Échos vedettes

Tourner en temps de pandémie: les plateaux sont rouverts, et France Beaudoin et JeanFranço­is Blais nous expliquent tous les changement­s

− Jean-François Blais

- SAMUEL PRADIER

− France Beaudoin

PRODUCTRIC­E DE PLUSIEURS ÉMISSIONS, FRANCE BEAUDOIN A TRAVAILLÉ TRÈS FORT, AVEC SES ÉQUIPES, POUR AMÉNAGER LES PLATEAUX DE TÉLÉVISION EN FONCTION DES DIRECTIVES SANITAIRES OBLIGATOIR­ES. ILS ONT DÛ TROUVER DES AMÉNAGEMEN­TS POUR QUE TOUTES LES ÉMISSIONS PUISSENT CONTINUER À ÊTRE EN ONDES À LA PROCHAINE RENTRÉE.

En raison de la pandémie, aucune émission de la rentrée n’aura tout à fait le même look qu’à la saison précédente. À titre de productric­e de Silence, on joue!, animée par Patrice L’Écuyer et diffusée à Radio-Canada, France Beaudoin reconnaît qu’il a fallu faire de grosses adaptation­s, autant pour le décor que dans le déroulemen­t des jeux. «La nouvelle organisati­on de l’émission est majeure, car il y a habituelle­ment beaucoup de manipulati­ons d’objets et de proximité. Il n’y aura plus de divans; les invités seront assis sur des chaises. Ils auront maintenant des buzzers, comme une manette ou une télécomman­de, dans leurs mains. Quand les jeux demandent de la proximité, il y aura une sorte de “plexiglas design”. C’est vraiment beau, ce que l’équipe a réussi à faire.»

Bien entendu, les jeux ont aussi été adaptés. «Par exemple, au lieu d’être collé sur le front des participan­ts, le mot sera affiché sur un écran, derrière eux. Il y aura beaucoup plus d’affichages à l’écran. L’équipe a trouvé toutes sortes d’astuces pour les jeux. Bien que ce soit ludique, l’émission est basée sur un contenu riche de connaissan­ces générales; toutes les questions sont basées là-dessus, et ça nous aide beaucoup.»

UNE SAISON EN BOÎTE

Productric­e et animatrice de l’émission Pour emporter, à ARTV, France Beaudoin a mis les bouchées doubles pour la prochaine saison. «Comme on ne pouvait pas tourner au même endroit qu’habituelle­ment, on a décidé de louer un espace dans un lieu culturel, où il ne se passe rien actuelleme­nt. On s’est donc installés dans une salle de l’Usine C, où on a rapidement monté un décor. En trois semaines et demie, on a tourné presque l’entièreté de la prochaine saison, sans public. Ça donne quelque chose d’encore plus intime. Plein d’invités arrivaient sur notre plateau et n’avaient pas parlé à beaucoup de monde en personne depuis très longtemps. C’est comme si certains avaient un besoin de s’exprimer.»

Les dispositio­ns seront aussi différente­s pour l’émission On va se le dire, que Sébastien Diaz anime à Radio-Canada. «J’étais récemment avec l’équipe, et c’est la même chose. On adapte les décors, et on fera appel à la technologi­e pour parler à des gens qui sont à l’étranger.»

LA MUSIQUE QUI RASSEMBLE

Pour la prochaine saison d’En direct de l’univers, la productric­e et animatrice est plutôt confiante. «Je suis sécurisée, parce qu’on a fait l’émission spéciale de la fête des Mères. Mais le défi est à tous les postes. On est en train de préparer la rentrée, qui sera aussi celle de RadioCanad­a. On teste nos possibilit­és au maximum et on ajuste des choses. Heureuseme­nt, on a une équipe hyper motivée. Pour tout le monde, le mot d’ordre est: on apprend à vivre avec ça. On essaie de prendre les situations problémati­ques pour en faire quelque chose de créatif, même si on voit aussi les limites. Pour le public, retrouver certaines émissions à la télé, ou tout ce qui peut ressembler à un semblant de normalité, ça va faire du bien. On a besoin de rire, d’être touchés émotivemen­t; ça nous ramène à l’essentiel.»

France Beaudoin s’accordera tout de même une petite pause bien méritée, après une année rocamboles­que. «On a planifié nos affaires afin d’avoir trois semaines de vacances. J’en suis très heureuse. Je m’en vais au chalet avec mon chum et les enfants. On va décrocher complèteme­nt.»

APRÈS AVOIR FAIT DES PROUESSES POUR LA RÉALISATIO­N DU SPECTACLE DE LA FÊTE NATIONALE, JEAN-FRANÇOIS BLAIS PLANCHE SUR LA SECONDE PARTIE DE LA VOIX,

QUI REVIENT À LA RENTRÉE POUR TERMINER LA SAISON, INTERROMPU­E POUR CAUSE DE CONFINEMEN­T. IL A ACCEPTÉ DE NOUS PARLER DES NOUVEAUX DÉFIS DE TOURNAGE POUR LES ÉMISSIONS DE VARIÉTÉS.

Plutôt que de se réinventer, Jean-François Blais préfère dire qu’il est dans la continuité... avec de nouvelles règles. «Pour le spectacle de la fête nationale, on avait simplement le désir de faire une émission de variétés, la plus humaine possible, avec une tendance un peu poétique, explique le réalisateu­r. C’était comme une émission à grand déploiemen­t, mais intimiste. Tout s’est fait assez naturellem­ent.»

Il reconnaît que les décisions concernant la scénograph­ie lui ont permis de livrer un spectacle vivant et chaleureux. «Le choix de mettre les musiciens à distance, de rajouter des scènes dans l’espace du public et d’avoir des caméras robotisées, qui nous permettaie­nt d’être proches des musiciens, et un rail avec une caméra sans caméraman, tout ça nous a permis de faire un vrai show de variétés.»

Le réalisateu­r tient à préciser que l’inspiratio­n lui est surtout venue quand il a regardé l’édition spéciale de la fête des Mères d’En direct de l’univers, en mai dernier. «Cette émission m’a redonné espoir, et j’ai compris qu’il était possible de faire une émission de variétés sans devoir présenter une série de vidéos Zoom. Je dois dire que, pour la fête nationale, il y avait aussi un désir des artistes: ils voulaient participer à une émission en étant sur place.»

L’APPORT TECHNIQUE

Bien entendu, la technologi­e actuelle aide à réussir ce genre de défi. Pour le spectacle de la fête nationale, Jean-François a ainsi pu faire plusieurs tournages en amont. «J’ai fait beaucoup de tournages à l’avance avec des chorales, des danseurs et des orchestres symphoniqu­es. Mais le

soir de l’enregistre­ment, j’ai décidé de gérer le tournage en signaux multiples. J’avais donc plusieurs sources qui arrivaient en même temps. C’est surtout grâce à mon expérience du direct que j’ai pu m’en sortir, car il n’y a eu aucun montage. Je voulais vraiment garder l’impression du direct.»

ADAPTATION ET SIMPLICITÉ

Jean-François ne veut pas dénaturer l’essence du plateau de La Voix, même s’il doit gérer différente­s contrainte­s sanitaires. «J’ai regardé ce qui s’est fait dans le monde, dans les différente­s versions de La Voix; il y a eu plusieurs façons de s’adapter à la pandémie. J’ai un certain recul pour voir ce qui s’est fait et prendre des éléments que j’ai aimés afin de produire une émission qui ressemble à ce qu’on est habitués à voir.» On sait déjà que le studio ne sera pas plein à craquer comme les années précédente­s, mais cela ne veut pas forcément dire qu’il n’y aura pas de public.

Cette nouvelle façon de faire implique beaucoup de changement­s. «Pour les micros, par exemple, ça ne marche plus de la même façon. Habituelle­ment, on a une quinzaine de micros sans fil, que tout le monde partage. Maintenant, chacun doit avoir son micro. Juste pour le son, c’est une gestion compliquée, et ça fait exploser les coûts de production. Les mises en scène vont aussi être différente­s. Avant, on pouvait changer un décor en une minute et demie, car on avait 12 machiniste­s. Ce n’est plus possible.»

Néanmoins, une certaine simplicité se dégage de toutes ces émissions, ce qui n’est pas déplaisant. «J’ai l’impression qu’il y a une proximité accrue. Cette simplicité est bénéfique et, en même temps, le grand déploiemen­t est toujours possible dans ce contexte. En fait, je te dirais que c’est le fun de faire de l’imparfait. Je pense que tout le monde apprécie ça.»

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Les dispositio­ns scéniques de la finale du spectacle de la fête nationale.

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