ET SI L'ON (SUR) CONSOMMAIT MIEUX?
C’EST UN FAIT: NOS OBJETS ONT UNE MOINS LONGUE DURÉE DE VIE QU’AVANT. MAIS À QUI LA FAUTE? ON ACCUSE SOUVENT LES FABRICANTS D’UTILISER MAINTES STRATÉGIES POUR NOUS INCITER À CONSOMMER. ET SI NOUS AVIONS, NOUS AUSSI, UNE PART DE RESPONSABILITÉ?
Lorsqu’on parle d’obsolescence, on la qualifie souvent de programmée ou de planifiée. On soupçonne donc les fabricants de réduire intentionnellement la durée de vie de leurs produits dès leur conception pour nous inciter à consommer davantage. On les accuse d’utiliser des matériaux de moindre qualité. On se plaint des nombreuses innovations technologiques qui rendent nos appareils rapidement désuets…
Or la moitié d’entre nous oublient que nous avons nous aussi une part de responsabilité dans tout cela. C’est en tout cas ce que révèle la première étude pancanadienne sur l’obsolescence, menée par Équiterre, cette année et intitulée Obsolescence des appareils électroménagers et électroniques: quel rôle pour le consommateur?
«Avec ce rapport, on tient à remettre les pendules à l’heure: oui, les entreprises ont leurs torts; mais les gens doivent eux aussi améliorer leurs comportements de consommation, affirme Annick Girard, chargée de projet principale chez Équiterre. Puisque la responsabilité est partagée, au lieu d’obsolescence programmée, on devrait plutôt parler d’obsolescence tout court.» »»
SURCONSOMMATION ET GASPILLAGE
L’étude nous apprend entre autres que de plus en plus de consommateurs mettent fin prématurément à la vie de leurs appareils électroniques et électroménagers. On y souligne à grands traits le phénomène de surconsommation de ces produits, ce qui se traduit en un volume astronomique de déchets, chaque année, partout dans le monde (voir l’encadré Quelques chiffres).
En effet, on ne se gêne pas pour remplacer un cellulaire qui fonctionne toujours pour sa version récente ou pour renouveler tous nos électros de la cuisine en fonction du décor. Sans oublier que, la plupart du temps, on achète un nouveau produit plutôt que de réparer celui qui est brisé.
DES CONSÉQUENCES IMPORTANTES
Cette accélération du cycle d’acquisition à l’abandon des objets n’est pas sans impacts, qu’ils soient: environnementaux: émission de gaz à effet de serre, épuisement des ressources naturelles, destruction de la couche d’ozone, acidification de l’air, pollution de l’eau, croissance importante des déchets; sociaux: raréfaction des métiers liés à la réparation, montée d’économies informelles dans des pays vulnérables; économiques: réduction du pouvoir d’achat des consommateurs, accroissement de l’endettement, augmentation des coûts liés à la gestion des déchets.
«D’une part, nous avons tous un travail à faire pour réduire notre consommation à la source. La question: “Est-ce que j’en ai vraiment besoin?” est toujours d’actualité. D’autre part, nous nous devons de prolonger la durée de vie de nos objets, que ce soit en les réparant, en les donnant, en les recyclant ou en les revendant. Avant de jeter un objet, il faut réfléchir à ce que l’on peut faire avec», conclut Annick Girard.