Échos vedettes

Geneviève Borne: le jour où... le party vira à l’émeute

- JEAN-FRANÇOIS BRASSARD

CE QUI DEVAIT ÊTRE L’ÉVÉNEMENT DE L’ÉTÉ L’A ÉTÉ, MAIS POUR TOUTES LES MAUVAISES RAISONS! LE 8 AOÛT 1992, LE STADE OLYMPIQUE DE MONTRÉAL ET SES ABORDS ÉTAIENT LE THÉÂTRE D’UNE ÉMEUTE APRÈS QUE GUNS N’ ROSES EUT QUITTÉ LA SCÈNE À LA SUITE D’UNE PRESTATION DE SEULEMENT 40 MINUTES. GENEVIÈVE BORNE ÉTAIT AUX PREMIÈRES LOGES.

On annonçait tout un party avec un triplé mettant en vedette Faith No More, Metallica et Guns N’ Roses. Quelque 56 000 fans s’y étaient rendus dans une ambiance festive.

À cette époque, Geneviève Borne était à l’antenne de MusiquePlu­s depuis quelques mois et avait été mandatée pour couvrir l’événement. Elle relate succinctem­ent la première portion de la soirée: «Tout s’est bien passé avec Faith No More. Puis c’était au tour de Metallica, qui était très attendu. Il faut se rappeler que le groupe était au sommet des palmarès avec The Black Album. Ça avait bien commencé, et c’était super bon!»

Or beaucoup d’effets pyrotechni­ques étaient déployés et, dans un moment de distractio­n, le chanteur James Hetfield s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. «Il a été brûlé au bras et au visage, reprend Geneviève. Il est sorti de scène. Les autres membres du groupe l’ont suivi, puis sont revenus pour nous dire ce qui s’était passé. Ils ont arrêté le show, mais ont promis de revenir nous voir. On était déçus, mais on comprenait.»

LE DOIGT QUI FAIT DÉBORDER LE VASE

Après ce coït interrompu, la foule a dû attendre rien de moins que 2 heures et 10 minutes avant que Guns N’ Roses daigne se présenter sur scène. Geneviève se souvient: «Le chanteur, Axl Rose, n’avait pas l’air de bonne humeur. Ils ont joué 40 minutes, puis nous ont fait le doigt d’honneur. Le lendemain, la photo était en première page de La Presse. Ensuite, Axl a dit: “That’s it! We’re outta here!”» C’en était trop. Consternat­ion dans l’immense enceinte du stade. «Les gens se sont mis à faire du grabuge, à crier “Chouuuu!”, à faire du bruit avec les chaises... Ça a viré en émeute à l’extérieur. Des voitures de police ont été renversées, les vitrines ont été fracassées, les gens volaient les articles dans la boutique des Expos...»

Geneviève et son caméraman étaient aux abords du stade pour rendre compte des événements. «Je parlais aux fans. Certains étaient venus de la Gaspésie ou de Val-d’Or juste pour voir le show. Les gens venaient de partout! Tout ça pour se faire envoyer promener par Axl Rose... En plus, ils avaient perdu la chance de voir un show complet de Metallica. Les gens étaient tellement en colère que ça a dégénéré. C’était épeurant. Il y avait tellement d’agressivit­é dans l’air! C’était troublant de voir les gestes qui étaient posés.» L’escouade antiémeute a dû intervenir, les policiers, pourtant nombreux, ne suffisant pas à la tâche.

Toutefois, jamais les spectateur­s n’ont été agressifs avec les représenta­nts de MusiquePlu­s. «Ils étaient gentils avec nous, mais ils voulaient passer leur message. On leur servait d’intermédia­ire.» L’équipe de MP est restée tard sur place et est revenue tôt le lendemain matin pour constater l’état des lieux et réaliser d’autres entrevues. Déjà, l’émeute avait trouvé écho partout sur la planète rock.

ÉPILOGUE

Si le comporteme­nt des membres de Guns N’ Roses a dégoûté les spectateur­s, il en va tout autrement de l’impression laissée par James

Hetfield et Metallica. Quelques mois après, le groupe tenait parole et revenait à Montréal pour offrir non pas un mais deux spectacles au Forum. Qui plus est, les billets étaient vendus à un prix dérisoire. La classe.

Peu avant, le batteur du groupe, Lars Ulrich, s’était rendu dans les studios de MP pour accorder une entrevue d’une heure à Geneviève Borne. La grande classe. «À un autre moment, James Hetfield m’a même appelée pendant Solidrock pour m’expliquer ce qui était arrivé ce soir-là au stade.» La très grande classe.

Geneviève, qui a vu des milliers de shows à travers le monde, a-t-elle déjà été témoin d’événements comparable­s à ceux du 8 août 1992 au stade olympique de Montréal? La réponse est sans appel: «Non.»

Pour en savoir plus sur cette grosse tache noire dans le grand livre des spectacles offerts dans la métropole, Nicolas Tittley lui consacre l’édition du 7 août de son balado Pour une histoire d’un show, à QUB musique. Pour étayer cet épisode intitulé Guns N’ Roses et Metallica au Stade olympique, il sera entouré du réalisateu­r Rafaël Ouellet, présent ce soir-là, et de Geneviève Borne. On nous promet aussi les confidence­s de Slash, guitariste de Guns N’ Roses.

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Le surlendema­in de l’émeute, Le Journal de Montréal publiait cette éloquente photo.

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