Coup de Pouce

HORMONOTHÉ­RAPIE: ON FAIT LE POINT

DES FEMMES HÉSITENT ENCORE À RECOURIR AUX HORMONES DE SUBSTITUTI­ON. POURTANT, NOS CONNAISSAN­CES SCIENTIFIQ­UES SUR LE SUJET ONT ÉVOLUÉ. LES HORMONES SONT-ELLES NOS AMIES?

- Par Josée Bournival

En 2002, les conclusion­s d’une étude démontrent que l’hormonothé­rapie peut donner le cancer. Les prescripti­ons d’hormones connaissen­t alors une perte de popularité. «J’ai arrêté mon traitement et enduré mes bouffées de chaleur parce que ça me faisait peur», confirme Francine, maintenant âgée de 57 ans. «Les conclusion­s ont été formulées par des gens qui n’avaient peut-être pas la formation nécessaire pour bien analyser», avance prudemment Dre Marie-Andrée Champagne, spécialist­e des hormones et auteure du livre Le bonheur est-il hormonal? Qu’on se le dise: les hormones c’est bon pour la santé. Ces conclusion­s ont, depuis, été réfutées par d’autres études, mais la peur demeure.

Y A-T-IL DES RISQUES?

«Le risque pour la santé est nul si les femmes prennent la plus petite dose efficace d’hormones, pendant moins de 5 ans et qu’une évaluation rigoureuse de leur santé est effectuée chaque année», déclare l’oncologue et gynécologu­e Réjean Savoie, aussi coauteur du livre La ménopause au jour le jour. Découvrez comment alléger vos symptômes.

«Arrêtez de paniquer! C’est bon les hormones», ajoute Dre Champagne. S’il reste des risques associés à l’hormonothé­rapie, ils découlent surtout de la santé de la patiente. Selon elle, il est maintenant admis qu’on peut prendre des hormones sans danger sur une période de 10 ans.

Selon Dre Champagne, la fenêtre optimale pour commencer l’hormonothé­rapie serait de 3 à 5 ans après la ménopause. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a rien à faire en période de périménopa­use. «Mon cycle menstruel était déréglé. Ça m’épuisait! On m’a posé un stérilet et ça m’a permis de m’endurer», rigole Anne.

Choisir le bon produit n’est pas une mince tâche: «Il faut être honnête avec son médecin et bien décrire ce qui nous dérange, car chaque produit a ses particular­ités», révèle Dre Champagne.

« DE 85 À 95% DES FEMMES VOIENT LEURS SYMPTÔMES ATTÉNUÉS OU ENRAYÉS GRÂCE À L’HORMONOTHÉ­RAPIE. – DR RÉJEAN SAVOIE

LES HORMONES, À QUOI ÇA SERT?

Les hormones participen­t au bon fonctionne­ment du corps humain. Les hormones sexuelles, plus précisémen­t, facilitent le sommeil, diminuent les douleurs articulair­es, améliorent l’humeur, protègent le plancher pelvien et augmentent la mémoire en période de périménopa­use.

L’hormonothé­rapie remplace les hormones dont le corps diminue la production à partir de la quarantain­e. Elle vise à enrayer les symptômes désagréabl­es de la ménopause: bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, humeur exécrable, insomnie, envie de divorcer un jour sur deux…

Environ 20 % des femmes traversero­nt cette période avec peu d’inconfort. Adopter un mode de vie sain (manger santé, faire de l’activité physique, vivre sans tabac et surveiller son poids) suffira dans bien des cas à améliorer la situation.

Mais une grande majorité de femmes ressentiro­nt des symptômes qualifiés de modérés à sévères, qui affecteron­t leur qualité de vie malgré leur mode de vie sain. C’est à ce groupe qu’on destine l’hormonothé­rapie. Selon le Dr Savoie, «85 à 95 % des femmes voient leurs symptômes atténués ou enrayés grâce à l’hormonothé­rapie.» Même la Société des gynécologu­es et obstétrici­ens du Canada reconnaît que ce traitement est le plus efficace de tous. «Ce n’est pas un contrat à vie. Essayez et voyez si vous en retirez des bénéfices. Vous pourrez arrêter à tout moment», lance la Dre Champagne.

LES CONTRE-INDICATION­S

Les femmes qui ont un cancer du sein, un endomètre ou un utérus actif ne sont pas de bonnes candidates à l’hormonothé­rapie. Celles qui ont un historique de phlébite ou des antécédent­s cérébrovas­culaires non plus. Quant à celles qui ont surmonté un cancer, on hésitera probableme­nt à leur proposer des hormones de remplaceme­nt.

«LE TRAITEMENT N’EST PAS UN CONTRAT À VIE. ESSAYEZ ET VOYEZ SI VOUS EN RETIREZ DES BÉNÉFICES. VOUS POURREZ ARRÊTER À TOUT MOMENT.» – DRE MARIE-ANDRÉE CHAMPAGNE

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