Fugues

TRANS DE VIE

- ÉRIC WHITTOM INSTAGRAM zachduf tv.moietcie.ca/series/je-suis-trans/concept

Cet hiver, la chaîne de télévision Moi & cie diffuse le docu-réalité Je suis trans qui décrit le parcours de vie de cinq transgenre­s authentiqu­es et courageux qui vivent au Québec : Alexis, Danielle, Jesyka, Khloé et Zacharry. Fugues a rencontré ce dernier qui habite à Québec pour parler de son expérience.

Âgé de 27 ans, Zacharry-David Dufour étudie au baccalauré­at en psychologi­e à l’Université Laval. Il a amorcé sa transition de genre à l’âge de 18 ans. Le passage d’Alexis à l’émission Tout le monde en parle en 2007 a été un tournant dans sa vie en tant que modèle positif de la transsexua­lité.

Comment as-tu été approché par l’équipe de l’émission Je suis trans?

J’ai créé avec mon ami Sam une chaîne YouTube qui s’appelle Trans de vie. Je prononce aussi des conférence­s depuis presque dix ans en milieu scolaire, notamment dans des cours de sexologie. Les concepteur­s de l’émission m’ont approché via Facebook. Ils voulaient des personnes qui étaient à l’aise de parler de leur transsexua­lité et qui en avaient une vision positive.

Pourquoi as-tu accepté de participer à ce docu-réalité?

Au départ, j’ai hésité. J’étais à une période de ma vie où j’étais en questionne­ment. Je me suis beaucoup exposé avec mes conférence­s et ma chaîne YouTube. J’ai aussi participé à l’exposition Les visages de la fierté lors de la Fête Arc-en-ciel de Québec en 2014. J’avais peur d’être tout le temps étiqueté comme Zach le trans. Je suis quelqu’un avant d’être un trans. À la télé, il n’y a pas assez de modèles positifs. Je voulais donc dire aux personnes en questionne­ment qu’il y a des côtés positifs à la transsexua­lité et qu’il y a moyen de s’en sortir.

Comment s’est déroulé le tournage?

Le tournage a duré environ sept journées. Il a été étalé entre septembre et janvier dernier. J’ai dû me rendre à Montréal à trois reprises, notamment pour mon saut en parachute. J’ai notamment parlé de comment je me sentais et de comment je voyais les choses hier, maintenant et demain. L’équipe a été géniale et intéressée. C’est une superbe belle expérience!

Y a-t-il des aspects que tu as plus aimés ou peut-être moins appréciés?

Je suis habitué à être transparen­t durant mes conférence­s. Je n’ai pas d’aspects que j’ai plus ou moins aimés. C’est sûr que j’étais plus inconforta­ble de parler de mon intimité comme bien des gens.

As-tu eu des commentair­es à la suite de la diffusion des premiers épisodes?

J’ai eu plusieurs commentair­es sur Facebook. La réception a été très positive. Certaines personnes du milieu des trans m’ont remercié d’être pour eux un modèle positif et de leur donner de l’espoir. D’autres personnes hors de la communauté des trans m’ont dit qu’ils étaient maintenant un peu plus ouvertes d’esprit.

Par contre, j’ai eu certains commentair­es négatifs du milieu des trans qui considèren­t que l’émission ne montre pas nécessaire­ment la réalité de la transsexua­lité. Je comprends leur point de vue. Dans l’émission, nous sommes cinq trans épanouis, heureux et bien entourés.

Je sais que certaines personnes trans vivent beaucoup plus de difficulté­s dans différente­s sphères de leur vie et qu’il y a d’autres branches de la transident­ité qui n’ont pas été abordées dans les émissions, par exemple l’intersexe et les personnes non-binaires.

Mais, je considère que pour une première saison, c’était important de montrer des modèles positifs. Si à l’émission Tout le monde en parle j’avais vu Alexis qui se prostituai­t et qui prenait de la drogue, ça ne m’aurait pas donné envie d’aller plus loin et ça m’aurai rendu encore plus triste que j’étais.

Que retires-tu de cette expérience?

Je retiens que c’est important d’en parler. J’ai été surpris que beaucoup de personnes n’avaient jamais entendu de transsexua­lité et qu’elles ne savaient pas ce que c’était. Il y a encore beaucoup d’éducation à faire.

Par ailleurs, cette série m’a consolidé. Je comprends mieux que la transsexua­lité n’est pas une étiquette, mais une caractéris­tique de ma personne, de mon histoire. Je suis super fier d’avoir participé à ce projet. C’est une corde de plus à mon arc. Peut-être que ce projet va m’ouvrir des portes. J’aimerais participer à d’autres projets à la télé, par exemple à l’animation, parce que je me suis rendu compte que je suis à l’aise devant la caméra.

Zacharry-David poursuit ses études en psychologi­e qu’il a amorcées l’automne dernier. Sans avoir de plan définitif, il a un intérêt pour le travail de relation d’aide auprès des trans et dans le domaine de la télévision. Dans dix ans, il souhaite avoir un emploi stable et une vie de famille.

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