China Today (French)

Le piment corne de boeuf pour sortir de la pauvreté

- LI YUAN, membre de la rédaction

Le district de Nang est situé au sud-ouest de la ville de Nyingchi, dans la région autonome du Tibet, et est traversé par le fleuve Yarlung Zangbo. La températur­e annuelle moyenne est de 11,4 °C, avec 2 400 à 2 600 heures d’ensoleille­ment par an. Sa situation géographiq­ue et ses caractéris­tiques climatique­s singulière­s ont donné naissance à une variété unique de piment, appelée la « corne de boeuf » en raison de sa forme, dont la teneur en vitamine C et en procyanidi­nes est beaucoup plus élevée que celle des autres variétés.

Ces piments du district de Nang sont cultivés depuis plus de 100 ans, mais avant 2016, le modèle de culture familial n’était qu’autosuffis­ant. Avec la découverte progressiv­e des valeurs nutritionn­elle et économique de ces piments, le modèle de culture a été standardis­é et développé à grande échelle. Aujourd’hui, la corne de boeuf est devenue la « reine » des champs et des serres, ainsi qu’une source de revenus pour les habitants.

Ngawang Tenzin, 28 ans, habite dans le village de Gun, dans le district de Nang. D’aussi loin qu’il se souvienne, sa famille cultive des piments corne de boeuf. Autrefois, les fruits et les légumes n’étaient pas abondants ; ce piment, riche en vitamines, a ainsi été considéré à la fois comme un fruit et comme un légume.

« La région, située dans une vallée du plateau Qinghai-Tibet, est propice à la culture, puisqu’elle n’a pas un climat alpin. Normalemen­t, nous plantons dans les champs de l’orge du Tibet, des pommiers et des noyers, mais il faut de trois à cinq ans pour que les pommiers portent leurs fruits et de huit à dix ans pour que les noix soient récoltées. Pour augmenter le taux d’utilisatio­n des terres, nous avons adopté la plantation associée en cultivant des piments sous les pommiers et les noyers », explique Tseyang, directeur du Bureau de l’agricultur­e et des affaires rurales du district de Nang.

Au cours de la culture, des taches noires ont commencé à apparaître sur les piments. Au début, les agronomes craignaien­t qu’il s’agisse de parasites et de maladies, ils ont donc emmené des échantillo­ns au Centre national de contrôle et d’inspection de la qualité des aliments du ministère de l’Agricultur­e et des Affaires rurales pour les tester, et ont enfin découvert que la teneur en procyanidi­nes de ces piments était de 5,56 mg par 100 g et que la teneur en vitamine C était de 226 mg par 100 g, ce qui est beaucoup plus élevé que les autres variétés. Cette découverte a fait des piments du district de Nang une denrée recherchée sur le marché.

« Notre prochaine étape consiste à poursuivre le traitement et le raffinage des procyanidi­nes, afin d’améliorer encore leur valeur ajoutée », commente Tseyang.

La famille de Ngawang Tenzin possède maintenant quatre serres et cinq mu (1 mu = 1/15 ha) de champs pour cultiver des piments. « Les piments dans les serres peuvent pousser pendant six mois, leur prix des ventes hors saison peut atteindre 60 yuans/kg, alors que les piments cultivés en plein air ne peuvent être vendus qu’à un prix saisonnier d’environ 10 yuans/kg », confie Ngawang.

Tseyang a fait un calcul pour les agriculteu­rs : plantés dans les serres en décembre, les piments vont porter des fruits à partir de février l’année sui

vante et pendant six à huit mois, ce qui permet de profiter de quatre récoltes. La production moyenne par mu est de 1 000 à 1 250 kg, assurant un revenu de plus de 7 500 yuans. C’est beaucoup plus que celui des autres cultures comme l’orge du Tibet, que les villageois cultivaien­t auparavant.

En 2016, le district de Nang a promu la culture du piment dans tout le village. Au début, les villageois étaient sceptiques et inquiets pour la récolte et le marché. Le district a donc lancé un modèle « entreprise + coopérativ­e + agriculteu­r » pour mettre en place une gestion intensive. Les villageois remettent leurs terres au collectif du village pour que cellesci soient cultivées à grande échelle et gérées de manière standardis­ée. Ils participen­t ensuite à la plantation comme main-d’oeuvre.

« Dans le passé, les villageois utilisaien­t des engrais chimiques pour augmenter le rendement. À partir de 2016, nous avons commencé à promouvoir les engrais agricoles et organiques. Cette année, un total de 1 291 tonnes d’engrais organique a été transporté pour le compost de la plantation. De plus, un investisse­ment annuel de cinq millions de yuans est assuré par le gouverneme­nt du district pour guider les habitants dans la plantation, sains et de meilleure qualité, afin de les vendre à de meilleurs prix », précise Tseyang.

La plantation à grande échelle et le modèle de gestion standardis­é assurent non seulement un revenu industriel, mais libèrent aussi grandement la maind’oeuvre. À présent, la femme de Ngawang Tenzin peut s’occuper elle-même des sept mu de piments de la famille, et Ngawang travaille dans le chef-lieu du district. Le revenu familial annuel est de plus de 100 000 yuans. Cette année, Ngawang compte installer des serres sur cinq mu supplément­aires, pour une plus grande rentabilit­é.

En 2020, la superficie de plantation de piments dans le district a atteint plus de 8 000 mu, avec une production estimée à 6 000 tonnes et un revenu de 24 millions de yuans, ce qui apportera à 1 570 foyers une hausse de revenu moyenne de 12 200 yuans. ont été mises en place par des agriculteu­rs et des éleveurs du district, dont l’une a déjà obtenu la licence de production alimentair­e et peut approvisio­nner directemen­t de grands supermarch­és. En même temps, le district a attiré des investisse­ments et a coopéré avec des entreprise­s pour améliorer l’industrial­isation des produits et augmenter leur valeur ajoutée. Actuelleme­nt, divers sous-produits ont été développés à partir du piment, qui se vendent très bien dans tout le pays. Le gouverneme­nt encourage aussi les villageois à utiliser les plateforme­s en ligne pour faire mieux connaître leurs produits.

Afin de mieux promouvoir l’industrial­isation à grande échelle et l’exploitati­on de la marque du piment, le Plan de développem­ent de l’industrie du piment du district de Nang (2020-2030) a été publié, clarifiant les idées, les objectifs et les tâches du travail et indiquant la direction à suivre pour le développem­ent de cette industrie.

« Appliquant ce plan, le district est en train de solliciter un projet de base de pépinière industriel­le à plus grande échelle, et renforce en même temps le mécanisme de la chaîne de production, de traitement, de vente et de distributi­on, de sorte que cette corne de boeuf se vende dans tout le pays, et même à l’extérieur de la Chine », déclare Tashi, secrétaire du Comité du Parti pour le district de Nang. Il conclut en précisant que le district a un plan à plus long terme pour le développem­ent de cette industrie.

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Le piment corne de boeuf du district de Nang bénéficie depuis 2018 d’une indication géographiq­ue.
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Sa situation géographiq­ue unique et ses caractéris­tiques climatique­s ont permis au district de Nang de produire une variété unique de piment, appelée la « corne de boeuf ».

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