Coup de Pouce

ELLES ONT LÂCHÉ PRISE

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«J’aime ma mère, mais je suis incapable de la supporter. Je l’appelle “maman-trop”: elle m’aime trop, elle m’entoure trop. La cassure s’est produite à l’adolescenc­e, quand elle s’est séparée de mon père et qu’elle est partie avec mon frère seulement. Je me suis sentie violemment abandonnée. Je me sens physiqueme­nt agressée par sa présence, sa voix, sa respiratio­n... Quand mes enfants lui parlent au moyen de la tablette, je leur demande de changer de pièce pour ne pas l’entendre. Je sais qu’elle est une bonne personne, mais j’ai fait le deuil d’une relation mère-fille normale. J’essaie seulement d’être le mieux possible dans notre situation et de la laisser jouer son rôle de grand-mère. C’est ce qui compte pour moi.» − Sara*, 34 ans

«Je vois ma mère une ou deux fois par année, aux réunions de famille, mais c’est tout. Nous ne sommes pas en chicane, mais nous n’avons jamais été proches l’une de l’autre. Je crois que mon seul problème, c’est celui d’être comprise par les gens autour de moi. Non, je n’appellerai pas ma mère tous les jours. Non, je n’irai pas souper chez elle le dimanche. C’est difficile de ne pas juger une personne qui affirme ne pas aimer sa mère. On me trouve sans-coeur quand je dévoile le fond de ma pensée: on ne choisit pas la famille dans laquelle on naît et grandit, mais on a le droit de choisir qui on aime ou pas – même si c’est la famille, même si c’est notre mère...» − Alice*, 33 ans

«Notre relation est tendue. Ma mère croit détenir la vérité, et elle a de la difficulté à considérer des opinions différente­s des siennes, même quand elle a des preuves sous les yeux. Parfois, je lui donne raison simplement pour avoir la paix. C’est plate, mais sinon ça ouvre la porte à beaucoup de négativité.» − Frédérique*, 44 ans

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