Les 50 ans d’une icône de Montréal HABITAT 67
Coïncidant avec les célébrations soulignant le 50e anniversaire de l’exposition universelle de 1967 à Montréal, le 150e anniversaire du Canada, et le 375e anniversaire de Montréal, l’exposition Habitat67versl’avenir présente la genèse de ce projet novateur, son développement, son évolution et son influence sur l’architecture contemporaine internationale. Seule construction d’Expo 67 à avoir conservé sa fonction d’origine, Habitat 67 est devenu une icône de Montréal.
Conception de l'architecte Moshe Safdie, Habitat 67 est l’un des immeubles les plus emblématiques de Montréal. Cet ensemble novateur de logements longe le fleuve Saint-Laurent et propose des maisons individuelles reliées par des passerelles extérieures. Classé au patrimoine culturel du Québec en 2009, Habitat 67, aux dires de certains, a retissé les liens entre la ville et le fleuve.
Chargé du plan directeur d’Expo 67, l’urbaniste Daniel Van Ginkel invite en 1963 le jeune architecte Moshe Safdie de 25 ans, à développer un projet d’habitation pour l’Expo. Dans le cadre de la thèse en architecture qu’il venait de déposer à l’Université McGill, Safdie avait proposé un complexe d’habitation permettant une occupation à haute densité tout en offrant la tranquillité et l’intimité aux résidants. Le concept se voulait une solution de rechange économique à la maison unifamiliale de banlieue, alors très en vogue. Réalisée à partir d’un assemblage d’éléments préfabriqués, sa construction devait se fairede manière rapide et peu coûteuse, ce qui permettrait de loger des ménages à revenus modestes. Toutefois, en raison de limites budgétaires, Safdie doit revoir la taille du projet. Alors que le projet initial devait comprendre 950 appartements, sur 22 étages, la nouvelle mouture n’en comptera que 158, sur 12 étages. Et alors qu’il devait au départ inclure des commerces et une école, le nouveau projet n’abritera finalement que des appartements privés.
Constitués par 354 modules préfabriqués en béton, ces appartements sont regroupés en trois pyramides irrégulières, dotées chacune de deux ascenseurs. N’offrant aucune vue sur l’intérieur des appartements voisins, les fenêtres sont disposées de façon à garantir l’intimité des résidants. De plus, chaque logement bénéficie d’une terrasse privée, aménagée sur le toit d’une autre unité.
Financée par la SCHL (au coût de 17 millions de dollars), la construction d’Habitat 67 a débuté en 1965. Lors de l’inauguration de l’Expo, le complexe n’est que partiellement complété en raison de retards dans les travaux : 89 appartements sont alors mis en location et 26 autres sont réservés pour des invités de l’Expo. Le complexe ne sera achevé qu’en 1970.
Durant l’Expo, il est possible de visiter quelques unités meublées et décorées par des designers canadiens. Si le milieu de l’architecture accueille très favorablement le projet, soulignant sa façon novatrice de marier densité et espaces de vie et son utilisation du béton armé, le grand public, lui, se montre perplexe, n’y voyant qu’un bâtiment excessivement moderne et froid. C’est sans doute pour cela que, bien qu’il ait d’abord été pensé pour loger des familles de classe populaire, Habitat 67 sera plutôt mis en marché comme un com- plexe immobilier de prestige. D’ailleurs, le loyer mensuel pour les unités dispo-nibles, la première année, variait entre 330 $ et 750 $/mois, ce qui représentait à l’époque un coût considérable pour Montréal. Les logements seront loués jusqu’à ce que des locataires se regroupent, en 1985, pour transformer leurs appartements en copropriété. Aujourd’hui, les unité se vendent au dessus du million de dollars, les plus grandes trouvant preneur à plus de deux millions.
L’exposition Habitat67versl’avenir présente au Centre de Design de l’UQAM la carrière internationale de l’architecte, ainsi que son influence durable dans le domaine de l’architecture en général. Dès son ouverture, Habitat 67 a capté l’imagination du public international et il est devenu à la fois une icône vivante d’Expo 67 et une fierté canadienne. Il reste à ce jour une source d’inspiration pour l’architecture dédiée aux idéaux humanistes.
Organisée conjointement par Safdie Architects et le Centre de design de l’UQAM, sous la direction du conservateur indépendant Donald Albrecht, l’exposition s’ouvre sur des images et objets d’archives du projet, y compris des designs conceptuels, des maquettes et des plans pour des versions non construites d’Habitat, conçues peu après par Safdie pour New York, Porto Rico et Israël. L’exposition se poursuit avec la présentation de «l’habitat du futur», une série de maquettes et d’interprétations développées par une équipe d’architectes ayant participé à une recherche de deux ans en collaboration avec Moshe Safdie et les directeurs de Safdie Architects, pour revisiter et imaginer comment se ferait la réalisation d'Habitat de nos jours. Plusieurs des prototypes ayant émergé de l’exercice ont mené à des solutions créatives pour relever les défis de construction de plus en plus complexes qui se matérialisent dans les projets de logements multiusages actuels et internationaux de Safdie. L’exposition culmine avec des maquettes et des photographies de plusieurs projets récents réalisés à travers le monde, dont certains seront exposés pour la première fois au Centre de design de l’UQAM.
WWW.CENTREDEDESIGN.COM L’admission à l’exposition est gratuite et le Centre est ouvert du mardi au dimanche, de midi et 18 h.