Fugues

Humour

- PATRICK BRUNETTE

straight pendant toute mon adolescenc­e. À un moment, je me suis dit, faut que je le dise sinon je vais me tirer une balle. Je me rappelle être allé souper chez mes parents. Moi qui suis très verbomoteu­r, là, je ne parlais pas. J’étais sur le point de partir quand ma mère m’a demandé : « Qu’est-ce que t’as? ». Je me suis mis à pleurer. J’ai finalement réussi à leur dire. Et c’est là que ma mère s’est écrié : « Oh! Mon dieu! Il le dit enfin! » C’est bizarre à dire, mais c’est comme si ça me donnait une légitimité pour ensuite aller vivre ma vie de gai. Mais ça m’a pris un certain temps d’avoir des repères, de vivre cette vie-là, j’étais comme un enfant dans un corps d’adulte.

Moi, je ne l’ai jamais vraiment caché, mais je n’ai jamais fait de conférence de presse. Robert Pilon m’avait approché pour que je témoigne dans son livre. J’ai parlé avec lui pendant quatre heures, à me rappeler pour la toute première fois de ma vie, comment ça c’était passé. Finalement, c’est comme une thérapie gratis que j’ai eue! (rires)

C’est vraiment simple comment ça s’est passé. Je venais d’avoir 14 ans, j’ai dit à ma mère : « J’ai quelque chose à te dire » et elle m’a répondu « Je le sais que t’es gai! » Ça a été tout! Tout ça dans l’indifféren­ce, dans la normalité.

Je me rappelle avant ça, au début du secondaire, je portais des baggies, j’avais de la barbe, j’étais chill. Je poignais avec les filles, j’avais des blondes. J’écoutais du hip hop à l’école, mais dès que je mettais les pieds chez nous, j’écoutais du Céline Dion! Du jour au lendemain, en secondaire 3, j’ai eu un chum! J’ai tout jeté mon linge et je suis allé me refaire une garde-robe dans une boutique Buffalo. J’ai changé ma coupe de cheveux : je me suis fait faire un balayage blond! Moi qui avais passé tant d’années à entretenir le mythe d’un gars que j’étais pas, fallait que ça se termine par ce geste d’éclat : un balayage! J’ai eu un chum. Il était en secondaire 5, deux ans plus vieux que moi. J’arrivais main dans la main avec lui à l’école. Je l’ai même accompagné au bal des finissants.

••• Martin raconte avec moult détails cette partie de son adolescenc­e. Je suis tellement absorbé par ses histoires que je ne remarque pas que mon enregistre­ur a profité de mon inattentio­n pour mourir devant moi. Kaput. Plus rien n’enregistre. De son premier chum, on est rendus à parler de son désir d’expériment­er la sexualité avec une fille. Impossible de vous le citer dans ses propres mots. Tout ce que je me rappelle, c’est que c’est sa bonne amie, la comédienne Léane Labrèche-Dor qui lui a permis de vivre cette expérience. Et qu’il est content d’avoir pu vivre ça avec son amie de longue date. Jointe après l’entrevue, Léane précise : « Je suis très heureuse d’avoir fait l’amour avec Martin! C’est même quelque chose que je trouve beau!»

Retour au café avec les deux gars. Je remets une nouvelle pile dans l’enregistre­ur et l’entrevue se poursuit. Jocelyn ajoute : «Des fois je me dis que je devrais faire comme Martin et essayer avec une fille! »

Après l’amour, revenons à l’humour! Qui ont été vos idoles en humour?

Moi, j’ai jamais trippé sur l’humour. Mon idole, c’était Céline! Finalement, c’est peut-être une humoriste malgré elle! Blague à part, si je m’arrête à y penser, je peux dire que j’aimais beaucoup plus les politicien­s quand j’étais jeune. J’ai une fascinatio­n pour Pauline Marois. Les femmes au pouvoir m’ont toujours fasciné, tout comme les femmes d’action.

Oui! Il trippe sur Lady Di! Moi, parmi les humoristes qui m’ont inspiré, y’a Dominique Michel dans les Bye Bye qui me faisait mourir de rire. J’adore aussi Jim Carey, car il est capable de me faire rire dans le rôle d’Ace Ventura et de m’émouvoir dans ses films sérieux. C’est un peu moi ça, le clown triste. Un autre artiste que j’aime, c’est Fred Pellerin. Il raconte ses histoires et, à la fin, tu pleures alors que t’as ri tout le long avant. Cette frontière m’intéresse beaucoup.

Quels sont vos projets?

••• Dernièreme­nt, on a fait huit épisodes de l’émission humoristiq­ue « Ça fait un bye ». On est en attente de savoir si on aura une deuxième saison. Aussi, on compte bien refaire, pour une troisième année consécutiv­e, notre revue de l’année « Dans le tordeur ».

MARTIN : MARTIN : JOCELYN : JOCELYN :

On a tellement d’idées! C’est certain qu’on va proposer d’autres projets. Et pourquoi pas faire du stand-up dans le Village? Je suis convaincu que ça marcherait!

MARTIN :

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MARTIN AUX CÔTÉS DE CÉLINE

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