SE MARIER EN 2018... POURQUOI?
LES COUPLES MARIÉS SONT-ILS EN VOIE D'EXTINCTION? PAS SI L'ON SE FIE AUX STATISTIQUES: DEPUIS DEUX DÉCENNIES, 22 000 PERSONNES SE MARIENT, EN MOYENNE, CHAQUE ANNÉE. APERÇU D'UN MODÈLE... INDÉMODABLE.
Jean-Philippe Caron s’est d’abord marié avec Régine Lecours-Angers il y a un an et demi, à Las Vegas. Par amour, bien sûr. Mais aussi pour le côté ludique, un peu fou de la chose. C’est dans un tout autre esprit que le couple, parents de cinq enfants de 8 à 18 ans – trois à l’un, deux à l’autre – s’est de nouveau marié en octobre 2017. «On l’a fait parce qu’on s’aime et qu’on souhaitait officialiser ça avec nos proches», dit l’homme de 44 ans. Le mariage s’est célébré à la maison, sous un chapiteau, avec 125 invités. C’est un bon ami de Jean-Philippe qui a fait office de célébrant.
«Je pense que si l’on se marie encore, c’est entre autres parce que le mariage n’est plus associé à une perte de liberté individuelle, estime la psychologue Rose Marie Charest. Le mariage est désormais perçu comme une ouverture à l’autre, une aventure partagée.» Une aventure partagée non seulement au sein du couple, mais de toute la famille. «Pour moi, le mariage englobe aussi les nombreux moments qu’on a consacrés, avec les enfants, à l’organisation de cette journée-là, raconte Jean-Philippe. Tous se sont impliqués. Je pense que ça a resserré encore un peu plus les liens.»
UN SENS BIEN PERSONNEL
Socialement, se marier n’est plus nécessaire. D’ailleurs, 40 % des couples québécois vivent en union libre. Ne pas être marié est rarement mal vu et, d’un point de vue légal, plusieurs mesures peuvent être prises pour que les couples non mariés aient presque les mêmes droits que les couples mariés. Le mariage est devenu un choix personnel et sentimental. Et la notion d’engagement semble être au coeur de ce choix.
Pour Patricia Lefebvre, 40 ans, le mariage n’était pas dans ses projets de vie. Pourtant, deux ans et demi après avoir rencontré son amoureux, Éric Leduc, elle a changé son fusil d’épaule. Pourquoi? «Parce que je savais que je voulais passer le reste de ma vie avec lui», répond-elle. Parce qu’elle voulait aussi cet engagement profond que représente le mariage. «J’avais aussi le sentiment qu’en m’engageant ainsi devant mes proches, je leur demandais tacitement de m’aider à faire en sorte que mon mariage fonctionne, par exemple en me rappelant, lorsque ça ira moins bien, les raisons pour lesquelles je me suis mariée.» Et audelà du couple, le mariage signifiait aussi, pour Patricia, un engagement auprès des trois grandes filles d’Éric. «“Pour le meilleur et pour le pire” s’appliquait à elles aussi», dit-elle.
« Je pense que si l’on se marie encore, c’est entre autres parce que le mariage n’est plus associé à une perte de liberté individuelle » – Rose-Marie Charest, psychologue
À moins de le faire pour de mauvaises raisons – comme croire qu’il est une réponse aux problèmes de notre couple ou de le faire sans y réfléchir – «le mariage prend tout son sens dans le fait qu’il constitue un projet commun, qu’on peut l’organiser à notre image, qu’il marque habituellement un moment intense et positif de notre vie, qu’il implique une volonté de passer ensemble par-dessus les difficultés, qu’il est un témoignage de notre amour…», estime Rose-Marie Charest. Et tous les détracteurs du mariage, qui clament qu’un sur deux aboutit à un divorce, doivent apprendre qu’autant de couples non mariés se défont un jour. Et souvent bien avant. On ne bâtit rien sur l’éventualité d’un échec.
Quelque chose a-t-il changé depuis qu’elle est mariée? «Pas vraiment, dit Patricia. Sauf peut-être le fait qu’à mes yeux, notre relation est encore plus précieuse qu’avant, et donc je fais encore plus attention à lui. À nous.» »»