Angèle Dubeau: 40 ans de carrière
– Angèle Dubeau
POUR ANGÈLE DUBEAU, 2018 EST PROPICE AUX CÉLÉBRATIONS. ET POUR CAUSE: LA CÉLÈBRE VIOLONISTE TOTALISE QUATRE DÉCENNIES DE CARRIÈRE, AUXQUELLES S’AJOUTENT LES 20 ANS DE L’ENSEMBLE LA PIETÀ.
«C’est une vie extraordinaire!» répond sans hésiter Angèle Dubeau quand on lui demande de décrire en quelques mots sa carrière de violoniste, qui l’a menée aux quatre coins de la planète depuis maintenant quarante ans. Elle poursuit sur la même lancée: «Enfant, je rêvais de faire de la musique, mais aussi de voyager et de voir le monde. J’ai appris très jeune à faire parler, chanter et danser mon violon. La musique est un langage universel et un cadeau du ciel. Je me souviens des premières fois où je suis allée en Asie, je devais avoir 19 ou 20 ans, et je réalisais qu’il y avait la barrière de langue. On était incapables de se comprendre. Alors, je prenais mon violon — parce que je jouais avec les orchestres là-bas — et tout le monde s’accordait ensemble et c’était comme ce qui s’est produit partout ailleurs dans le monde par la suite: la communion entre nous se faisait. La musique a ce pouvoir. Ma carrière, c’est quarante ans de bonheur et de partage», raconte la virtuose. Grâce à la musique, elle peut aller à la rencontre des gens. «Ultimement, ce qui me fait le plus plaisir, c’est de savoir qu’aujourd’hui, ma musique se retrouve dans le quotidien des gens.» Angèle Dubeau fait ensuite allusion aux nombreuses plateformes numériques qui permettent d’écouter de la musique. «J’ai comptabilisé soixante millions d’écoutes en streaming dans le monde durant les cinq dernières années. Ce chiffre donne la chair de poule, mais ça me fait réaliser que j’entre ainsi un petit peu dans la vie des gens.» Quant aux ventes d’albums, on dépasse le chiffre des 600 000 exemplaires.
UNE BRILLANTE CARRIÈRE
La carrière d’Angèle Dubeau a débuté lorsqu’elle avait quatre ans. «Je suis la septième d’une famille de huit enfants. Tout le monde faisait de la musique, chez nous. Un jour, ma mère m’a demandé de quoi je voulais jouer. J’étais bien contente, parce que j’étais assez grande pour jouer d’un instrument de musique. J’ai dit: «Du weloncielle.» (violoncelle) On m’a vite fait comprendre que le «weloncielle» était un peu gros pour une petite fille de quatre ans. Alors j’ai commencé avec un «bébé weloncielle», un violon. (rires) Ç’a été un coup de foudre immédiat.» Le jour où elle a eu l’instrument entre les mains, elle a délaissé ses jouets et n’a plus jamais demandé à jouer du violoncelle. «Dans le petit lit de poupée, ce n’était plus une poupée qu’il y avait, c’était mon violon. C’est devenu mon ami. Le soir, je mettais une petite couverture dessus, je lui donnais un petit bec et je lui souhaitais un beau dodo.» La virtuose ne manque pas de rendre hommage à ceux qui l’ont formée. «J’ai eu la chance d’avoir des professeurs extraordinaires. Ce sont des gens qui m’ont soutenue, mais qui ne m’ont jamais poussée.»
UNE MAÎTRISE À 15 ANS
Quand on aborde le sujet des moments marquants de sa carrière, Angèle Dubeau parle d’abord des salles où elle a joué, elle qui a terminé sa maîtrise en musique à 15 ans. «Il y a des salles à l’acoustique extraordinaire, où l’on a l’impression que notre violon s’en va au ciel.» Ces salles, ce sont le Southbank Centre de Londres, l’opéra de Tokyo, le Palacio de Bellas Artes de Mexico, le Palais Montcalm de Québec ou encore la Maison symphonique de Montréal, entre autres. «Ce sont des moments marquants, quand on joue dans des endroits comme ça.» Ensuite, il y a le public. «Parfois, ce sont de petites salles, mais, quand le public est chaleureux, on chérit ces moments dans notre coeur.» La musicienne a également joué pour les grands de ce monde. «Dans mon grand livre, il y a Nelson Mandela», mais aussi la reine Élisabeth, les deux derniers présidents de Chine ou encore le roi de Thaïlande. Enfin, et il est très important pour Angèle Dubeau de le mentionner, il y a les oeuvres qu’elle interprète et les compositeurs qui les ont créées, qu’ils soient contemporains ou non. «Alors, quand vous me demandez ce qui marque une carrière, je vous réponds que c’est tout ça!»