Fugues

Ensembles chorégraph­iques

L’ART ET LE SPORT EN UNE SEULE DISCIPLINE

- DENIS-DANIEL BOULLÉ

Originaire des États-Unis, la discipline s’est rapidement développée au Canada et de nombreuses régions aujourd’hui ont leur ensemble chorégraph­ique. On y marie la danse, mais aussi l’agilité, la connaissan­ce de la musique et l’endurance. Et des championna­ts sont organisés tout au long de l’année aussi bien au niveau provincial, que national et internatio­nal. Une des grandes forces de ces ensembles chorégraph­iques, c’est qu’ils ne demandent aux jeunes qui s’inscrivent aucune compétence particuliè­re, ni même un physique d’athlète ou de danseurs. Comme le souligne Pascal Desparois et directeur général de la Fédération des associatio­ns musicales du Québec (FAMQ), les ensembles privilégie­nt l’inclusion : « Que l’on soit en surpoids, que l’on soit homme ou femme, ou encore que l’on provienne d’une minorité sexuelle, tout le monde est le bienvenu ».

Bien sûr, aujourd’hui tout le monde ne jure que par l’inclusion. Mais parfois entre l’intention et la réalité sur le terrain, l’écart est grand. Mais là, ce ne sont pas que des mots. Lors de la rencontre avec Fugues, Pascal Desparois était accompagné d’un jeune qui depuis l’âge de 13 ans a participé, pratiqué et participé aux compétitio­ns d’un ensemble chorégraph­ique. En plus d’avoir eu une révélation avec la danse, Félix Blaquière a pu dans cet environnem­ent mieux vivre son homosexual­ité. « Ce que j’ai aimé quand j’ai commencé, c’est de voir que parmi ceux qui nous entraînaie­nt il y avait des gais. J’avais 12 ans quand j’ai pris conscience que j’étais gai. Je n’étais pas rejeté par mes camarades, mais je me sentais différent et donc un peu seul. Avec l’ensemble chorégraph­ique, je me suis rendu compte que je pouvais être enfin moi-même, que personne ne me jugerait et que je pouvais me consacrer à ce que j’aimais le plus, la danse. J’avais fait un peu de théâtre avant, mais la danse m’a toujours attiré ». Un choix qui n’était pas évident au moment où les amis préfèrent des sports dits plus masculins. « Heureuseme­nt pour moi, mon père avait fait partie d’u d’un groupe de drumlines quand il était jeune, et j’ai pu expliquer autour de moi que ça allait dans le même sens ». Les groupes de drumlines ou l les corps de clairons participen­t généraleme­nt aux mêmes événeme événements que les ensembles chorégraph­iques. Ils seront d’ailleurs présents au Championna­t qui aura lieu à Montréal. Pour Félix, l’expérience a été bénéfique à tout point de vue. D’une part, il a pu participer à une activitéti ité enrichissa­nte et d’autre part s’épanouir, se faire reconnaîtr­e, respecter et apprécier par tous ceux avec qui il pratiquait cette expérience.

« Ça a été comme un accélérate­ur dans mon processus pour m’assumer. Le plus étrange, c’est que je n’en ai jamais parlé. En fait, il n’y a pas eu de grandes discussion­s autour de ce sujet. Mais le fait que je sente que des adultes autour de moi étaient gais, que personne ne me regardait étrangemen­t a été suffisant pour que je me sente rapidement à l’aise et que je puisse me concentrer sur mon entraîneme­nt et la performanc­e ».

Beaucoup d’entre nous connaissen­t les ensembles chorégraph­iques parce qu’ils’il ont fidfait du sport, d des compétitio­nséii et que l les ensemblesb­l mettaient de l’ambiance avant les matchs, pendant les mi-temps. Des groupes avec des musiciens et des danseurs envahissai­ent le stade pour se livrer à des chorégraph­ies avec instrument­s, comme des drapeaux, des sabres, des carabines.

Un constat que partage Pascal Desparois. «Quand tu es différent des autres, ce n’est pas toujours facile de t’intégrer dans un groupe. Moi qui aime la danse, j’étais gai, ce qui peut représente­r un point positif, mais j’étais gros, et crois-moi, il y a peu de chorégraph­es ou de compagnies qui veulent engager un danseur qui ne soit pas mince. Avec les ensembles chorégraph­iques, j’ai pu pratiquer ce que j’aime le plus. Aujourd’hui, outre que je suis le directeur général de la FAMQ, je continue à entraîner des équipes et à créer des chorégraph­ies en fonction du niveau des danseurs, pour des compétitio­ns et des championna­ts ». Pascal a remporté d’ailleurs plusieurs prix provinciau­x et internatio­naux comme performeur­s et aujourd’hui comme chorégraph­es.

Inclusifs, les ensembles chorégraph­iques ? La preuve est faite. Et de plus, cela permet aussi de développer sa passion au plus haut niveau. La chorégraph­e contempora­ine Danièle Desnoyers a commencé à danser dans un de ses ensembles. Et Félix Blaquière qui vient de fêter ses 19 ans a été reçu, après des auditions de sélection, à l’École de danse contempora­ine de Montréal.

Il est bon alors d’aller découvrir et encourager ses danseurs/athlètes lors du championna­t, le 16 avril prochain, au Complexe Sportif Claude-Robillard. Et peut-être vous découvrez-vous une nouvelle vocation.

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