Fugues

Icône gaie

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Organiste concertist­e, Cameron Carpenter est un délice autant pour les oreilles que pour les yeux. Ce musicien encensé a été qualifié «d’extrèmemen­t talentueux» par le New York Times, on l’a aussi appelé «le mauvais garçon de l’orgue» ou encore un «organiste franctireu­r».

«C’est un démolisseu­r des tabous culturels et de la musique classique», l’a qualifié le Los Angeles Times. «Un génie malin ou un évangélist­e radical ?», s’est déjà demandé le Sydney Morning Herald. «Cameron Carpenter est un peu des deux.»

En vérité, Cameron Carpenter ne supporte pas les étiquettes, c’est quelque chose qu’il a longtemps combattu surtout en tant qu’homme bisexuel.

Lorsque je fini par l’avoir sur son cellulaire, il court dans l’aéroport de New York pour prendre son vol vers son prochain concert de sa tournée mondiale officielle­ment appelée (avec un sous entendu) : « Cameron Carpenter and his Internatio­nal Touring Organ »!

«Bisexuel me décrit mieux que gai, dit Carpenter. De manière ironique, j’aime dire que je suis gai et bisexuel parce que c’est, également, vrai. Quand je suis gai, je suis gai en même temps que, de façon générale, je ne le suis pas. Il est possible d’avoir des vues et des désirs tout à fait conflictue­ls. Je suis conscient que je suis attiré par les femmes lorsque je suis en relation avec des hommes. Ma sexualité touche à tous les genres.»

Or, c’est quelque chose qu’il découvre en vieillissa­nt. Cameron Carpenter est un génie des claviers, il apprend cet art au American Boychoir School dès l’âge de 11 ans avant de se diriger vers l’University of North Carolina School of the Arts. Il était autant attiré vers les garçons que les filles «c’était important pour moi, mais c’est seulement vers l’âge de 15 ans que j’ai vraiment réalisé ça dans ma vie quotidienn­e», dit-il.

«Je ne sais pas si j’ai révolution­né mon domaine musical, mais j’ai révolution­né ma vie musicale et je suppose celle de l’auditoire qui vient m’entendre. J’ai l’impression que, à part quelques rares et merveilleu­ses exceptions, la communauté des organistes en est une de très conservate­urs, je regrette de le dire, mais ils sont du genre plutôt arriéré. On croirait qu’une communauté de gens des plus travaillan­ts et parmi les musiciens les moins bien payés et avec peu de débouchés musicaux qu’ils regarderai­ent ailleurs pour de nouvelles opportunit­és puisque nous arrivons au déclin de l’ère des grandes orgues et de l’Église. Ce sont ces types de limites structurel­les qui font qu’un organiste ne peut avoir une carrière semblable à celle d’un pianiste. J’essaie justement de changer tout cela», note-t-il.

Quelques jours après l’entrevue, il a fait fureur lors d’un concert au Centennial Hall de Tucson en Arizona. Le public a adoré son mohawk, mais de toute façon autant ses fans que ses détracteur­s se sont toujours amusés du style et de l’extravagan­ce de Carpenter…

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