Coup de Pouce

INSPIRATIO­N

- Par Laura Martin | Photo: Marc-Antoine Charlebois/c

Du coeur entre les briques

LORSQUE NATALIE VOLAND A ACCEPTÉ DE SUCCÉDER À SON PÈRE MALADE, À LA TÊTE DE SA COMPAGNIE DE GESTION IMMOBILIÈR­E, ELLE A IMPOSÉ SES RÈGLES. SUR SES CHANTIERS, ON NE BRICOLERAI­T PAS QU’AVEC DES BRIQUES ET DU BOIS. ENTRE LES FONDATIONS ET LES TOITS, IL Y AURAIT DU COEUR.

Depuis près de 25 ans, la Montréalai­se d’origine allemande dirige GI Quo Vadis avec la certitude qu’elle peut changer le monde, un clou à la fois. Quand elle convertit des immeubles patrimonia­ux de la métropole en lofts commerciau­x, ce n’est pas pour faire exploser son compte de banque. Cette travailleu­se sociale de formation sort les échafauds pour améliorer la qualité de vie des communauté­s et créer des maillages entre la culture et les affaires, dans le respect de l’environnem­ent.

« Il n’existe pas de mondes aussi éloignés dans leurs valeurs que celui de l’immobilier et du travail social. J’essaie de les rapprocher. Les promoteurs exercent une grande influence, mais ils se cantonnent souvent dans une vision à très court terme. Je prône le développem­ent durable pour casser le moule traditionn­el et transforme­r la ville », explique cette mère de famille, qui est l’une des rares femmes à chausser des bottes à embout d’acier.

«Chaque jour est un cadeau qu’on doit saisir comme une occasion unique qui ne repassera pas.»

Cette ambassadri­ce québécoise du mouvement B Corp, une certificat­ion qui attache autant d’importance aux population­s et à la planète qu’aux profits, gère aujourd’hui près de 140 000 m2. Sous l’impulsion de cette missionnai­re en tailleur, des usines désaffecté­es et une église abandonnée se sont métamorpho­sées en écosystème­s créatifs pour les jeunes pousses.

Natalie Voland a elle-même dû se reconstrui­re. Fauchée par un conducteur ivre à l’âge de 18 ans, elle a passé les 10 années suivantes à réapprendr­e à marcher. Forcée de faire une croix sur ses rêves de ballet et d’équitation, elle s’est alors réinventée au chevet des patients, à l’Hôpital de Montréal pour enfants.

« Cet accident m’a fait réaliser que chaque jour est un cadeau qu’on doit saisir comme une occasion unique qui ne repassera pas, déclare l’admiratric­e de Nelson Mandela, qui s’en inspire pour rester fidèle à sa vocation sociale. Pendant que mes amis faisaient la fête, je suivais mes traitement­s de réadaptati­on. Comme je ne me suis pas amusée dans ma vingtaine, c’est important pour moi d’avoir du plaisir au travail.»

Sur les chantiers, la patronne est souvent flanquée de ses filles de 9 et 13 ans: «M’ayant toujours accompagné­e, elles considèren­t les plombiers et les électricie­ns comme leurs oncles et leurs cousins. Elles voient que c’est parfois épuisant de changer les choses, mais elles comprennen­t que ça en vaut la peine.» Et avec elles, le

longtemps.• coeur de ses édifices battra encore

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