Ensembles chorégraphiques
L’ART ET LE SPORT EN UNE SEULE DISCIPLINE
Originaire des États-Unis, la discipline s’est rapidement développée au Canada et de nombreuses régions aujourd’hui ont leur ensemble chorégraphique. On y marie la danse, mais aussi l’agilité, la connaissance de la musique et l’endurance. Et des championnats sont organisés tout au long de l’année aussi bien au niveau provincial, que national et international. Une des grandes forces de ces ensembles chorégraphiques, c’est qu’ils ne demandent aux jeunes qui s’inscrivent aucune compétence particulière, ni même un physique d’athlète ou de danseurs. Comme le souligne Pascal Desparois et directeur général de la Fédération des associations musicales du Québec (FAMQ), les ensembles privilégient l’inclusion : « Que l’on soit en surpoids, que l’on soit homme ou femme, ou encore que l’on provienne d’une minorité sexuelle, tout le monde est le bienvenu ».
Bien sûr, aujourd’hui tout le monde ne jure que par l’inclusion. Mais parfois entre l’intention et la réalité sur le terrain, l’écart est grand. Mais là, ce ne sont pas que des mots. Lors de la rencontre avec Fugues, Pascal Desparois était accompagné d’un jeune qui depuis l’âge de 13 ans a participé, pratiqué et participé aux compétitions d’un ensemble chorégraphique. En plus d’avoir eu une révélation avec la danse, Félix Blaquière a pu dans cet environnement mieux vivre son homosexualité. « Ce que j’ai aimé quand j’ai commencé, c’est de voir que parmi ceux qui nous entraînaient il y avait des gais. J’avais 12 ans quand j’ai pris conscience que j’étais gai. Je n’étais pas rejeté par mes camarades, mais je me sentais différent et donc un peu seul. Avec l’ensemble chorégraphique, je me suis rendu compte que je pouvais être enfin moi-même, que personne ne me jugerait et que je pouvais me consacrer à ce que j’aimais le plus, la danse. J’avais fait un peu de théâtre avant, mais la danse m’a toujours attiré ». Un choix qui n’était pas évident au moment où les amis préfèrent des sports dits plus masculins. « Heureusement pour moi, mon père avait fait partie d’u d’un groupe de drumlines quand il était jeune, et j’ai pu expliquer autour de moi que ça allait dans le même sens ». Les groupes de drumlines ou l les corps de clairons participent généralement aux mêmes événeme événements que les ensembles chorégraphiques. Ils seront d’ailleurs présents au Championnat qui aura lieu à Montréal. Pour Félix, l’expérience a été bénéfique à tout point de vue. D’une part, il a pu participer à une activitéti ité enrichissante et d’autre part s’épanouir, se faire reconnaître, respecter et apprécier par tous ceux avec qui il pratiquait cette expérience.
« Ça a été comme un accélérateur dans mon processus pour m’assumer. Le plus étrange, c’est que je n’en ai jamais parlé. En fait, il n’y a pas eu de grandes discussions autour de ce sujet. Mais le fait que je sente que des adultes autour de moi étaient gais, que personne ne me regardait étrangement a été suffisant pour que je me sente rapidement à l’aise et que je puisse me concentrer sur mon entraînement et la performance ».
Beaucoup d’entre nous connaissent les ensembles chorégraphiques parce qu’ils’il ont fidfait du sport, d des compétitionséii et que l les ensemblesbl mettaient de l’ambiance avant les matchs, pendant les mi-temps. Des groupes avec des musiciens et des danseurs envahissaient le stade pour se livrer à des chorégraphies avec instruments, comme des drapeaux, des sabres, des carabines.
Un constat que partage Pascal Desparois. «Quand tu es différent des autres, ce n’est pas toujours facile de t’intégrer dans un groupe. Moi qui aime la danse, j’étais gai, ce qui peut représenter un point positif, mais j’étais gros, et crois-moi, il y a peu de chorégraphes ou de compagnies qui veulent engager un danseur qui ne soit pas mince. Avec les ensembles chorégraphiques, j’ai pu pratiquer ce que j’aime le plus. Aujourd’hui, outre que je suis le directeur général de la FAMQ, je continue à entraîner des équipes et à créer des chorégraphies en fonction du niveau des danseurs, pour des compétitions et des championnats ». Pascal a remporté d’ailleurs plusieurs prix provinciaux et internationaux comme performeurs et aujourd’hui comme chorégraphes.
Inclusifs, les ensembles chorégraphiques ? La preuve est faite. Et de plus, cela permet aussi de développer sa passion au plus haut niveau. La chorégraphe contemporaine Danièle Desnoyers a commencé à danser dans un de ses ensembles. Et Félix Blaquière qui vient de fêter ses 19 ans a été reçu, après des auditions de sélection, à l’École de danse contemporaine de Montréal.
Il est bon alors d’aller découvrir et encourager ses danseurs/athlètes lors du championnat, le 16 avril prochain, au Complexe Sportif Claude-Robillard. Et peut-être vous découvrez-vous une nouvelle vocation.