Fugues

C’est comment être gai...

...EN THAÏLANDE

- SAMUEL LAROCHELLE

D’entrée de jeu, le Thaïlandai­s confirme que son peuple est de plus en plus accueillan­t à l’égard des population­s lgbt depuis dix ans. «Environ 70 % de la population, spécialeme­nt les gens vivant dans la métropole, sont à l’aise avec les lgbt aujourd’hui. Les médias sociaux, qui sont un miroir de la société, ont illustré que la vie lgbt n’était pas seulement composée de sexe ou de drames familiaux, mais aussi d’amour et de partage aussi sincères que chez les hétéros. La perception des lgbt est plus positive que jamais! »

Lui-même vit son homosexual­ité ouvertemen­t depuis longtemps. «À l’adolescenc­e, j’ai commencé à sentir que j’étais attiré sexuelleme­nt par les hommes, et non par les femmes comme la majorité des gars. À force de faire des recherches sur Internet pour comprendre ce qui se passait avec moi, j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de m’habiller ou d’agir comme une femme pour être gai! Je pouvais tout simplement être qui je suis : un garçon aimant jouer au football et ayant un amoureux. J’ai alors débuté ma vie homo-sexuelle, avec certains amis gais et quelques copains à travers les années. Mes proches les ont rencontrés. Ils m’aiment et me traitent tous avec beaucoup de respect.»

Malgré son expérience personnell­e fort positive, Singhkorn n’est pas d’accord avec ceux qui prétendent que la Thaïlande, où l’homosexual­ité est légale depuis 1956, est le leader asiatique des droits lgbt. Son argument principal? Le cul-de-sac dans lequel se trouve le débat sur le mariage gai. Une situation qui piétine en raison des priorités de la population, croit-il. «Il y a encore tellement de problèmes plus urgents à régler dans notre pays. Nous pouvons vivre ouvertemen­t gais sans craindre pour nos vies depuis des années, même si nous n’avons pas le droit de nous marier. Évidemment que nous aspirons à l’égalité totale, mais nous ne pouvons pas mettre de côté des éléments essentiels à une meilleure qualité de vie globale, comme l’éducation, l’économie, les infrastruc­tures, etc.»

Si le mariage entre personnes de même sexe n’est pas légal en Thaïlande, l’adoption homoparent­ale ne l’est pas non plus. Par ailleurs, certaines lois sont encore discrimina­toires, alors que les transsexue­ls n’ont pas le droit d’enseigner à l’université. Et ce, même si un grand nombre de transsexue­ls, généraleme­nt appelés «ladyboys» dans ce coin du monde, semblent vivre leur vie au vu et au su de tous.

Quand on interroge Singhkorn sur la perception des gestes d d’affection affection échangés en public par des personnes de même sexe, il pre prend la peine de mettre en contexte les moeurs locales. «Da «Dans la culture thaïlandai­se, c’est un sujet très sensible. Cela n n’a rien à voir avec l’orientatio­n sexuelle. Si un couple hét hétérosexu­el s’embrassait ou échangeait de l’affection en public, il serait considéré par les gens comme des personnes non éduquées. Chez nous, les gens éduqués apprennent à bien se tenir, spécialeme­nt à propos de l’affection, qui doit être exprimée dans des lieux et des moments appropriés. »

Il existe tout de même des endroits où les membres de la communauté lgbt peuvent s’assumer et s’exprimer plus librement. À commencer par le quartier Silom, de Bangkok. « Silom Road est définitive­ment l’endroit gai le plus connu de la capitale, confirme Singkorn. La rue est pleine de bars gais, de clubs, de cafés, de saunas et tout ce qu’on peut associer de près ou de loin au nightlife gai. J’ose croire que la plupart des homosexuel­s vivant à Bangkok y sont allés au moins une fois dans leur vie. Quand j’étudiais à l’université, j’avais l’habitude de m’y rendre jusqu’à cinq fois par semaine. »

Le 9 septembre 2015, le parlement thaïlandai­s a adopté le «Gender Equality Act», une loi protégeant la population contre les crimes haineux fondés sur l’orientatio­n sexuelle ou l’identité de genre. Bien que cette avancée des droits lgbt soit non négligeabl­e et que la Thaïlande soit reconnue pour son ouverture aux yeux des étrangers, plusieurs nuances s’imposent selon Singhkorn, un homosexuel de 29 ans vivant à Bangkok.

En plus de miser sur la Gay Pride de Bangkok depuis 1999, les Thaïlandai­s – et quantité de touristes – se réunissent dans la capitale, ainsi qu’à Phuket et Pattawa, afin de prendre part à des festivals et des défilés hauts en couleur. « Je pense spécialeme­nt au Song Kran Festival, un must parmi les événements gais annuels. On peut dire que c’est l’un des partys les plus hot en Asie! »

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