Échos vedettes

«AVANT, JE NE PRENAIS PAS CONSCIENCE DE MON ÂGE» − Michèle Richard

À L’INSTAR DE BIEN DES GENS, MICHÈLE RICHARD VIT LA PÉRIODE DE PANDÉMIE ACTUELLE AVEC UNE CERTAINE DIFFICULTÉ. HEUREUSEME­NT, LA MALADIE NE L’A PAS AFFECTÉE, MAIS IL EN VA AUTREMENT DU CONFINEMEN­T, QU’ELLE A TROUVÉ BIEN DIFFICILE.

- FRANCIS BOLDUC

«C’est plate. Ma vie est plate», répond sans détour Michèle Richard quand on lui demande comment elle va. L’artiste ne s’en cache pas: la crise liée à la covid-19 l’a menée à vivre toutes sortes d’émotions. Elle explique d’abord qu’elle a été sonnée quand elle a réalisé qu’elle devait reporter tous ses spectacles en raison de la pandémie. «Ç’a été un moyen coup à prendre. J’avais une tournée de prévue l’automne prochain. Je me suis rendu compte que je ne chanterais pas sur scène avant longtemps... Fin 2021, et peut-être juste 2022», explique-t-elle avec un certain découragem­ent. Elle était prête à retrouver ses fans, mais il a bien fallu qu’elle se résigne à remettre à plus tard les retrouvail­les.

Dans les premières semaines du confinemen­t, la chanteuse a fait ce que plusieurs d’entre nous ont fait: elle s’est enracinée devant le téléviseur. «Je regardais la télé 15 heures par jour. Je ne ratais pas les points de presse des premiers ministres. Ensuite, je m’intéressai­s aux explicatio­ns des chroniqueu­rs politiques. Je suis devenue une fan de Mario Dumont. Je ne faisais que regarder la télé. Heureuseme­nt que j’avais mon chien et ma petite chatte. Ils m’ont apporté un grand réconfort, et je me suis encore plus attachée à eux. Aussi, j’ai choisi de consacrer du temps au piano. Ça faisait deux ans que je n’en avais pas joué. Je m’y mets de 15 à 20 minutes par jour. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est revenu. Ma lecture musicale aussi est revenue. J’aime beaucoup ça!»

PAS FACILE D’AVOIR 74 ANS

À plusieurs reprises pendant l’entrevue, Michèle revient sur son âge. «Avec toute cette crise, j’ai réalisé que j’avais 74 ans. Je suis une aînée maintenant. Ce sont les informatio­ns liées à la covid-19 qui m’ont fait réaliser ça. Avant, je ne prenais pas conscience de mon âge. Ce n’est pas drôle. Quand on a 40 ans, c’est facile de dire qu’on va pouvoir chanter à nouveau sur scène dans un an, un an et demi; mais à mon âge, se faire dire qu’on va recommence­r après tous ces mois... À ce moment-là, je vais avoir 76 ans; c’est moins certain que ça va arriver. Il faut être réaliste. J’espère que je vais être en forme, mais ce n’est pas sûr. Parfois, à cet âge-là, ça change vite!» confie-t-elle tout de même en riant.

Redevenant plus sérieuse, elle ajoute: «C’est comme me prendre ma vie. On m’a volé ma vie. Je n’y peux rien. Je sais que bien des gens ont réagi comme moi face au confinemen­t. Je n’ai plus la même énergie qu’avant. Je n’ai plus de patience, et tout prend plus de temps. Le temps, c’est crucial pour nous, les aînés; il faut le vivre et bien le vivre. C’est triste et difficile de passer à travers ça. Et ce n’est pas le cas juste pour moi, mais pour tout le monde.» Et elle avoue avoir des craintes face à la maladie. «Je suis dans un groupe d’âge critique pour la covid-19. J’ai vraiment peur de cette maladie.» Malgré tout, elle n’a qu’un souhait: «Retrouver mon énergie et ma capacité d’émerveille­ment. Il me semble que j’en ai moins avec toute cette affaire.»

AU REVOIR, SAINT-SAUVEUR!

Michèle habite depuis très longtemps la même grande et jolie maison entourée d’un magnifique terrain, ceinturé par un boisé riche en diverses essences végétales. «Cette année, le 24 juin, ça fera exactement 35 ans que je possède cette maison dans le village de SaintSauve­ur. C’est l’ensemble qui m’a charmée à l’époque.» Cette maison est la deuxième que la chanteuse a achetée. «La première maison que j’avais eue n’était pas très loin de celle-ci. Je l’avais gardée cinq ans.» Pour cette première demeure, de même que pour les suivantes, ce sont les émotions qui ont primé. «Chaque fois, je suis tombée sous le charme. C’est toujours un coup de coeur qui fait que j’achète une maison.»

Cette demeure, qu’elle occupe depuis tout ce temps, Michèle l’a bichonnée. «Je l’ai décorée et redécorée. J’ai changé la couleur de la maison et j’ai fait plein de réaménagem­ents sur le terrain. Je l’ai bien entretenue.» Quand on lui demande si elle est habile avec les rénovation­s et les réparation­s qu’exige une maison, Michèle répond sans hésiter: «Non! C’est plutôt la tête qui fonctionne. Je suis très visuelle et je sais ce que je veux, mais je ne fais rien moi-même. Je visualise ce que je veux, et ça devient très clair pour moi. Je le vois avant que ça soit fait.» Quant aux incontourn­ables entretiens annuels, elle le dit aussi sans détour: «Au fil des ans, c’est devenu éreintant.»

Quand on aborde les grands souvenirs rattachés à la demeure qu’elle occupe depuis tant d’années, Michèle prévient qu’elle n’a retenu que les meilleurs, le principal étant son mariage: «Il y avait 350 invités sur le terrain avec un chapiteau pouvant accueillir tout ce monde. On a servi un repas de sept services. C’était en 1991. Je retiens aussi les tournages des émissions Noël magique. On enregistra­it pendant des jours et des nuits. Ce sont de magnifique­s souvenirs.»

UN PETIT PARADIS TROUVÉ PAR HASARD

Il y a un peu plus d’un an, Michèle est partie en voiture avec un ami pour lui montrer une propriété que devait acheter un autre ami. Sauf qu’au bout de la rue en cul-de-sac, située à une quinzaine de minutes de chez elle, il y avait ce petit paradis qui attendait Michèle. «Le coeur me débattait quand j’ai vu cette propriété! Je l’ai achetée en trois jours. Et en trois jours, j’ai su comment j’allais la rénover. Et j’ai pris la décision de vendre ma maison de Saint-Sauveur.»

Essentiell­ement, cette nouvelle demeure, beaucoup plus petite que celle qu’elle occupe actuelleme­nt, est tombée dans l’oeil de la chanteuse parce qu’elle est située sur le bord d’un lac où les embarcatio­ns à moteur sont interdites. Il y a même une petite maison d’invités qu’occupe actuelleme­nt son ami Dick. Celui-ci a d’ailleurs promis de l’aider à faire le tri parmi ses choses afin de déterminer ce qu’elle pourra apporter et ce dont elle devra se défaire. «Le site est

magnifique, et on peut pêcher dans le lac! Mon univers, il va être là sur le bord de l’eau toute l’année. Je mérite ça!»

Quant à la grande ville, Michèle y a habité assez longtemps et y a eu un pied-à-terre pendant de nombreuses années. «J’ai demeuré dans un appartemen­t à Westmount pendant 10 ans avant de déménager dans les Laurentide­s.»

Maintenant, il lui reste à terminer les rénovation­s de cette petite maison trouvée par hasard et à se départir de sa grande demeure qui lui a procuré tant de beaux souvenirs. La chanteuse le dit, ses derniers moments à Saint-Sauveur risquent d’être émotifs. «Mais je me console en me disant que ce n’est plus logique d’avoir une grande maison comme celle-là, qui demande beaucoup d’entretien. Je veux me libérer de tout ça. Et cette volonté est tellement forte que ça me console.»

Dès cet été, Michèle pourra commencer une nouvelle vie avec plein de belles surprises qui deviendron­t d’autres beaux souvenirs à raconter.

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«Je suis une aînée maintenant.»

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