INSPIRATION:
Changer le monde une bouchée à la fois
Chantale Arseneau a la bougeotte. Cette enseignante en diététique au Collège de Maisonneuve adore aller à la rencontre des autres, qu’ils soient dans sa classe ou ailleurs dans le monde. Au collège, elle a même collaboré, avec des jeunes atteints de déficience intellectuelle, à la création d’un jardin de fines herbes. Depuis toujours, elle s’intéresse aux questions de justice, d’équité, d’environnement, de sécurité alimentaire, mais aussi d’inclusion sociale des femmes. Pour ces raisons, et bien d’autres encore, elle recevra ce mois-ci un prix Femmes de mérite, catégorie Engagement social et environnemental, de la Fondation Y des Femmes de Montréal. «Cette goutte d’eau a le pouvoir de se transformer en ruisseau, en rivière [...], il faut juste y croire!»
Son intérêt pour le développement international a commencé il y a plusieurs années lorsqu’elle a croisé Marceline Ouedraogo, aujourd’hui décédée, mais qui était alors présidente de la coopérative de femmes Songtaaba, d’Ouagadougou. En collaboration avec la coopérative, elle développe une confiture à base de pulpe de karité.
En 2016, Mme Arseneau se joint à sa grande complice Chantal Bernatchez et son mari, Rasmané Ouedraogo, originaire du Burkina Faso, pour créer Vergers d’Afrique, un organisme sans but lucratif ayant comme objectif de planter des arbres fruitiers à Notatinga. «Pour le moment, 700 arbres sont plantés, précise-t-elle. Il y a des manguiers, des goyaviers et des anacardiers, dans lesquels poussent les noix de cajou.» Mais comme les arbres prennent du temps à produire leurs fruits, elle encourage les femmes du village à mettre sur pied des jardins communautaires qui leur permettront de nourrir leur famille.
Ce projet arrivait pile-poil après une période plutôt difficile pour Chantale: en quelques années, elle s’est séparée et ses deux parents sont décédés. Et comme si cela ne suffisait pas, on lui a annoncé qu’elle souffre d’un cancer. «Je ne suis pas une personne patiente, mais toutes ces épreuves m’ont appris à prendre mon temps, surtout pour ce qui est important», explique-t-elle, aujourd’hui en rémission.
Et la petite mangue n’est pas tombée bien loin de l’arbre qu’elle a planté en Afrique. Cet automne, pour la première fois, sa fille Laurence l’accompagnera au Burkina Faso, afin de lui donner un coup de main. Une belle preuve que ce que l’on sème dans sa propre cour pousse souvent bien au-delà.