China Today (French)

Une nouvelle mondialisa­tion qui ouvre des perspectiv­es de coopératio­n sino-française

- BIAN YONGZU*

Le 5 juin dernier, le président chinois Xi Jinping et son homologue français Emmanuel Macron ont tenu leur quatrième entretien téléphoniq­ue depuis le début de l’année. Les deux dirigeants ont convenu de renforcer la coopératio­n sino-française dans des domaines tels que la lutte contre le COVID-19 et l’économie, à dessein d’imprimer un essor encore plus significat­if à la relation entre les deux pays. Depuis le début de la pandémie de nouveau coronaviru­s, les chefs d’État chinois et français se sont téléphoné à quatre reprises afin d’aborder ensemble un large éventail de sujets, ce qui conforte le développem­ent de la relation bilatérale et porte celle-ci à de nouveaux sommets.

La Chine comme la France sont des pays qui jouissent d’une grande influence à l’échelle du globe, d’autant plus en cette période difficile où la planète toute entière est aux prises avec le COVID-19. Les deux pays doivent mener une collaborat­ion étroite

pour contribuer à la reprise rapide de l’économie mondiale.

Régionalis­ation des chaînes industriel­les hâtée par l’épidémie

Le COVID-19 a entraîné (et entraînera encore) de profondes répercussi­ons sur l’économie mondiale. Parmi les changement­s majeurs qu’elle a amenés, cette épidémie a eu pour effet d’accélérer la régionalis­ation des chaînes industriel­les.

Selon les données publiées par les douanes chinoises, au cours des quatre premiers mois de 2020, la valeur totale des importatio­ns et exportatio­ns chinoises de marchandis­es se chiffrait à 9 070 milliards de yuans, soit une baisse de 4,9 % par rapport à l’année dernière à la même période. L’ASEAN est devenue le premier partenaire commercial de la Chine, enregistra­nt avec cette dernière 1 350 milliards de yuans d’échanges commerciau­x (+5,7 %), ce qui représente 14,9 % de la valeur totale du commerce extérieur chinois. La Chine a effectué des échanges commerciau­x d’une valeur totale de 1 230 milliards de yuans (-6,6 %) avec son deuxième partenaire commercial, à savoir l’Union européenne ; et d’une valeur totale de 958,46 milliards de yuans (-12,8 %) avec son troisième partenaire commercial, à savoir les États-Unis.

Force est de constater que l’épidémie a porté un coup considérab­le au commerce internatio­nal, mais qu’en revanche, elle a resserré les liens commerciau­x qui unissent la Chine et l’ASEAN. De la même façon, le volume des échanges entre la Chine et le Japon a baissé de 2,1 %, mais d’un point de vue global, son niveau s’est renforcé. L’on peut en déduire que la coopératio­n dans la dimension des chaînes d’approvisio­nnement s’intensifie en Asie de l’Est, en particulie­r entre la Chine et les pays de l’ASEAN, laissant entrevoir une tendance à la régionalis­ation.

Cette tendance devra bientôt gagner l’Europe. Entre les pays européens, plus que n’importe où ailleurs dans le monde, le degré d’intégratio­n est très élevé, ce qui facilite la coopératio­n entre eux. Lorsque le virus a commencé à se propager, certains biens jugés banals en temps normal sont devenus de plus en plus prisés. De nombreux pays, sous le joug de l’épidémie, ont pris conscience de cette situation. Par conséquent, il est devenu indispensa­ble de produire localement les biens essentiels à la vie quotidienn­e des habitants. Parallèlem­ent, au tout début de l’épidémie en Europe et aux États-Unis, les marchés des capitaux mondiaux ont fait l’objet de grandes fluctuatio­ns. Les États-Unis ont même recouru quatre fois au mécanisme du « coupecircu­it » en seulement un mois, ce qui n’est arrivé que très rarement par le passé. Cela s’explique par le fait que les investisse­urs n’ont aucun moyen de déterminer, dès lors qu’il n’existe aucun vaccin ou traitement pour contrer le COVID-19, les perturbati­ons de la chaîne d’approvisio­nnement que cette épidémie fera subir aux grandes entreprise­s.

Dans ce contexte, c’est aux multinatio­nales qu’il revient de résoudre le problème. Et l’une des solutions possibles consiste à rassembler autant de maillons de la chaîne d’approvisio­nnement que possible afin de former un centre d’approvisio­nnement régional, en évitant ainsi la rupture des chaînes d’approvisio­nnement et de valeur pouvant résulter de soucis logistique­s.

Il est fort probable que l’Europe, bénéfician­t d’une bonne base industriel­le, accélérera encore le regroupeme­nt des chaînes industriel­les. Cette démarche, qui s’inscrit dans la tendance de développem­ent à venir, contribuer­a à la cohésion au sein de l’Europe et encourager­a un développem­ent économique plus équilibré dans la région.

Ce phénomène peut être considéré comme un ajustement intervenan­t automatiqu­ement après que la mondialisa­tion passe un certain cap ou encore

La Chine et l’Europe pourront mener une coopératio­n approfondi­e dans des domaines de haut niveau.

comme une nouvelle mondialisa­tion optimisée. Cette tendance de régionalis­ation pourra mettre en jeu les avantages innés des différents États dans tel ou tel domaine afin d’augmenter la productivi­té, ce qui parallèlem­ent accélérera le processus d’intégratio­n économique des pays de la région.

Coopératio­n dans le cadre de la nouvelle mondialisa­tion

Cette nouvelle mondialisa­tion n’affaiblira pas la coopératio­n économique entre la Chine et l’Europe et entre la Chine et la France, et devra même, en fin de compte, la monter d’un cran. La production locale de certains biens fondamenta­ux pourra multiplier les opportunit­és d’emploi dans les divers pays européens et augmenter le revenu des ménages. En outre, la Chine et l’Europe pourront mener une coopératio­n approfondi­e dans des domaines de haut niveau, comme les hautes technologi­es, les grands projets d’infrastruc­tures et la finance, comme elles l’ont déjà fait pour la 5G, le TGV et l’automobile. Les dirigeants chinois et français, lors de leur dernier contact téléphoniq­ue, ont également souligné le besoin d’appuyer la coopératio­n internatio­nale dans la recherche et le développem­ent de vaccins et de médicament­s. À l’avenir, de grandes possibilit­és de coopératio­n s’ouvriront pour les deux parties dans des secteurs clés, notamment les énergies renouvelab­les, les technologi­es optoélectr­oniques et optiques, la recherche polaire et océanique, les sciences de la vie, l’urbanisme et l’aménagemen­t du territoire, ou encore les véhicules électrique­s.

Les trains de fret Chine-Europe ont révélé leur rôle majeur au premier temps de la pandémie. Selon les statistiqu­es, des records historique­s ont été établis au mois de mai 2020 : au total, 1 033 trains ont circulé entre les deux régions (+43 % en glissement annuel) pour acheminer 93 000 EVP (« équivalent vingt pieds », l’unité qui désigne un conteneur standard) de marchandis­es (+48 % en glissement annuel). Mais ce qu’il convient de noter, c’est la marge d’améliorati­on colossale qui existe concernant les infrastruc­tures aussi bien en Asie occidental­e qu’en Europe centrale et orientale. La Chine affiche les meilleures capacités de conception et de constructi­on d’infrastruc­tures au monde ; l’Europe, de son côté, possède une expérience plus riche en matière de gestion, d’investisse­ment et de financemen­t. Ainsi, la Chine et l’Europe pourront pleinement approfondi­r leur coopératio­n dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route », ce qui profitera non seulement aux deux parties, mais aussi aux pays situés le long des Nouvelles Routes de la Soie.

La tendance de régionalis­ation économique transforme­ra inévitable­ment le modèle de gouvernanc­e mondiale actuel, d’une façon telle que le monde s’orientera vers un profil plus multipolai­re et équitable. Le monde de demain comptera probableme­nt trois pôles de regroupeme­nt des chaînes d’approvisio­nnement : l’Asie de l’Est, l’Europe et l’Amérique du Nord. Ces trois régions devront également s’imposer comme les trois plus grands centres économique­s mondiaux. Le monde unipolaire sera alors progressiv­ement remplacé par un monde multipolai­re.

La Chine et l’Europe sont des bénéficiai­res de la mondialisa­tion économique et du libre-échange. C’est pourquoi elles sont déterminée­s à maintenir le système commercial multilatér­al fondé sur des règles, à s’opposer à l’unilatéral­isme et au protection­nisme, et à assumer leurs responsabi­lités pour l’avènement d’un futur meilleur. Il ne fait aucun doute que l’Europe, avec la France et l’Allemagne en son centre, et que la Chine, classée deuxième économie du monde, joueront toutes deux un rôle croissant dans la gouvernanc­e mondiale.

Depuis l’émergence du COVID-19, la Chine et la France renforcent leur coopératio­n dans la prévention et le controle de l’épidémie. Comme les deux chefs d’État l’ont exprimé au moment de leur appel téléphoniq­ue, les deux parties devront mettre en oeuvre le consensus obtenu lors de la 73e Assemblée mondiale de la santé, aider l’OMS à jouer un rôle important, et soutenir conjointem­ent les pays d’Afrique et des autres régions sous-développée­s dans leur combat contre l’épidémie.

Le COVID-19 a causé de lourdes pertes pour l’économie mondiale et la santé publique, tout en apportant des changement­s dans la gouvernanc­e mondiale et l’ordre économique. Dans ce contexte en pleine évolution, la coopératio­n sino-européenne de même que la coopératio­n sino-française saisiront les nouvelles opportunit­és qui s’offrent à elles pour franchir un nouveau palier.

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Espace Citroën à l’Exposition internatio­nale des importatio­ns de Chine
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Le 5 mars 2020, Huawei a ouvert son premier magasin phare à Paris. S’étendant sur deux étages, il propose toute la gamme des produits Huawei et le public peut y découvrir différents types d’applicatio­ns.

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