Échos vedettes

Je reviendrai à Montréal

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Le phénomène est observable: presque tous les artistes québécois qui se sont exilés en France pendant quelques années, voire quelques décennies, reviennent chez eux. Comme si la fin d’un millénaire leur avait permis d’élargir leur clientèle et si le début d’un autre avait fait en sorte qu’ils se souviennen­t de leurs racines. Rien de personnel, je comprends très bien l’appel du large, mais je trouve tout de même étonnant l’effet de conjonctur­e culturelle. Diane Dufresne, Roch Voisine, Corneille, Garou, Stéphane Rousseau, Anthony Kavanagh, Diane Tell et même Carole Laure sont au Québec plus souvent qu’avant. Je serais porté à dire: «Tant mieux!» Chacun de ceux que je vous ai nommés est une grosse pointure en France, en Belgique, en Suisse ou même en Russie. Oui, en Russie! Quand Bruno Pelletier ou Garou se produisent en Russie, à Saint- Pétersbour­g, à Moscou ou ailleurs, c’est devant des salles pleines à craquer. Là- bas, ces deux- là sont des « demi- dieux» et, même si la population ne parle pas français ou très peu anglais, c’est pourtant en français qu’on les accueille en chantant à l’entrée des artistes des salles de 5000 places où ils donnent leurs spectacles.

C’est un phénomène que l’on n’observe que très peu, voire jamais, chez nous, au Québec. Quoi qu’il en soit, en Europe, pour plusieurs de ces artistes, leur carrière va très bien. Ce n’est certaineme­nt pas le manque de succès qui les ramène au Québec. Pour la majorité, il s’agit d’un coup du destin; pour d’autres, c’est tout simplement une stratégie planifiée. Mais sachez que, dans tous les cas, la chance s’en mêle. Je ne ferai pas ici la liste ou la séparation des histoires de chacun mais, souvent, il s’agit d’un coup de chance ou d’un bon timing pour que ça accroche là- bas. Plusieurs s’y sont cassé les dents. J’ai en mémoire Offenbach, Yvon Deschamps, MarieChant­al Toupin et, plus récemment, Martin Matte, du moins sur scène, parce qu’on sait qu’il a pris sa revanche en leur vendant le concept des Beaux malaises. Mais bon, ce ne sont pas tous les Québécois qu’on adopte là- bas! Par contre, vous me direz qu’ici on a adopté plusieurs artistes européens ou français. Mais c’est tout à fait normal: il n’y a rien de surprenant dans ces échanges culturels, surtout si on parle la même langue.

Que les artistes reviennent sur leur lieu de naissance est un phénomène naturel. Les saumons, les oies blanches et les papillons font la même chose; c’est ce qui fait la beauté de la nature. Comme un animal sauvage, l’homme est libre, et cette liberté n’a pas de prix. Ne cherchons pas à comprendre, c’est tout à fait naturel! C’est l’appel des origines qui est plus fort que la reconnaiss­ance internatio­nale. Comme quoi un artiste, aussi grand qu’il soit, est toujours plus confortabl­e dans les bras de sa mère que dans ceux de l’univers. Le 17 mai dernier, Diane Dufresne, Robert Charlebois et Ariane Moffatt ont été accueillis comme des enfants du pays, au Centre Bell, à Montréal, dans le cadre du spectacle Bonne fête Montréal, des habitués du «grand Boeing blue de mer».

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R AI CL AU IC ÉR ÉD FR S/ N IO AT IC BL PU A TV O: OT PH

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