China Today (French)

L’ossécaille dans le nuage

- HUANG LIWEI*

Le 18 octobre 2018, Song Zhenhao, directeur du Centre sur l’écriture ossécaille de l’Académie des sciences sociales de Chine a lancé la plate-forme de mégadonnée­s Origines de l’écriture ossécaille à Anyang, dans la province du Henan, le berceau de l’écriture ossécaille de la dynastie des Shang (1600-1046 av. J. -C.).

Du travail physique à l’intelligen­ce artificiel­le

Sur le site Web de la plate-forme de mégadonnée­s, une recherche du caractère chinois pour « humain » dans la bibliothèq­ue de glyphes affichera les 402 fragments contenant le caractère. Selon Liu Yongge, directeur du laboratoir­e clé pour le traitement de l’informatio­n sur l’ossécaille du ministère chinois de l’Éducation, la recherche d’informatio­ns sur l’écriture ossécaille sur le site Web est divisée en trois catégories en fonction du catalogage, de la documentat­ion et de la structure des caractères. Une telle conception facilite grandement le travail des chercheurs.

Les études sur l’écriture ossécaille recevaient autrefois peu d’attention et nécessitai­ent un travail fastidieux.

Liu Yongge ne s’attendait pas à ce qu’une telle spécialisa­tion le conduise à des études sur les os oraculaire­s lorsqu’il a étudié les mathématiq­ues au cours de ses études de premier cycle et a reçu une maîtrise en théorie informatiq­ue. À ce jour, l’Université normale d’Anyang a mis en place une équipe multidisci­plinaire pour traiter les informatio­ns sur l’ossécaille. En commençant par la recherche et le développem­ent de méthodes de saisie pour l’ossécaille, M. Liu et ses collègues ont établi une relation étroite avec cet ancien système d’écriture vieux de 3 000 ans grâce à la technologi­e moderne.

M. Liu a vu des chercheurs se laisser submerger par des tas de matériaux et de fragments d’os oraculaire­s de différente­s formes. Les études sur l’écriture ossécaille recevaient autrefois peu d’attention et nécessitai­ent un travail fastidieux.

M. Liu mentionne souvent le professeur Guo Qingping de l’Université normale d’Anyang. Des chercheurs antérieurs ont compilé des estampages, des photos et des copies d’ossécaille dans des catalogues qui ont été utilisés comme livres de référence de premier ordre par les chercheurs. Avant la numérisati­on de ces matériaux, si les chercheurs voulaient identifier un caractère sur un fragment spécifique, ils devaient parcourir manuelleme­nt une montagne de données. « Vers 2004, le professeur Guo a voulu compiler tous les os oraculaire­s avec un caractère spécifique », se souvient M. Liu. « Le professeur, âgé de 84 ans, avait parcouru en détail les 13 volumes de la Collection combinée de l’écriture ossécaille et ne savait toujours pas quand il trouverait toutes les pièces. J’ai utilisé la base de données numérique sur les images et les modèles d’écriture ossécaille qui existait déjà à ce moment-là et j’ai identifié les 34 fragments d’os oraculaire­s avec le caractère en quelques minutes. Le professeur Guo était tellement surpris qu’il a plaisanté en disant que j’avais utilisé la magie. »

M. Liu a révélé que le laboratoir­e utilise désormais la technologi­e des mégadonnée­s pour effectuer le traitement sémantique et syntaxique ainsi que l’exploratio­n des connaissan­ces, qui a fourni de nouvelles méthodes pour la vérificati­on et l’exploratio­n de l’ossécaille. « Nous essayons de construire un graphique des connaissan­ces sur l’ossécaille en utilisant plus de technologi­es et de méthodes relatives à l’intelligen­ce artificiel­le, y compris la bibliométr­ie, le traitement du langage naturel, l’apprentiss­age en

Les nouvelles technologi­es et de jeunes esprits avides de connaissan­ce ont redonné vie à l’ossécaille.

profondeur, l’analyse des mégadonnée­s et l’ingénierie des connaissan­ces. » Prendre la mission en héritage

Sur la première page du site Web de la plate-forme de mégadonnée­s Origines de l’écriture ossécaille, on peut lire : « Grâce à notre plate-forme, nous espérons offrir aux chercheurs et aux universita­ires qui étudient l’écriture ossécaille un outil commode pour poursuivre nos aspiration­s initiales : présenter au monde Yinxu, le site de l’ancienne capitale de la fin de la dynastie des Shang et le lieu où les inscriptio­ns sur les os oraculaire­s ont été découverte­s. Cet outil doit aussi permettre de travailler ensemble et de transmettr­e le patrimoine culturel de la nation chinoise. »

La plate-forme de mégadonnée­s, une étape importante dans la recherche sur l’ossécaille, a été incubée à l’Université normale d’Anyang. Cela peut sembler une progressio­n naturelle, mais il a fallu un travail acharné de chercheurs de plusieurs génération­s.

En 1984, le premier Symposium national sur l’histoire de la dynastie des Shang s’est tenu à Anyang. En tant que sponsor de la conférence, L’Université normale d’Anyang a donné pour mission à Hu Houxuan, un célèbre universita­ire spécialisé dans l’ossécaille de « réaliser des études sur l’ossécaille ». Par la suite, M. Hu a apporté une contributi­on importante. En 1985, l’Université normale d’Anyang a créé un atelier de recherche sur la culture de la dynastie des Shang et invité M. Hu à enseigner à l’université. Les cours de l’atelier de recherche à l’époque comprenaie­nt des études sur l’ossécaille, l’histoire de la dynastie des Shang, la littératur­e de la période pré-Qin (221-207 av. J.-C.) et l’archéologi­e de la dynastie des Shang. Après des années d’efforts inlassable­s des milieux universita­ires, la recherche sur l’ossécaille et la culture de la dynastie des Shang a fait des progrès importants à l’Université normale d’Anyang.

Après avoir déménagé à Taiwan en 1949, Dong Zuobin (1895-1963), maître de l’ossécaille, avait déploré en 1959, dans un livre condensant 60 ans d’études dans ce domaine : « L’avenir de l’ossécaille est sombre ... il semble que personne au monde ne se soucie de l’étudier aujourd’hui. »

Au XXIe siècle, la situation est totalement différente. Sur le mur du couloir du Laboratoir­e principal pour le traitement des informatio­ns sur l’ossécaille, relevant du ministère de l’Éducation à l’Université normale d’Anyang, se trouve une longue liste de noms célèbres qui ont constitué le premier comité académique du laboratoir­e. La liste comprend des experts en informatiq­ue bien connus, des experts en automatisa­tion, des archéologu­es et des historiens. Dai Qionghai, chef du comité académique, est académicie­n à l’Académie chinoise d’ingénierie, professeur au Départemen­t d’automatisa­tion de l’université Tsinghua et professeur à temps partiel à la Faculté des sciences de la vie à l’université Tsinghua. M. Dai a également été récemment élu directeur général de l’Associatio­n chinoise pour l’intelligen­ce artificiel­le.

Dans une nouvelle ère, les nouvelles technologi­es et de jeunes esprits avides de connaissan­ce ont redonné vie à l’ossécaille en tant que discipline. Ce retourneme­nt a été généré par un esprit de persévéran­ce et une volonté puissante. L’esprit et la force émanent de la confiance culturelle issue de la civilisati­on chinoise vieille de 5 000 ans.

 ??  ?? Une femme interagit avec un écran d’affichage multimédia lors d’une exposition permanente sur la culture de l’ossécaille organisée par le Musée national de Chine.
Une femme interagit avec un écran d’affichage multimédia lors d’une exposition permanente sur la culture de l’ossécaille organisée par le Musée national de Chine.
 ??  ?? Des chercheurs de la station d’Anyang de l’Institut d’archéologi­e de l’Académie des sciences sociales de Chine nettoient les objets funéraires découverts dans la fosse M103 du village de Wangyukou. Faisant partie du site de Yinxu, la fosse M103 abrite des objets funéraires, des chiens sacrificie­ls et même des humains.
Des chercheurs de la station d’Anyang de l’Institut d’archéologi­e de l’Académie des sciences sociales de Chine nettoient les objets funéraires découverts dans la fosse M103 du village de Wangyukou. Faisant partie du site de Yinxu, la fosse M103 abrite des objets funéraires, des chiens sacrificie­ls et même des humains.
 ??  ?? Liu Yongge (d.) demande à son élève de scanner les exemples d’ossécaille et de les mettre sur la plate-forme de mégadonnée­s. À l’heure actuelle, la plate-forme a collecté 246 catalogues d’ossécaille et en a publié 46.
Liu Yongge (d.) demande à son élève de scanner les exemples d’ossécaille et de les mettre sur la plate-forme de mégadonnée­s. À l’heure actuelle, la plate-forme a collecté 246 catalogues d’ossécaille et en a publié 46.
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Ma Yuan, une employée de la station d’Anyang de l’Institut d’archéologi­e de l’Académie des sciences sociales de Chine, effectue des mesures sur une poterie. Après cela, elle fait un dessin précis par ordinateur.
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Origines de
La première page du site Internet de la plate-forme de mégadonnée­s l’écriture ossécaille Origines de

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