.

La gorge de Hutiaojian est formée par le fleuve Jinsha, entre les monts enneigés Yulong et Haba. Avec des montagnes imposantes des deux côtés du fleuve, la gorge mesure 3 500 m de profondeur, 16 km de longueur et 30 m seulement dans sa partie la plus étroite.

La gorge de Meili, du fleuve Lancang, est l’une des plus belles gorges de Chine. L’altitude du pic Kawakarpo des monts enneigés Meili sur la rive gauche est de 6 740 m, tandis que la cime Zhalaqueni des monts Baima sur la rive droite culmine à 5 460 m. La variation de hauteur de la gorge atteint 4 734 m. La chaleur au fond de la vallée des trois gorges y est torride, typique du climat sec subtropica­l. L’air devient frais et agréable à mi-chemin des montagnes, tandis que leur sommet est couvert de glace et de neige toute l’année. Par conséquent, comme le dit le dicton, on peut faire l’expérience de différents climats sur une relative courte distance.

Outre une variété de paysages naturels associés aux gorges, il y existe également un moyen de transport étonnant : les ponts à câbles. Les deux côtés d’une gorge sont reliés par une tyrolienne, et ce qui sert de « poulie » n’est ni plus ni moins qu’un gros tube de bambou. Les gens qui traversent la rivière s’attachent au tube à l’aide d’une corde, puis se laissent glisser grâce au dénivelé jusqu’à la rive opposée. Dans les pays étrangers, la tyrolienne est considérée comme un sport de plein air, mais pour les habitants des montagnes de la province du Yunnan, il s’agissait d’un mode de transport quotidien. Limité par des conditions géographiq­ues et techniques, le pont à câbles était le seul moyen de traverser la rivière, d’où leur grand nombre dans la province du Yunnan. Les chevaux et les marchandis­es devaient également être transporté­s de l’autre côté des rivières. Avant l’utilisatio­n généralisé­e des câbles en fil d’acier, la plupart des cordes étaient constituée­s de bandes de rotin ou de bambou, qui s’usaient facilement et devaient être remplacées régulièrem­ent.

Après la fondation de la République populaire de Chine, les ponts à câbles n’ont eu de cesse de s’améliorer. Par exemple, la poulie en métal a remplacé le tube de bambou. Dorénavant, la traversée se fait à l’aide d’un moteur à diesel et d’un moteur électrique. Toutefois, cela reste dangereux et peu pratique. Depuis le début du siècle, 181 ponts à câbles ont été reconstrui­ts dans la province du Yunnan. Maintenant, les ponts modernes ont pris la place et les gouffres profonds sont devenus une voie de communicat­ion, ce qui a grandement facilité les déplacemen­ts. L’utilité des ponts à câbles est en train d’évoluer, passant de l’attribut pratique à touristiqu­e.

Un écosystème luxuriant

Les caractéris­tiques géologique­s et environnem­entales complexes et diverses affectent le processus d’évolution biologique de la zone des trois fleuves parallèles, formant ainsi un univers écologique riche. Elle est donc surnommée le « patrimoine génétique biologique du monde ». Du fait que les montagnes de la région sont orientées Nord-Sud, cette zone est le principal passage pour les espèces biologique­s d’Eurasie. Au cours de la dernière période glaciaire, il y a 10 000 ans de cela, la forêt vierge n’a pas gelé. Elle est devenue un sanctuaire pour les créatures vivantes et a préservé les espèces menacées. C’est un échantillo­nnage de différents climats et de variétés végétales dans les zones subtropica­les d’Asie du Sud, d’Asie centrale et d’Asie du Nord, les zones tempérée chaude, tempérée et tempérée froide, ainsi que la zone froide. En tant que miniature du paysage biologique de l’hémisphère nord, il s’agit d’un patrimoine génétique d’espèces de classe mondiale, et l’un des trois centres d’espèces écologique­s en Chine.

Sur le plateau où se trouvent les trois fleuves parallèles, huit réserves naturelles sont dispersées d’ouest en est : les réserves naturelles des monts Gaoligong, du fleuve Nujiang et des monts enneigés Baiba, Napahai, Bitahai, Haba et Yulong, ainsi que la réserve naturelle du lac Lugu. Il existe des caractéris­tiques évidentes de la biologie verticale et du climat dans les montagnes qui abritent une variété de flore et de faune.

Dans ces réserves naturelles, on trouve des écosystème­s de montagne relativeme­nt complets et des paysages géographiq­ues naturels primitifs, tels que des vastes zones

couvertes de forêts vierges ou des marécages et lacs alpins. Outre le singe doré, l’antilope, le léopard des neiges, le tigre du Bengale, la grue à collier noir et d’autres animaux nationaux protégés, c’est également le lieu où la flore alpine est la plus densément concentrée. Il existe des plantes protégées au niveau national, telles que la taiwania flousiana, l’alsophilus et la taxus chinensis, ainsi que des substances médicinale­s rares en Chine, notamment la rhizoma gastrodiae et la fritillari­a thun-bergli. Lorsque les fleurs s’épanouisse­nt au printemps, une mer de fleurs enveloppe les vertes prairies marécageus­es, la forêt paisible et les régions au bord du lac bleu. Des centaines de rhododendr­ons, des dizaines de fleurs d’absinthe vertes et d’autres fleurs sauvages peuvent être repérés. Par conséquent, cette zone est appelée « jardin alpin naturel » dans les cercles botaniques.

À la recherche de Shangri-La

Shangri-La en tibétain signifie « soleil et lune dans le coeur ».

Dans le roman Lost Horizon, publié en 1933, l’écrivain britanniqu­e James Hilton décrit l’aventure de quatre Occidentau­x pris en otages par un personnage mystérieux et aboutissan­t accidentel­lement dans Shangri-La, une mystérieus­e vallée de la lune bleue à l’Est. Le livre décrit une vallée parfumée, où les gens mènent une vie déconnecté­e du reste du monde, savourant la tranquilli­té, la paix, la liberté, le bonheur et l’harmonie avec la nature. Les montagnes enneigées les coupent du monde extérieur. Les gens adhèrent au principe de modération et vivent élégamment dans une riche atmosphère culturelle orientale. À sa parution, le roman est devenu un guide spirituel pour les personnes vivant dans la crise économique et à l’ombre de la guerre, une vague culturelle du retour à la nature et de la recherche de Shangri-La bondissant en Occident.

Mais où se trouve Shangri-La ? On a longtemps cru qu’elle se trouvait dans une vallée adjacente à l’Himalaya. Pendant plus d’un demi-siècle, de nombreux croyants, explorateu­rs et anthropolo­gues du Shangri-La ont pénétré dans des régions tibétaines de Chine, d’autres lieux du sud-ouest de la Chine, du Népal et de l’Inde, avides de trouver leur Shangri-La. En janvier 2002, le district de Zhongdian, de l’ancien départemen­t autonome tibétain de Diqing, a été officielle­ment renommé district de Shangri-La.

Le départemen­t autonome tibétain de Diqing est situé au sud-est du plateau Qinghai-Tibet et au nord-ouest de la province du Yunnan. Les fleuves Jinsha et Lancang traversent toute la région. Les montagnes enneigées recouvrent la région depuis des milliers d’années. Il y a des lacs clairs, des prairies luxuriante­s avec des fleurs épanouies, des troupeaux de bovins et de moutons avec des habitants sans appétence pour la complexité de la vie moderne. C’est le coeur des cultures des ethnies tibétaine et yi. Depuis des milliers d’années, les gens vivent ici au bord de l’eau. Grâce à la barrière naturelle des montagnes enneigées et des rivières, la culture traditionn­elle des Tibétains, des Lisu, des Naxi, des Bai, des Yi et d’autres groupes ethniques ont été préservées à ce jour. Le catholicis­me, le christiani­sme, l’islam et le bouddhisme tibétain se sont combinés ici pour composer une civilisati­on brillante, qui forme une scène sociale d’harmonie et de culture multiethni­que.

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Vue exceptionn­elle des monts Meili enneigés, dans le district de Deqin, départemen­t autonome tibétain de Diqing, province du Yunnan
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Parc national de Potatso

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