la touche
GAVALDA
Dans FENDRE L’ARMURE, l’auteure d’Ensemblec’esttout propose sept histoires intimes comme autant de moments de vérité. Tour à tour, des femmes et des hommes se confient dans toute leur nudité, leur fragilité. On reconnaît bien là le goût d’Anna Gavalda, dont les livres se vendent par millions, pour la faille intérieure. Et on savoure sa légendaire empathie. Ne vous laissez pas démonter par le charabia argotique et les expressions crues, à la limite de la vulgarité, employés par la jeune femme dans le monologue qui ouvre ce recueil de nouvelles. Peu éduquée, mal embouchée, cette banlieusarde célibataire qui gagne sa vie dans une animalerie le dit ellemême: «Je suis grossière, mais c’est ma tenue de camouflage.» Elle accepte à contrecoeur d’accompagner une amie dans une fête parisienne chez les bobos et ne se sent pas à sa place, évidemment. Mais elle y fait la rencontre surprenante d’un poète qui semble tomber sous son charme. Pourquoi, malgré tout ce qui les sépare, ne pas prendre le risque d’une nuit magique? Quitte à pleurer ensuite, tandis qu’elle regagne sa banlieue miteuse. Suivront les confidences tout aussi touchantes d’une jeune veuve, mère de famille devenue alcoolique, d’un homme qui doit faire euthanasier son vieux chien et ne se remet pas de la mort de son fils, d’un businessman plaqué par sa femme, etc. Tout cela sans misérabilisme, avec la touche de légèreté à la Gavalda qu’on apprécie tant. (Le dilettante)