ELLE (Québec)

Sylvain Neuvel à la conquête du monde

- Guillaume Pineault continue cet été sa tournée en solo et en première partie de Phil Roy. Pour toutes les dates, rendez-vous au guillaumep­ineault.com.

On l’a découvert à En route vers mon premier gala Juste pour rire et, depuis, il nous a charmées autant sur scène qu’en tant que collaborat­eur à ALT (VRAK) et OD+ En direct (MusiquePlu­s). Cet été, en attendant son premier spectacle solo, on aura la chance d’entendre ses interventi­ons comiques à la radio, au micro des Fantastiqu­es, à Rouge FM. Rencontre avec un artiste à l’authentici­té rafraîchis­sante. Tu es présenteme­nt en rodage pour ton premier one man show. À quoi peut- on s’attendre? Je raconte beaucoup d’anecdotes. Je parle de mes premières fois: la première fois que j’ai eu une date, que je me suis fait arrêter, que j’ai acheté une moto... Ça peut sembler banal, mais je suis naïf – ou épais! – (rires) et je me retrouve souvent dans des situations embarrassa­ntes. Dans mes numéros précédents, j’abordais beaucoup le thème de la rupture, je venais tout juste de me séparer... Maintenant que j’ai une nouvelle blonde – et qu’elle est connue du public! – [NDLR: il est fiancé à l’actrice Anne-Élisabeth Bossé] –, j’essaie d’aborder des sujets différents. Même si, clairement, la vie à deux fait aussi partie des choses dont j’ai envie de rire! Ces dernières années, on a entendu beaucoup d’humoristes déclarer «qu’on ne pouvait rire de rien sans offusquer quelqu’un, de nos jours». Crois- tu que le public est plus frileux, ou que les mentalités ont changé et que le milieu de l’humour doit s’adapter? Je pense qu’on peut encore rire de tout... à condition que ce soit bien fait! Si tu écris une blague osée, sur un sujet controvers­é, fais-le de façon habile et assumée pour être capable de la défendre. Mais je crois aussi que l’humour doit s’adapter à l’air du temps. Je regardais récemment un vieux sketch sur les relations hommes-femmes et, après la vague #metoo, ce n’était juste... plus drôle. Aujourd’hui, il faut afficher une certaine sensibilit­é. Reste qu’il y aura toujours des gens fâchés, peu importe les blagues que tu racontes! J’ai déjà fait des jokes sur les unicycles, et j’ai eu une associatio­n d’unicyclist­es sur le dos... (rires) On ne peut jamais plaire à tout le monde! Tu t’impliques avec le Club des petits déjeuners et la Fondation des Enfants de l’école Jean- Piaget, dont les élèves présentent une déficience intellectu­elle ou motrice grave. Est- ce important pour toi de profiter de ta tribune pour faire avancer des causes qui te tiennent à coeur? Absolument! Je me rends compte que ma motivation ultime, c’est de faire du bien. Avant d’être humoriste, j’étais ergothérap­eute et ostéopathe; j’aidais les gens à aller mieux. Je considère que, d’une certaine façon, c’est encore ce que je réussis à accomplir grâce à l’humour. Mais au lieu de voir trois patients par jour, j’en vois 1000 par soir! (rires) Utiliser ma notoriété pour donner de la visibilité à des organismes qui aident les gens, surtout les enfants, c’est juste une extension de mon objectif.

Sylvain Neuvel est ce qu’on pourrait appeler un extraterre­stre littéraire. Cet ex- décrocheur qui a exercé trente-six métiers est passé de docteur en linguistiq­ue à traducteur, avant de devenir au début de la quarantain­e un auteur de science-fiction à succès, traduit dans 20 langues.

Tout a commencé en 2013, alors qu’il voulait faire plaisir à son fils de trois ans. «Merci, Théodore. Tu m’as posé tant de questions quand je t’ai proposé de fabriquer un robot jouet... que j’ai dû écrire un livre», note l’écrivain québécois à la fin de son roman pour adultes Le sommeil des géants, qui met en scène un gigantesqu­e robot, vieux de plusieurs milliers d’années, artéfact d’une autre civilisati­on venue de l’espace.

Une cinquantai­ne d’éditeurs nord-américains ont refusé le manuscrit rédigé en anglais par Sylvain Neuvel. Il a alors décidé de le publier à compte d’auteur et l’a fait parvenir à un magazine littéraire américain reconnu, Kirkus Reviews, afin d’obtenir une critique dont il pourrait tirer un extrait à apposer sur la couverture de son livre. Heureuse initiative: le magazine encense l’ouvrage sur son site web. Et puis ça déboule. Le premier roman de Sylvain Neuvel se vend aux enchères, et l’auteur obtient un contrat pour une trilogie, qui deviendra Les dossiers Thémis. Sony achète les droits pour le cinéma, puis opte pour une série télé. Parallèlem­ent, il est aussi recruté pour écrire une histoire inspirée de la populaire série télé Black Mirror.

Le sommeil des géants paraît finalement en 2016: plusieurs centaines de milliers d’exemplaire­s s’envolent. Suit en 2017 L’éveil des dieux. Un autre robot géant d’origine extraterre­stre fait son apparition. Même forme romanesque originale, vivante: plutôt qu’une narration suivie, s’entremêlen­t des dialogues, des rapports d’enquêtes, des reportages médiatique­s...

Comme pour le premier tome, il s’agit d’un roman d’anticipati­on à suspense planétaire. La paix mondiale est menacée, pour ne pas dire l’espèce humaine. Le 3e volet de la trilogie paraît dans quelques semaines aux États-Unis sous le titre Only Human. Mais il faudra attendre l’automne pour la version française au Québec. À suivre... (Le livre de poche; traduit de l’anglais par Patrick Imbert) DANIELLE LAURIN, chroniqueu­se livres

 ??  ?? Chemise (Wooyoungmi, chez Simons); foulard (Dion 1967, chez Harry Rosen).
Chemise (Wooyoungmi, chez Simons); foulard (Dion 1967, chez Harry Rosen).
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada