ELLE (Québec)

Sorties, théâtre, cinéma, musique, livres...

Le chanteur Philippe B lance ce mois-ci un nouveau disque qu’on écoutera certaineme­nt en boucle tout le printemps.

- texte Nicolas Titt ley photos raphaËl oueLlet

Lorsqu’il est apparu à télévision, comme mentor de l’équipe de Pierre Lapointe à La Voix, en 2015, le grand public a découvert un chanteur à lunettes du nom de Philippe B. Les mélomanes, eux, le suivaient depuis longtemps. Avec son groupe Gwenwed ou comme accompagna­teur de Lapointe, puis dans sa carrière solo, son immense talent d’auteur-compositeu­r n’était pas passé inaperçu.

Après Variations fantômes et ses mélodies classiques, puis Ornitholog­ie, la nuit, qui lui a valu le Félix de l’auteur-compositeu­r de l’année à l’ADISQ, il est de retour avec l’album La Grande nuit vidéo, un titre familier à ceux qui sont assez vieux pour avoir connu Télé-Métropole. Mais c’est le septième art plutôt que le vidéoclip qui a inspiré l’album: «Le cinéma a toujours fait partie de ma vie, et lorsque j’évoque un souvenir personnel, il me vient aussitôt des références de films de toutes les époques, explique Philippe. J’ai vraiment joué là-dessus; mais au-delà de l’exercice de style, le but était quand même d’écrire quelque chose d’humain, de viscéral.» Et c’est une réussite. Comme toujours, monsieur B a le don de magnifier des petites images anodines, de transforme­r des tranches du quotidien en éclairs poétiques.

Dans la chanson Autoportra­it sans lunettes, il se décrit tour à tour comme une «piqûre de guêpe dans une fête d’enfants», un «dernier autobus sur le boulevard du Souvenir» et une «perchaude qui brille au fond d’un pédalo». «Certaines de ces images renvoient à des événements très spécifique­s, et je trouve que c’est ce qui donne aux chansons une aura d’authentici­té » , explique Philippe, qui dit avoir grandement été influencé par la lecture de l’essai de Nancy Huston, L’espèce fabulatric­e. «Elle explique pourquoi les humains sont la seule espèce à produire de la fiction. Selon elle, comme nous sommes conscients de notre propre finalité, nous avons besoin de nous raconter nos vies, avec un début, un milieu et une fin. Ça m’a beaucoup parlé.» Des histoires qui sont parfois racontées en duo avec Laurence Lafond-Beaulne, du groupe Milk and Bone, qui ajoute une touche aérienne aux arrangemen­ts «cinématogr­aphiques» de l’album. Un bien beau film dont on ne se lassera pas de sitôt.

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