LOBBY DES CHRONIQUEURS
Alors qu'il était de toutes les émissions radiophoniques et télévisuelles, lui assurant une merveilleuse promotion de son livre, Éric Duhaime s'est découvert des alliés. Des alliés de la confrérie des chroniqueurs se portant à sa rescousse et dénonçant la “pendaison médiatique” (pour reprendre l'expression de Mathieu Bock-Côté) de l'animateur de Québec. De Mathieu Bock-Côté à Denise Bombardier, en passant par Lise Ravary, ils ont salué le courage de celui qui a osé s'affranchir du politiquement correct.
Qu'importe si son audace est fondée sur une ignorance des sujets qu'Éric Duhaime ose aborder, elles et ils saluent son audace même si elle se fonde sur la vacuité de ces propos. Ce qui est ironique de la part de chroniqueurs qui ne cessent de déplorer le manque de connaissance et de culture de nos contemporains. En somme, faire preuve de stupidité publiquement est salué comme une preuve de courage. Peut-être sont-ils et elles atteint-es du syndrome de trumpisation. À croire qu'il existe un lobby des chroniqueurs qui ne font plus qu'un quand l'un des leurs est villipendé. Et de nous offrir le spectacle de la «victimisation» de celles et ceux qui penseraient autrement, cette fameuse victimisation dont elles et ils traitent souvent les Québécois-es.
Ces mêmes chroniqueur-euses ne cessent de tirer sur les communautés LGBTQ. Une cible facile qui lorsqu'elles se défendent passent, à la toute fin, par des plaintes devant les tribunaux. Pas d'attentats, pas de fatwas. On peut taper sur nos communautés sans risquer de se retrouver au fond du Saint-Laurent, les pieds dans un bloc de bêton. Je ne sais d'où leur vient cette obsession quasi maladive d'un fameux lobby LGBTQ, expression qui fleurit sur tous les sites occidentaux d'extrême droite. Et ils et elles colportent sans questionnement, sans même un minimum de recul des clichés les plus éculés sur nos communautés, ce qui trahis en fin de compte, une petite crotte d'homophobie et de transphobie encore bien accrochée à leurs nombreuses certitudes. Ils et elles viennent de connaître une épiphanie, avec un animateur gai, qui va dans le même sens qu'eux, et même plus loin. Je comprends qu'ils se portent à sa défense.
J'ai toujours pensé que la bêtise était l'ignorance érigée en idéal. On ne va pas au-delà des apparences. Au contraire, on s'accroche à elles, et elles deviennent des certitudes intangibles, immuables et immanentes. Nos chroniqueur-euses n'ont pas le goût d'aller voir au delà des apparences. .