Échos vedettes

À LA VEILLE DE «SUBIR» SON 75e ANNIVERSAI­RE

- DANIELLE DESBIENS

NOUS AVONS PROFITÉ DE LA REPRISE DE LA COMÉDIE MUSICALE DEMAIN MATIN, MONTRÉAL M’ATTEND POUR RENCONTRER SON AUTEUR, MICHEL TREMBLAY, AVEC DES PHOTOS DES PREMIÈRES PRODUCTION­S. LA NOUVELLE MOUTURE DE RENÉ RICHARD CYR EST PRÉSENTÉE AU TNM JUSQU’AU 25 JUIN, DANS LE CADRE DES FRANCOFOLI­ES, ET DU 19 SEPTEMBRE AU 14 OCTOBRE. À LA VEILLE DE «SUBIR» SON 75e ANNIVERSAI­RE, IL NOUS A AUSSI PARLÉ DE SA RÉALITÉ... ET A RANIMÉ QUELQUES SOUVENIRS.

Michel Tremblay fêtera ses 75 ans le 25 juin. «Soixante-quinze est un chiffre que je déteste profondéme­nt. Ce sont les trois quarts, sinon les quatre cinquièmes de ma vie qui sont passés. Mais on peut en profiter. Je le vis bien.» C’est pourquoi l’auteur a accepté qu’on lui fasse la fête ce jour-là, au TNM.

ENCORE LE TRAC

Quand Michel Tremblay présentera son nouveau roman au Salon du livre de Montréal, en novembre prochain, il souffrira d’un trac intense. «L’inquiétude de durer reste toute la vie. J’ai le souci constant de ne plus être pertinent et d’avoir mal vieilli.»

Il n’a jamais tenu le succès pour acquis. Il lui est impossible de s’asseoir sur ses lauriers. « Je m’étais tellement fait dire que je ne durerais pas par des gens qui ne m’aimaient pas — et même par des gens qui m’aimaient — que tout a été une surprise. Je viens d’une famille de défaitiste­s où “ça ne se peut pas”. D’ailleurs, à Échos

Vedettes à mes débuts, j’avais dit: “Je suis dépassé dans cinq ans”.» Pourtant, la pièce Les

belles- soeurs, présentée au Théâtre du Rideau Vert, a été un succès, comme en témoigne Échos

Vedettes dans l’édition du 7 septembre 1968. Michel en dit: «J’étais certain que ce serait un feu de paille.»

INDÉPENDAN­T DE FORTUNE

«Ce qui m’a aidé et m’a apporté beaucoup de confiance, c’est quand mes pièces sont sorties du Québec. Avant ma génération, nous ne le pouvions pas. C’est John Goodwin, le premier agent d’auteurs dont j’ai été le premier client, qui a pris mes pièces sous le bras pour les apporter à Toronto, puis aux États- Unis. John a été l’un des trois sauveurs du Théâtre de Quat’sous, en 1969. Il a aussi produit En pièces détachées. En 1971, John m’a dit: “Si tu veux, on va signer un contrat d’un an et tu ne discuteras plus toi- même de tes droits.” Moi, j’avais des problèmes avec les impôts et mes droits, je les donnais... La première année que John s’est occupé de moi, en 1971-1972, je suis passé d’un revenu de 4000 à 40 000 $! En 1972! Je n’ai plus été obligé de m’occuper de contrats. Un jour, John m’a dit que si je ne voulais pas écrire, je n’aurais plus jamais à le faire. J’ai la chance d’être indépendan­t de fortune depuis 40 ans.»

Michel Tremblay se rappelle avec reconnaiss­ance le Centre d’essai des auteurs dramatique­s, devenu le Centre des auteurs dramatique­s. «C’est là que

Les belles- soeurs et La duchesse de Langeais ont été lues pour la première fois.»

Chaque fois qu’une de ses pièces est reprise ou que ses textes sont traduits, il est heureux. «À une certaine époque, pour nous assurer que la traduction était conforme, nous la faisions lire à un Québécois qui vivait dans le pays visé et qui parlait la langue. Les Maisons du Québec nous ont beaucoup aidés. Mais il est arrivé qu’on nous dise que la traduction était mauvaise.»

EN SANTÉ MALGRÉ TOUT

L’homme est doté d’une mémoire exceptionn­elle, surtout pour les chiffres. « Ça fait peur à mes amis... Moi, je travaille avec ma mémoire même si je réinvente.»

Depuis 12 ans, la santé est revenue. «Il reste juste un goitre et des séquelles, parce que c’est dur pour moi de manger et d’avaler. Je me suis habitué à choisir ce que je peux manger...»

Et le créateur continue de limiter ses voyages et il refuse presque toutes les invitation­s. «Il y a eu un temps où j’aurais pu faire le tour de la terre chaque année pour voir mes pièces à l’étranger. Certains auteurs adorent ça, comme Michel Marc Bouchard actuelleme­nt. Moi, je n’aime pas me déplacer. C’est très angoissant et, même si je trouve ça dommage, je ne guéris pas. J’aimerais me téléporter comme dans Star

Trek... Pourtant, mon plus grand cadeau, c’est qu’on montre mes pièces au plus de monde possible. Ce ne sont pas toujours les mêmes personnage­s qui ressortent, la mise en scène est différente, tout change, excepté le texte.»

«J’ai le souci constant de ne plus être pertinent et d’avoir mal vieilli.»

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 ??  ?? La nouvelle mouture de Demain matin, Montréal m’attend en répétition, avec notamment Hélène Bourgeois Leclerc, Laurent Paquin, Kathleen Fortin et Benoît McGinnis. La comédie musicale sera présentée au TNM jusqu’au 25 juin, puis du 19 septembre au 14...
La nouvelle mouture de Demain matin, Montréal m’attend en répétition, avec notamment Hélène Bourgeois Leclerc, Laurent Paquin, Kathleen Fortin et Benoît McGinnis. La comédie musicale sera présentée au TNM jusqu’au 25 juin, puis du 19 septembre au 14...

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