Roy Dupuis: il n’a pas besoin de travailler
Artiste engagé et activiste environnemental
HABITUELLEMENT PLUTÔT DISCRET, ROY DUPUIS N’AIME PAS VRAIMENT LES SORTIES PUBLIQUES. MAIS QUAND IL EST QUESTION DE DÉFENSE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE PROTECTION DE NOS RESSOURCES NATURELLES, LE COMÉDIEN OUBLIE SA RÉSERVE LÉGENDAIRE ET MONTE AUX BARRICADES. IL ÉTAIT ÉVIDEMMENT PRÉSENT LA SEMAINE DERNIÈRE POUR LA PUBLICATION DU PACTE POUR LA TRANSITION.
Plus de 15 ans après la création de la Fondation Rivières, Roy Dupuis repart au combat pour la défense de l’environnement en participant à la création du Pacte pour la transition (voir encadré). «Que ce soit pour les rivières, l’environnement, les animaux, je pense qu’il y a urgence. Le secrétaire général des Nations unies et les scientifiques sont clairs sur le sujet. Ce pacte est avant tout un moyen de transmettre de l’information, d’indiquer des gestes concrets et utiles qui ne sont pas si compliqués à faire que ça. Beaucoup de gens se demandent ce qu’ils peuvent faire pour aider à la lutte aux changements climatiques.»
S’il reste un artiste engagé et conscientisé, Roy Dupuis demeure cohérent entre les gestes qu’il pose et les valeurs qu’il défend. Ainsi, dans le prochain film de Marc-André Forcier, La beauté du monde, dont la sortie est prévue en 2019, Roy Dupuis campe un apiculteur aux prises avec des difficultés. «Marc-André Forcier s’est un peu inspiré de moi
pour écrire le rôle. Le personnage a un voilier, j’en ai un aussi. Le fait que j’ai une démarche environnementale lui a insufflé l’envie de m’écrire un rôle d’activiste écologique. Cela dit, ce n’est pas parce que c’est un film environnemental que je le fais. Ça demeure un film qui porte la signature de Forcier, et je ne peux pas refuser ses rôles, car j’adore vraiment beaucoup son cinéma et son écriture. Mais le fait que le film traite des problèmes écologiques et d’environnement, ça apporte quelque chose de plus. C’est d’une grande importance pour moi.»
Ce long métrage, auquel participent également Mylène Mackay et Yves Jacques, s’annonce comme une fable écologique moderne qui met en lumière les ravages de l’agriculture intensive sur notre écosystème naturel. Le personnage de Roy Dupuis devra se battre pour sauver la flore du Québec des assauts de Transgenia, une multinationale qui empoisonne la terre à grands coups de produits chimiques. «En général, j’accorde de plus en plus d’intérêt à ce que le film veut dire et quel message il veut faire passer, que ce soit sur le plan de la morale, de l’écologie, de la science ou de la religion, avant d’accepter d’y jouer. Mes valeurs doivent être en accord avec celles du film. J’avoue que j’en ai refusé beaucoup, parce que je n’étais pas en accord avec le message transmis.»
AVENIR PROFESSIONNEL
Roy Dupuis reconnaît que ce n’est pas vraiment plus difficile de travailler en respectant ses nouveaux critères. «Mais je suis actuellement dans une période où je ne m’ennuie pas de ne pas travailler. En fait, je ne cherche pas à travailler. Je sais que je suis privilégié et chanceux à ce niveau-là, car je n’ai pas non plus besoin de travailler.» Cela fait déjà plusieurs années que le comédien a pris un certain recul face à l’industrie du cinéma et de la télévision. «Pour que j’accepte un rôle, il faut que le projet me réveille, qu’il me donne envie d’aller travailler. J’en refuse donc très souvent, mais il y a quand même quelques films auxquels j’ai dit oui. Ils sont actuellement en financement et vont peutêtre se réaliser; tout dépend des subventions.»
Quand il ne travaille pas ou ne milite pas pour une cause environnementale, Roy Dupuis avoue ne pas s’ennuyer. Il pense toujours à son projet de voyage en voilier à travers le monde. «Le projet est toujours d’actualité, mais il a été repoussé pour une question “technique”. Je devais partir avec Céline Bonnier, ma copine de l’époque, mais on s’est laissés avant de faire ce voyage. Je l’ai donc mis sur la glace. Je n’ai pas vraiment envie de le faire tout seul. D’ailleurs, je ne pense pas que je pourrais partir seul. Après quelques mois d’expérience en mer, ce serait possible, mais pas en partant, même si je connais bien mon bateau.» Quant à savoir si sa copine actuelle pourrait partir avec lui, sa réponse est laconique: «Sûrement qu’elle pourrait, oui. On va voir...»
VOYAGE SCIENTIFIQUE
Le but de ce voyage répond d’abord à une envie de voir le monde différemment pour Roy Dupuis. «Je veux d’abord voyager, voir le monde et avoir un point de vue différent sur la vie et sur ce qui nous entoure. C’est la voile qui m’a inspiré cette envie de voyage. À partir du jour où j’ai passé mes deux premières semaines sur le bateau, je me suis rendu compte que ce qui était important sur terre ne l’était plus nécessairement en mer. C’est ce que je cherche quand je voyage. Je veux me changer la tête, changer mon regard et aussi mes valeurs. C’est ce que j’aime de la vie: toujours apprendre sur plein de choses et dans toutes sortes de situations. En apprenant sans cesse, on en connaît davantage sur les autres, mais aussi sur soi.»
Toujours dans une optique d’apprentissage, Roy Dupuis aimerait faire profiter la recherche scientifique et environnementale de son périple en mer. «Présentement, je cherche à développer un aspect scientifique à ce voyage. Je me dis que, tant qu’à traverser le Pacifique et à visiter différents pays, il doit peut-être y avoir une étude scientifique qui pourrait profiter de moi d’une certaine façon, que ce soit, par exemple, en posant des questions ou en analysant les températures des eaux sur lesquelles je navigue. Je pense qu’il est possible de mettre sur le bateau des équipements qui pourraient fournir des informations intéressantes pour une étude scientifique quelconque.»
«En apprenant sans cesse, on en connaît davantage sur les autres, mais aussi sur soi.»