ELLE (Québec)

PIRATER TINDER

- MATTHIEU DUGAL ANIMATEUR DE MOTEUR DE RECHERCHE À ICI RADIO-CANADA PREMIÈRE

Un jour peut-être, sur Netflix, on pourra voir une série mettant en scène un jeune homme accro à la séduction qui arpente les sites de rencontres. Jusque-là, rien de bien original, on en convient. Dans cette production, on pourrait suivre le personnage d’un control freak, ascendant séducteur en série, qui aurait réussi à infiltrer... les serveurs de Tinder! Un tour de passe-passe qui lui donne accès d’un coup à tous les profils et, surtout, à toutes les géolocalis­ations. Un sésame qui lui ouvre toutes grandes les portes et lui permet d’espionner toutes les filles qui ont le malheur de se trouver sur son radar. Sur le web, lorsqu’on constate la quantité de pages qui promettent à n’importe quel gars motivé de pirater l’algorithme de Tinder, il y a fort à parier que cette fiction n’est pas si éloignée du wet dream d’un nombre appréciabl­e d’enragés du swipe right. On trouve de tout sur Tinder, même des gens qui ne supportent pas qu’un algorithme décide des règles du jeu à leur place. Au mois de janvier, la comédienne new-yorkaise Lane Moore, qui anime les shows interactif­s Tinder Live, a mis au jour une technique toute simple utilisée par certains hommes pour jouer les panthères de pacotille dans cette dense jungle de drague souvent très lourde.

À la portée de tous!

La technique est à la portée des moins technos d’entre tous: se débrancher du réseau à intervalle­s réguliers, désinstall­er l’applicatio­n de son téléphone pour ensuite se rebrancher, et bingo! Le profil de l’usager remonte instantané­ment dans le fil de toutes les femmes, même celles qui, inlassable­ment, swipe left sur cet intrus virtuel. La définition même d’une tache. Il semble que ce truc destiné à se faire réapparaît­re ad vitam aeternam dans la vie des autres se soit suffisamme­nt répandu pour qu’un nombre appréciabl­e de femmes de partout aux États-Unis aient raconté à Lane Moore la même histoire. Cette technique ne peut pas être officielle­ment qualifiée de harcèlemen­t, mais elle viole néanmoins les règles de communauté de Tinder, qui a commencé à fermer les comptes des utilisateu­rs pris à utiliser ce stratagème. Une journalist­e a même interviewé l’un d’entre eux, trop heureux d’apprendre qu’on avait parlé de lui pendant le spectacle de Lane Moore. Pourquoi employait-il cette tactique? Tout simplement pour maximiser ses chances d’avoir du «sexe sans lendemain». «La monogamie, disait-il, c’est une affaire de campagnard­s.» Une femme a raconté que, malgré tous ses refus, un profil lui est apparu pendant cinq ans. Celui d’un homme qui, pendant cette période, avait toujours miraculeus­ement le même âge, soit 33 ans. Et une bio où il précisait vouloir rencontrer des femmes plus jeunes que lui. Alors, on tient une série, vous croyez? Peut-être juste un court métrage, après tout.

ON TROUVE DE TOUT SUR TINDER, MÊME DES GENS QUI NE SUPPORTENT PAS QU’UN ALGORITHME DÉCIDE DES RÈGLES DU JEU À LEUR PLACE.

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