«ON N’A QU’UNE VIE À VIVRE, ALORS JE NE VEUX PAS M’ENNUYER» — Benoît Dutrizac
C’EST AU MICRO DE QUB RADIO QUE BENOÎT DUTRIZAC EFFECTUE SON GRAND RETOUR, DANS UNE QUOTIDIENNE MATINALE EN DIRECT, AVEC DUTRIZAC DE 6 À 9.
APRÈS S’ÊTRE FAIT MONTRER LA PORTE DU 98,5 FM ET AVOIR ÉTÉ SILENCIEUX DURANT UN AN ET DEMI, IL A HÂTE DE RENOUER AVEC LES AUDITEURS...
Sa femme est contente qu’il soit de retour au boulot après un an et demi! «Elle travaille à la maison; elle est recherchiste pour Les francstireurs. Des fois, elle me disait: “Là, va faire quelque chose!” Il était temps que je sorte de la maison, lance-t-il en riant. En fait, j’adore travailler avec ma femme! Ça m’a permis de continuer à faire plusieurs saisons aux Francstireurs. On discute, on s’obstine sur certains sujets, mais on fonctionne bien ensemble; ça roule et on est productifs! Elle travaille vraiment très bien comme recherchiste, et je suis très heureux de continuer à participer à l’émission grâce à elle!»
Dutrizac a reçu des offres d’autres médias. Pourquoi a-t-il choisi QUB radio? «Aujourd’hui, tu embarques dans ta voiture, tu mets le Bluetooth et tu écoutes la radio numérique, tu écoutes des balados... Au cours de la dernière année, j’en ai beaucoup écoutés. J’ai découvert cet endroit extraordinaire de créativité, de liberté, d’audace et d’originalité. Il y a des balados qui m’impressionnent vraiment! Revenir à cette utilisation de la radio pour raconter des histoires, ramener des faits, je trouve ça fascinant! Présentement, il se passe quelque chose d’intéressant sur ce plan-là, et j’ai le goût de prendre part à ça.»
SE LEVER AVANT LE SOLEIL
Dès le 15 octobre, date où il entrera en ondes, Benoît se lèvera avant même que le soleil ne se pointe. «J’aurai l’obligation de me lever tôt, mais il y a des obligations dans tous les métiers, raconte-t-il. Je me levais tôt il y a 30 ans: je travaillais à Postes Canada et j’étais debout à 4 h pour aller poster du courrier. L’après-midi, j’écrivais mes livres. Je me couchais plus tôt. De toute façon, je ne sors pas, je ne vais pas dans les premières, je n’ai pas de goût particulier pour les aventures nocturnes. Je suis un peu casanier. Encore là, ma femme dirait: “Un peu?!” Donc, ça ne m’enlève pas grand-chose dans ma journée.»
PAS DE CRIAGE!
Dans sa nouvelle émission, son ton sera posé, il nous le promet! «Entendre crier le matin, ça m’exaspère. Ça doit venir de mon enfance, précise-t-il. Je me suis rarement engueulé avec des gens à la radio. On pousse le personnage un peu loin quand on dit ça. Il y a eu des différences d’opinions, des entrevues serrées, de l’exaspération devant la bullshit... Mais gueuler, je ne l’ai jamais fait. Le matin, je ne le ferai pas non plus. Je vais y aller avec sarcasme et ironie; ça va être plus efficace! Un faux compliment a beaucoup plus de punch qu’une bonne insulte.»
EXIT LES SEGMENTS RÉPÉTITIFS!
L’homme jure qu’il n’y aura pas de redites durant les trois heures de Dutrizac de 6 à 9!
«On aura de nouveaux segments toutes les 15 minutes. On ne reviendra pas constamment sur la défaite des Canadiens. On va le faire une fois, mais pas 15!»
Au programme: de l’actualité, des phénomènes sociaux et... des sujets qui ont été oubliés! Par exemple? «Éloïse Dupuis, cette Témoin de Jéhovah qui est morte au bout de son sang parce qu’il y avait deux goons devant sa chambre d’hôpital qui empêchaient les gens d’entrer... Est-ce encore comme ça dans les hôpitaux? Est-ce que les intégristes religieux dirigent encore la façon dont on soigne les gens au Québec? Si c’est le cas, c’est scandaleux!»
FAIRE NAÎTRE UN PROJET
«À 57 ans, arriver dans un nouveau projet, un nouveau média, c’est rare! Richard Martineau, Laurent Saulnier et moi, on a créé Les francstireurs. Je suis arrivé au 98,5 FM à ses débuts... Participer à la création et à l’évolution d’un nouveau média, ça n’arrive pas souvent. J’ai eu cette chance-là. J’aime l’insécurité que ça provoque», admet-il. L’animateur est-il motivé par la nouveauté? «On n’a qu’une vie à vivre, alors je ne veux pas m’ennuyer à ma job!»
«ON S’ENNUIE DE VOUS, MONSIEUR DUTRIZAC!»
Qu’a-t-il fait pendant qu’il n’était pas à la radio? «Au cours de la dernière année, j’ai compris ce que la radio signifiait pour les gens; je ne le comprenais pas avant. J’avais un rapport assez limité aux gens, dans mon petit studio sans fenêtres: je communiquais avec ceux qui m’écrivaient, ceux qui m’appelaient... Pendant la dernière année, je sortais de chez moi et les gens m’arrêtaient pour me dire: “On s’ennuie de vous, Monsieur Dutrizac!” C’était constant! J’ai découvert à quel point j’avais infiltré l’intimité des gens. Ça a dilué la tasse de cynisme que je bois chaque jour.»
Il a apprécié ce recul: «Ça m’a fait du bien, un an et demi sans parler, sans entendre ma voix. Malgré tout, j’ai continué à suivre ce qui se disait, ce qui s’écrivait. J’ai continué à faire Les francs-tireurs.» A-t-il vécu ne serait-ce qu’une seconde d’insécurité? «Non, je n’ai pas pleuré en petite boule.»
UN BALADO
On pourra entendre un balado de Benoît sur QUB radio, intitulé Si j’achetais un char. On le suivra alors qu’il se magasine — comme dans la vraie vie — une voiture tout en respectant ses valeurs écolos. «L’intro de ça, c’est que je suis insupportable quand je me cherche une auto. Au point que ma femme et mes enfants ne veulent plus me parler... et ça, c’est presque vrai! Mes amis ne veulent plus que je leur parle de voitures. Tout ce qu’il y a là-dedans, c’est vrai! jure-t-il. Je suis allé voir des voitures, mais pas chez les concessionnaires. Je suis allé voir des “bizouneux”, des réparateurs, des “patenteux”... On vit à une époque où l’on ne répare plus rien.» Il a vu des MG, des Westfalia, des voitures électriques... «Ça nous a permis d’avoir une réflexion sur notre rapport à la voiture.» Benoît prépare un autre balado sur un nouveau sujet. «Et je suis censé écrire un troisième livre pour enfants, mais je n’en ai pas eu le temps.»