INSPIRATION
Du coeur entre les briques
LORSQUE NATALIE VOLAND A ACCEPTÉ DE SUCCÉDER À SON PÈRE MALADE, À LA TÊTE DE SA COMPAGNIE DE GESTION IMMOBILIÈRE, ELLE A IMPOSÉ SES RÈGLES. SUR SES CHANTIERS, ON NE BRICOLERAIT PAS QU’AVEC DES BRIQUES ET DU BOIS. ENTRE LES FONDATIONS ET LES TOITS, IL Y AURAIT DU COEUR.
Depuis près de 25 ans, la Montréalaise d’origine allemande dirige GI Quo Vadis avec la certitude qu’elle peut changer le monde, un clou à la fois. Quand elle convertit des immeubles patrimoniaux de la métropole en lofts commerciaux, ce n’est pas pour faire exploser son compte de banque. Cette travailleuse sociale de formation sort les échafauds pour améliorer la qualité de vie des communautés et créer des maillages entre la culture et les affaires, dans le respect de l’environnement.
« Il n’existe pas de mondes aussi éloignés dans leurs valeurs que celui de l’immobilier et du travail social. J’essaie de les rapprocher. Les promoteurs exercent une grande influence, mais ils se cantonnent souvent dans une vision à très court terme. Je prône le développement durable pour casser le moule traditionnel et transformer la ville », explique cette mère de famille, qui est l’une des rares femmes à chausser des bottes à embout d’acier.
«Chaque jour est un cadeau qu’on doit saisir comme une occasion unique qui ne repassera pas.»
Cette ambassadrice québécoise du mouvement B Corp, une certification qui attache autant d’importance aux populations et à la planète qu’aux profits, gère aujourd’hui près de 140 000 m2. Sous l’impulsion de cette missionnaire en tailleur, des usines désaffectées et une église abandonnée se sont métamorphosées en écosystèmes créatifs pour les jeunes pousses.
Natalie Voland a elle-même dû se reconstruire. Fauchée par un conducteur ivre à l’âge de 18 ans, elle a passé les 10 années suivantes à réapprendre à marcher. Forcée de faire une croix sur ses rêves de ballet et d’équitation, elle s’est alors réinventée au chevet des patients, à l’Hôpital de Montréal pour enfants.
« Cet accident m’a fait réaliser que chaque jour est un cadeau qu’on doit saisir comme une occasion unique qui ne repassera pas, déclare l’admiratrice de Nelson Mandela, qui s’en inspire pour rester fidèle à sa vocation sociale. Pendant que mes amis faisaient la fête, je suivais mes traitements de réadaptation. Comme je ne me suis pas amusée dans ma vingtaine, c’est important pour moi d’avoir du plaisir au travail.»
Sur les chantiers, la patronne est souvent flanquée de ses filles de 9 et 13 ans: «M’ayant toujours accompagnée, elles considèrent les plombiers et les électriciens comme leurs oncles et leurs cousins. Elles voient que c’est parfois épuisant de changer les choses, mais elles comprennent que ça en vaut la peine.» Et avec elles, le
longtemps.• coeur de ses édifices battra encore