Le secteur de la santé des seniors doit s’adapter à la demande
La Chine est actuellement le seul pays au monde comptant plus de 200 millions de seniors. Le respect des anciens et la piété filiale sont une tradition, et désormais, la protection de la santé des personnes âgées et leur sensibilisation à la santé sont une priorité qui ouvre des perspectives prometteuses.
Le défi de la santé des seniors
Près de 150 millions de personnes âgées en Chine souffrent de maladies chroniques ; on compte environ 40 millions de seniors dépendants ou semi-dépendants et environ 12 millions en invalidité totale. Cela génère une forte demande en soins médicaux et infirmiers, en rééducation et en soins à domicile, ce qui constitue un défi en termes de ressources médicales et sanitaires et requiert également des normes strictes.
Il y a de plus en plus de seniors seuls et isolés, et l’ampleur du vieillissement de la population rurale se creuse. Les ressources nationales en matière d’éducation et de sensibilisation aux questions sanitaires sont limitées, même dans les villes où le niveau de revenus est élevé. Il est donc urgent de résoudre les problèmes de déséquilibre entre zones urbaines et rurales, de pénurie d’une offre appropriée de services, d’insuffisance de normes sectorielles, et de manque de formation de professionnels et de gestionnaires
Il s’agit donc d’améliorer la santé physique et mentale et l’adaptabilité sociale des seniors, non seulement pour leur donner une dignité, mais aussi pour puiser dans le potentiel de l’économie des seniors.
S’inspirer de l’expérience française
La France a été l’un des premiers pays faire face aux défis d’une société vieillissante. Afin de fournir de soins de santé appropriés, le gouvernement a non seulement bâti un système de retraite complet, mais également fait de la famille et du secteur des services aux seniors une priorité nationale. De telles pratiques constituent des instruments institutionnels exemplaires et encouragent le développement d’un troisième âge en bonne santé dont la Chine peut s’inspirer.
Le système français de sécurité sociale est issu des organismes d’entraide de diverses organisations professionnelles et est un modèle pour les pays européens. Il repose sur trois piliers : le premier, universel et le plus souvent en répartition ; le deuxième, professionnel en capitalisation ; le troisième, individuel en capitalisation. Les deux premiers sont obligatoires et appartiennent au système par répartition, tandis que la troisième catégorie appartient au système de fonds par capitalisation. La principale caractéristique de l’assurance-retraite française est qu’elle est sectorielle. L’assuranceretraite complémentaire obligatoire contribue d’une part à atténuer les pressions budgétaires et d’autre part, encourage ceux qui en sont capables à choisir un plan d’épargne adapté, permettant de réduire la dépendance seniors à l’égard des pensions publiques.
Le secteur des services de retraite français est très particulier. Le pays adopte tout d’abord le modèle intégré « soins médicaux et infirmiers » pour les prestations de services aux seniors. Les établissements médicaux en France fournissent des services complets de diagnostic et de traitement afin
de consulter rapidement un médecin. De plus, les services de gériatrie offrent la réadaptation aux patients qui vont sortir de l’hôpital et conseillent les aidants sur la façon d’accompagner les personnes en rémission. Par ailleurs, depuis 2006, le gouvernement français a mis en place le Chèque EmploiService Universel (CESU). Les entreprises peuvent obtenir des avantages en achetant des CESU, et les particuliers peuvent bénéficier de services pour un coût modeste. Leur émission stimule la demande de services, générant un cercle vertueux.
Le développement du secteur a également stimulé l’emploi. La France a mis en place un système complet de formation, tout en accordant des subventions aux salariés en formation. Cela permet de créer des emplois et de professionnaliser davantage le secteur.
La France est le berceau de l’éducation des seniors et les « universités du troisième âge » sont un modèle dans le monde entier. Les cours dispensés allient exercices physiques, soins de santé et conseils pour retarder le vieillissement et prévenir les maladies. Les travaux pratiques et les voyages aident les seniors à compléter leurs connaissances et à adopter un mode de vie sain. Ce processus instaure aussi de bonnes relations interpersonnelles. Des associations, comme les clubs du troisième âge, fournissent également une formation et des conseils pour le développement sain des seniors.
Développer l’économie des seniors
La Chine a formulé le XIIIe Plan quinquennal pour un vieillissement en bonne santé et le Programme pour une Chine saine 2030 pour répondre au vieillissement croissant de sa population, s’inspirant de l’expérience hexagonale dans la santé des seniors et combinant cinq objectifs de bien-être, de soins, d’éducation, de loisirs et d’activité. Il s’agit de sensibiliser les seniors à la santé et de modifier leurs conception en la matière.
Pour la sensibilisation, les besoins varient en fonction de l’âge. Pour le quatrième âge, il faut renforcer la gestion des maladies et de l’invalidité, accorder une attention particulière au mode de vie, former les aidants, et mettre l’accent sur une santé équilibrée. Pour le troisième âge, il faut cultiver des concepts de santé, changer les modes de vie, préconiser de l’exercice modéré et établir un modèle de service de santé axé sur l’amélioration de la qualité de vie et la promotion de la santé. Les modalités de sensibilisation prennent en compte la diversité des situations et mettent l’accent sur les structures communautaires.
Pour les soins aux seniors, il faut s’inspirer du secteur français, améliorer le développement du secteur médical dans le cadre de l’intégration des soins médicaux et infirmiers en coordonnant et en mettant en oeuvre des politiques préférentielles, mener des expériences approfondies, et établir et perfectionner le mécanisme coopératif entre les établissements de soins de santé et de retraite. Il faut aussi orienter le passage de la retraite traditionnelle et familiale vers la retraite spécialisée et communautaire, passer des soins médicaux à la prévention, et fournir des services de santé personnalisés en fonction des différentes fonctionnalités corporelles.