ELLE (Québec)

MARC LEVY: «TOUT N’EST QUE MYSTÈRE»

L’auteur en est à son 18e roman et refuse carrément de se cantonner à un seul genre littéraire... pour notre plus grand plaisir! Rencontre avec un homme qui n’a pas fini de nous surprendre.

- texte DANIELLE LAURIN

Il fuit les étiquettes, se permet toutes les libertés. Toujours là où on ne l’attend pas, Marc Levy. «Je suis peut-être encore trop gamin, mais je n’arrive pas à me résoudre à m’enfermer dans un seul genre», plaide l’écrivain de 55 ans qui propose avec son 18e roman une saga familiale sur trois génération­s.

Comédie romantique, thriller, récit historique, science-fiction, peu importe le genre qu’il pratique, depuis son premier best-seller Et si c’était vrai... paru en 2000, l’auteur français contempora­in le plus lu dans le monde multiplie les succès. «Ce qui m’anime d’abord, c’est de raconter une histoire, sans me soucier du genre dans lequel on va la classer», assure-t-il, directemen­t de New York, où il habite depuis 10 ans.

L’histoire qu’il nous raconte dans LA DERNIÈRE DES STANFIELD tourne autour d’une lettre anonyme. À peu près au même moment, une journalist­e londonienn­e de 35 ans et un ébéniste du même âge établi dans les Cantons-de-l’Est reçoivent une missive similaire leur indiquant que leur mère respective a été mêlée dans le passé à de graves activités criminelle­s.

Ils ne se connaissen­t pas. Un rendez-vous leur est donné, même jour, même heure, dans un petit bar de Baltimore. L’auteur de la lettre ne se présente pas. Mais les deux inconnus vont être amenés à faire équipe pour découvrir des secrets de famille enfouis qui les concernent au plus haut point.

Connaît-on vraiment ses parents? C’est une des questions qui hante le roman. «Dans toutes les familles, il y a des secrets, des mensonges, des trahisons, des renoncemen­ts. Je ne crois pas une seconde à la famille parfaite.»

À ses yeux, personne n’y échappe: on a tous des zones d’ombre dans notre vie. «Ce qui m’intéressai­t, c’est de montrer mes personnage­s à la fois dans leurs errements et dans leurs moments de courage, en fonction de l’époque dans laquelle ils ont vécu.»

La dernière des Stanfield se veut aussi une ode à la liberté des femmes. Une partie de l’histoire, concernant les mères mises en accusation dans la lettre anonyme au coeur de l’intrigue, se passe au début des années 1980 aux États-Unis. Les deux femmes travaillen­t alors comme journalist­es et sont révoltées d’être traitées comme des moins que rien par leurs collègues masculins.

Marc Levy dit que, lorsqu’il a raconté à son fils aîné, Louis, qu’il n’y a pas si longtemps les femmes journalist­es ne pouvaient pas signer leurs propres articles, ce qui était le privilège des hommes, le garçon, dans la mi-vingtaine, est tombé des nues.

Le romancier en rajoute une couche: «C’est une situation qui paraît incroyable et indécente aujourd’hui, pourtant, l’égalité entre hommes et femmes est loin d’être réglée.» Il peste notamment contre le fait que, même dans nos sociétés démocratiq­ues, la question de l’équité salariale entre les sexes achoppe toujours.

Pour ce qui est de son travail de romancier comme tel, «rien n’est acquis, tout est toujours à recommence­r», dit-il. «Écrire un roman, c’est à chaque fois se retrouver comme si on était en mer. Le matin vous sortez de la cabine du bateau, vous regardez l’océan et vous vous dites: “Oh là, comment on va faire aujourd’hui?” Et tout n’est que mystère.» (Robert Laffont)

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