Fugues

PEUR DE L’ISLAMISATI­ON PLUS FORTE QUE LA PEUR DE L’HOMOPHOBIE

- DANIEL BOULLÉ ddboule@fugues.com

Sur un réseau social, une vidéo présentait deux fous de Dieu balançant d’un toit un jeune de 15 ans présumé homosexuel. Il n’y a pas de semaines sans qu’on apprenne que Daesh (ou État Islamique) a encore une fois exécuté des homosexuel­s. Bien sûr, ces exécutions sont filmées et diffusées sur la toile pour attiser la peur. Une propagande efficace. Peut-être est-il bon de rappeler que l’exécution des homosexuel­s n’a pas commencé avec Daesh. De nombreux régimes continuent de les pourchasse­r, au mieux pour quelques années de prison, au pire, pour les exterminer. On le savait avant. Aujourd’hui, on peut le voir. Un des grands changement­s apporté par les nouvelles technologi­es de communicat­ion dont on sait que l’impact est plus grand sur les affects.

Avec le conflit au Moyen-Orient, la destructio­n presque systémique de la Syrie, et l’incapacité des plus grands joueurs internatio­naux à trouver des solutions pacifiques et durables, les pays occidentau­x se trouvent confrontés à une crise migratoire jamais vue. L’accueil des réfugiés par centaine de milliers ne cesse d’accroitre la crainte d’une islamisati­on rampante, d’autant que l’on rappelle que la plupart des pays qui leur ouvrent leurs portes avaient déjà des difficulté­s avec l’immigratio­n illégale, et l’intégratio­n des immigrants légaux. Ainsi, les actes terroriste­s, dans leur extrême majorité, ont été commis par des tueurs qui étaient nés, avaient grandi, étudié et travaillé dans les pays où ils ont commis leurs actes. En somme que le danger serait aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Où se tourner pour se protéger et se défendre. Est-ce que dans la multitude de réfugiés qui entrent dans nos pays, certains n’auraient pas comme seul objectif de déstabilis­er nos pays ? Est-ce que les mesures de vérificati­on du passé de chacun sont suffisante­s pour que personne ne passe entre les mailles du filet ? Que fait-on pour lutter contre la radicalisa­tion, le prêche de certains imams pour ne pas que le ver ne cesse de grandir dans la pomme ? Si les population­s ont une louable inquiétude, il reste que les gouverneme­nts sont pris dans des dilemmes aussi grands, qui doivent tenir compte de traités internatio­naux qu’ils ont signés et de leurs intérêts économique­s. Peut-on ne plus commercer avec des pays qui produisent le pétrole ou qui sont des débouchés économique­s, même si il est de notoriété publique qu’ils soutiennen­t financière­ment l’État Islamique ? Des raisons d’état priment souvent sur des raisons éthiques. Difficile alors de s’y retrouver, et de soutenir des politiques sécuritair­es quand ceux qui les décident restent très proches de pays liberticid­es pour des questions de gros sous. Difficile de s’y retrouver, au point qu’une portion des minorités sexuelles dans les pays occidentau­x se sentent attirées aujourd’hui vers les partis politiques qui proposent de fermer les frontières, expulsés tous les illégaux, et ceux et celles qui professera­ient même timidement des critiques sur les pays dans lesquels ils vivent.

Avec la reconnaiss­ance légale et sociale des minorités sexuelles, ces dernières ne se distinguer­aient plus dans leur vote aux élections du reste de la population. Si originelle­ment, les LGBT votaient pour des partis progressis­tes, de gauche, socio-démocrates parce qu’ils portaient leur revendicat­ion, les tendances changent. Bien évidemment, les LGBT sont aussi intéressés par d’autres enjeux, qu’ils soient sociaux, écologique­s, ou encore identitair­es.

En France, une étude menée auprès des LGBT sur leur vote aux élections régionales de 2015 confirme ce changement de façon surprenant­e. Le Front national (FN), parti d’extrême droite qui s’est construit, entre autres, sur la condamnati­on de l’homosexual­ité et, plus récemment, contre le mariage des couples de même sexe, ne cesse de gagner des voix LGBT. Pire, le tiers des couples gais mariés auraient voté pour le FN qui a la volonté d’abroger la loi sur le mariage gai adoptée en France en 2013. Le FN a l’air de séduire plus les gais que les lesbiennes. Cherchez l’erreur ! Bien sûr, on peut se rassurer à peu de frais en remarquant que la présidente du FN, Marine Le Pen, est entourée de gais. Le vice-président du parti est gai. Certains y voient une ouverture, un adoucissem­ent, mais dans les faits, l’idéologie de ce parti d’extrême droite n’a pas changé et manifeste toujours une intoléranc­e pour tout ce qui touche les minorités sexuelles. L’image a peut-être changé, mais pas le discours.

En fait, en Enrope, la montée d’une islamisati­on, l’homophobie véhiculée par des jeunes migrants musulmans, jointe aux exécutions de gais dans les pays qui vivent sous la charia, ne font que renforcer le sentiment d’insécurité présente ou à venir. Et donc, l’idée de se tourner vers des candidats qui proposent des solutions « radicales » pour en finir avec l’immigratio­n soi-disant responsabl­e de tous les maux des démocratie­s occidental­es.

On peut s’interroger et même ridiculise­r cette analyse superficie­lle mais en même temps, d’aller voir de l’autre côté du miroir, d’avoir mis à jour les mécanismes plus complexes qui ont conduit à cette situation, n’a pas apporté de solutions durables, fiables et équitables. Se précipiter les yeux fermés et les oreilles sourdes vers des partis qui ont fait leur beurre sur la figure du bouc émissaire, une communauté, qu’elle soit religieuse, sociale, linguistiq­ue ou sexuelle, revient à se jeter dans la gueule du loup. Des partis qui prônent la xénophobie, le racisme, le sexisme, donc une intoléranc­e aussi grande que celle qu’ils combattent ne peuvent rien engendrer de bons pour les minorités sexuelles. Et il ne suffit pas de s’entourer de quelques gais pour se racheter une virginité. Des gais de service, des paravents. Comme ce jeune gai américain, faisant une vidéo pour appeler les gais à voter Donald Trump.

Je m’adresse aujourd’hui à tous mes amis internaute­s qui m’abreuvent, sur les réseaux sociaux, d’articles montrant qu’il y a péril en la demeure, que demain l’Europe et ensuite l’Amérique du Nord, seront envahis par les radicaux islamistes de Daesch. La plupart des informatio­ns qu’ils diffusent proviennen­t de sites d’extrême-droite. Et quand on se rend sur ses sites, si les musulmans en prennent plein leur gueule, les minorités sexuelles sont aussi très bien servies. La haine anti-homosexuel­le est grande. Nous y sommes qualifiés de destructeu­rs de l’humanité, de marchands d’enfants via la procréatio­n médicaleme­nt assistée ou les mères porteuses, d’eugénistes, ou encore d’être les combattant­s de Satan ou encore les soldats du grand complot judéo-maçonnique pour dominer le monde. De quoi faire tout aussi peur que la vidéo d’un jeune garçon jeté du haut d’un édifice. Poussé par des islamistes aujourd’hui. Des néo-nazis rêveraient d’en faire autant.

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