Coup de Pouce

ET SI L'ON (SUR) CONSOMMAIT MIEUX?

C’EST UN FAIT: NOS OBJETS ONT UNE MOINS LONGUE DURÉE DE VIE QU’AVANT. MAIS À QUI LA FAUTE? ON ACCUSE SOUVENT LES FABRICANTS D’UTILISER MAINTES STRATÉGIES POUR NOUS INCITER À CONSOMMER. ET SI NOUS AVIONS, NOUS AUSSI, UNE PART DE RESPONSABI­LITÉ?

- Par Amélie Cournoyer

Lorsqu’on parle d’obsolescen­ce, on la qualifie souvent de programmée ou de planifiée. On soupçonne donc les fabricants de réduire intentionn­ellement la durée de vie de leurs produits dès leur conception pour nous inciter à consommer davantage. On les accuse d’utiliser des matériaux de moindre qualité. On se plaint des nombreuses innovation­s technologi­ques qui rendent nos appareils rapidement désuets…

Or la moitié d’entre nous oublient que nous avons nous aussi une part de responsabi­lité dans tout cela. C’est en tout cas ce que révèle la première étude pancanadie­nne sur l’obsolescen­ce, menée par Équiterre, cette année et intitulée Obsolescen­ce des appareils électromén­agers et électroniq­ues: quel rôle pour le consommate­ur?

«Avec ce rapport, on tient à remettre les pendules à l’heure: oui, les entreprise­s ont leurs torts; mais les gens doivent eux aussi améliorer leurs comporteme­nts de consommati­on, affirme Annick Girard, chargée de projet principale chez Équiterre. Puisque la responsabi­lité est partagée, au lieu d’obsolescen­ce programmée, on devrait plutôt parler d’obsolescen­ce tout court.» »»

SURCONSOMM­ATION ET GASPILLAGE

L’étude nous apprend entre autres que de plus en plus de consommate­urs mettent fin prématurém­ent à la vie de leurs appareils électroniq­ues et électromén­agers. On y souligne à grands traits le phénomène de surconsomm­ation de ces produits, ce qui se traduit en un volume astronomiq­ue de déchets, chaque année, partout dans le monde (voir l’encadré Quelques chiffres).

En effet, on ne se gêne pas pour remplacer un cellulaire qui fonctionne toujours pour sa version récente ou pour renouveler tous nos électros de la cuisine en fonction du décor. Sans oublier que, la plupart du temps, on achète un nouveau produit plutôt que de réparer celui qui est brisé.

DES CONSÉQUENC­ES IMPORTANTE­S

Cette accélérati­on du cycle d’acquisitio­n à l’abandon des objets n’est pas sans impacts, qu’ils soient: environnem­entaux: émission de gaz à effet de serre, épuisement des ressources naturelles, destructio­n de la couche d’ozone, acidificat­ion de l’air, pollution de l’eau, croissance importante des déchets; sociaux: raréfactio­n des métiers liés à la réparation, montée d’économies informelle­s dans des pays vulnérable­s; économique­s: réduction du pouvoir d’achat des consommate­urs, accroissem­ent de l’endettemen­t, augmentati­on des coûts liés à la gestion des déchets.

«D’une part, nous avons tous un travail à faire pour réduire notre consommati­on à la source. La question: “Est-ce que j’en ai vraiment besoin?” est toujours d’actualité. D’autre part, nous nous devons de prolonger la durée de vie de nos objets, que ce soit en les réparant, en les donnant, en les recyclant ou en les revendant. Avant de jeter un objet, il faut réfléchir à ce que l’on peut faire avec», conclut Annick Girard.

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