Fugues

SE BATTRE POUR LES DROITS LGBT EN JAMAÏQUE

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La Jamaïque est reconnue pour être un des pays les plus homophobes.hb L Les raisonsi sont tt tout t autantt t hi historique­st i que religieuse­s.li i Les personnes LGBT ne sont pas en sécurité et ne bénéficien­t d'aucune protection. De plus, la loi antisodomi­e datant de 1868, de l'époque coloniale anglaise, prévaut toujours pouvant entraîner des peines d'emprisonne­ment et de travaux forcés allant jusqu'à dix ans. Malgré ce contexte sombre, depuis de nombreuses années, des militants LGBT tentent de faire changer les choses. Entre autres, Maurice Tomlinson, un avocat de formation qui tente de faire invalider la loi antisodomi­e qui serait contraire aux articles sur la liberté indviduell­e contenue dans la nouvelle Constituti­on adoptée à Kingston en 2011.

Présent à Montréal lors du 8e Festival des films et des arts LGBTQ+Afro-Caribéens, Maurice Tomlinson a tout de suite rappelé qu'aujourd'hui on ne pouvait plus travailler sur les droits des LGBT dans un pays sans avoir le soutien des groupes LGBT à l'internatio­nal.

Comment devient-on militant LGBT en Jamaïque compte tenu des risques nombreux ?

Je suis né dans ce pays, j'y ai grandi et j'y ai fait mes études de droit. Les droits humains m'ont toujours passionné et donc naturellem­ent je me suis investi dans des causes qui me touchaient plus particuliè­rement comme l'orientatio­n sexuelle. Petite anecdocte, je me suis marié avec un citoyen canadien en 2011, mais un journal jamaïcain a réussi à obtenir une photo et l'a publiée en une en sous-titrant : un militant LGBT s'est marié au Canada. J'ai ressenti une grande détresse car nous voulions que ce mariage reste secret en raison de l'hostilité que cela pouvait entraîner et je suis parti rapidement au Canada. Mais comme je suis enseignant et que je ne voulais pas perdre mon poste, je retourne en Jamaïque pour de courtes périodes et en prenant des mesures de sécurité.

Comment t'es venue l'idée d'attaquer légalement le gouverneme­nt jamaïcain pour l'abolition de la loi anti-sodomie ?

Je représenta­is au départ un client qui subissait des menaces, mais en cours d de route,t il a dé décidéidé d de li laisser t tomberb d de peur qu'il'il y aitit des répercussi­ons sur sa famille. Alors, comme militant, j'avais été, moi aussi, souvent menacé, j'ai donc décidé de porter plainte à la police. Quand je suis arrivé, les policiers m'ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire, qu'ils haïssaient les gais, que ça les rendait malades. Et leur officier supérieur m'a affirmé que tant que les lois ne seraient pas changées, ils ne changeraie­nt pas leur attitude visà-vis de l'homosexual­ité. D'où l'idée d'engager des procédures contre le gouverneme­nt, en vertu, entre autres, de la nouvelle Constituti­on qui est très clair sur le respect de la liberté individuel­le, le consenteme­nt sexuel entre adultes, ou encore la nécessité pour tout citoyen de recevoir la protection nécessaire. La loi antisodomi­e concerne tout le monde, mais bien évidemment ce sont les gais qui sont le plus souvent accusés de l'avoir transgress­ée. Je me suis donc porté partie civile. Mais il fallait qu'un défenseur public accepte aussi de représente­r cette demande. Le premier que j'ai rencontré a refusé sous prétexte que les gais n'avaient qu'à rester invisibles et comme cela ils n'auraient aucun problème avec la Justice et la police. Le second a bien voulu être le défenseur public. Ce qui augure mal, c'est que le procureur chargé de trancher dans cette plainte est ouvertemen­t homophobe. Mais, ce qui est important, c'est que les médias parleront de cette poursuite, et aussi les médias à l'étranger via les médias sociaux.

Un changement légal peut-être un grand pas. Mais qu'en est-il des changement­s de mentalité ?

C'est sûr qu'un changement légal ne changera pas la culture homophobe du jour au lendemain. Cependant, par exemple, des lois interdisan­t la discrimina­tion aurait une répercussi­on dans la représenta­tion de l'homosexual­ité dans les médias. Les journaux, les émissions de télévision, etc., pourraient être poursuivis en justice. Mais peut-être, le plus important, c'est tout le travail que nous faisons en parallèle pour changer les mentalités, avec des événements comme des Prides, des programmes de sensibilis­ation.

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