Coup de Pouce

EN FAMILLE

- Par Isabelle Bergeron | Illustrati­on: Anne Villeneuve ISABELLE BERGERON EST MAMAN D’UN GARÇON DE SEPT ANS ANS.• ET D’UNE FILLE DE SIX

QUAND MON GRAND FAIT PLEURER SA SOEUR EN REFUSANT DE JOUER AVEC ELLE, MA RÉACTION INSTINCTIV­E EST DE LUI DIRE DE FAIRE UN EFFORT POUR LUI FAIRE PLAISIR. MAIS J’AIMERAIS TELLEMENT QUE CELA VIENNE DE LUI... COMMENT FAIRE POUR LUI INCULQUER LE SOUCI DÉSINTÉRES­SÉ DU BIEN-ÊTRE DE L’AUTRE?

«Forcer un enfant à faire preuve d’altruisme ne marche tout simplement pas, dit d’emblée Kimberly Schonert-Reichl, psychologu­e spécialisé­e en développem­ent de l’enfance. S’il fait quelque chose à reculons, il y a moins de chances qu’il en retire des éléments positifs.»

D’accord, mais on fait ça comment, alors? D’après mon amie Ève-Marie, si aider les autres par le biais de petits gestes fait partie de sa vie, c’est grâce à son éducation. «Mes parents sont des gens généreux et très impliqués dans leur communauté, explique la maman d’une fillette de neuf ans. C’est évident que cela m’a influencée.» Mais cet héritage se transmet subtilemen­t. Forcer les choses, elle n’y croit pas non plus. «La façon dont on parle des autres, le bonjour qu’on lance à un sans-abri, le fait de partager avec son enfant l’inquiétude qu’on ressent pour une amie qui traverse une période difficile... Tout ça vaut, à mon avis, bien plus que les leçons théoriques sur l’altruisme.»

Trois ou quatre fois par année, Ève-Marie se rend au Centre jeunesse pour apporter des jouets. Parfois, sa fille l’accompagne. «Ce n’est pas le fait qu’elle vienne avec moi qui est important, dit Ève-Marie. L’important est qu’elle sache que moi, je le fais.» On n’y échappe pas: le meilleur moyen dont on dispose pour faire passer le message est d’être soi-même un exemple. «Tant le bénévolat que l’on fait avec eux à Noël que tout acte spontané de bonté et de bienveilla­nce à l’égard d’autrui influencer­ont nos enfants, dit la psychologu­e. On n’en verra peut-être pas les résultats instantané­ment, mais on peut être certain que cet exemple que l’on donne marque leur esprit.»

Ce qu’on peut faire, aussi, c’est leur parler des émotions des autres afin de développer leur empathie... «Si j’avais dit à Édouard: “Comment crois-tu que Zoé se sent lorsque tu refuses de jouer avec elle?”, la leçon auraitelle été plus efficace? Peut-être n’aurait-il pas changé d’avis, mais ça l’aurait quand même incité à penser à l’autre et non seulement à lui», estime la spécialist­e.

Et comment souligner ses bons coups, alors? «On pourrait évidemment féliciter notre enfant d’avoir aidé un ami, dit-elle. Mais c’est encore mieux si on lui dit qu’on est fier de lui parce qu’il est une personne généreuse, car cela s’inscrit dans sa personnali­té. Un enfant, comme un adulte d’ailleurs, veut se voir comme une personne bien et cherchera à être conséquent avec cette identité positive.»

Récemment, j’ai appliqué ce conseil alors que mon garçon me racontait s’être disputé avec un ami qui n’avait pas bien traité un autre enfant. Je lui ai dit combien j’étais fière de lui: «Tu es une belle personne, une personne bien.» Son sourire a fait écho au mien. Je me suis dit alors que jamais je ne cesserais de travailler sur ce sourire-là.

«Tout acte spontané de bonté » et de bienveilla­nce à l’égard d’autrui influencer­a nos enfants. — Kimberly Schonert-Reichl, psychologu­e

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